Discussion avec Alice, une Protectrice en sursis

Jaihil avait un regard dur. Il était à l'affut du moindre geste de la gamine. Bien qu’il avait conscience de la protection qu’il avait vis-à-vis des pouvoirs des Sages, un coup de dague lui serait fatal.

Cette fille est une surdoué qui, à 13ans à déjà atteint le rang de Protecteur. Elle ne le bluffera pas avec ces airs de petites filles innocentes et gentilles.

- "Ne me dit pas que tu ne sais pas ce qu’il s’est passé quand je suis parti de la Tour. Tu es une Protectrice, tu as plus ou moins accès à tout ce que tu veux. La seule personne qui a plus de pouvoirs que toi, c’est Norne lui-même ou un autre Protecteur.

- Les gens qui sont ici sont mes amis, je te prierais de ne pas les déranger, ils n’apprécient que peu les Sages…

- Le Destin ? Pfff… Depuis quelque temps, il ne fait que se jouer de moi, à me rappeler sans cesse ce que j’essaie d’oublier…

- Dis moi, comment es tu devenue une Protectrice ? Tu étais une surdouée, que c’est-il passé pendant ces dernières années ?"

Jaihil semble intriguer par Alice, elle a l’air de ne rien savoir mais son statut de Protectrice l’inquiète au plus haut point…

La fillette baissa les yeux à terre. Elle faisait la tête d'une enfant qui viens de se faire gronder.

- J'ai entendu que vous n'étiez plus à la Tour.

- Et même si j'avais pu faire des recherches, je n'avais pas le temps.

- J'ai travailler dur et sous surveillance. De plus, je ne vous connaissais qu'à peine. J'étais une novice dans l'apprentissage des Sages.

- Les Sages ont trouvé de grandes qualité chez moi et ils ont forcé un peu mon apprentissage. On m'a proposé de prendre la place vacante de Protecteur. J'ai accepté parce que je ne savais pas ce que j'aurai pu faire sinon.

Puis un silence. Elle releva ensuite les yeux pour regarder l'alchimiste dans les yeux.

- Je n'ai pas l'intention de vous faire de mal ou de vous déranger. Qu'ils aiment les Sages ou pas, c'est leur choix. Cela ne me regarde pas après tout.

- Vous allez dans quel coin? Vous m'amènerez jusqu'à destination ou je finirais le trajet seule?

- Si ce sont vos amis, j'ai encore moins de raisons d'agir à votre encontre à tous. Et puis c'est aussi dans mon intérêt.

- Comment les avez vous rencontré vos amis?

Jaihil adoucit son regard mais ce n’était qu’une façade. Il n’en restait pas moins attentif au moindre de ces gestes.

• Je vais essayer de jouer la carte de l’amitié
  
• Qui sait, elle est toute seul, perdu dans la cendre avec des couleurs vives
  
• Je suis la seule personne qu’elle semble connaitre

- Depuis quand es-tu une Protectrice ?

- Tu as entendu parler des « Ombres » ? J’ai entendu plein de rumeurs ces temps ci mais je n’ai pas eu l’occasion d’en parler avec quelqu’un aussi haut placer dans la Tour.

- Tu as bien fait d’accepter cette proposition de devenir une Protectrice. Ce n’est pas tous les jours qu’on se voit offrir une telle promotion. Ce n’est pas trop dur à porter ? Au niveau responsabilité et attente des autres Sages ?

- Je suis désolé, notre destination ne m’a pas été révélée… Pourquoi ? Où veux tu aller, on pourra peut être faire un crochet pour te déposer.

- Ces gens ? Ils m’ont accueilli et aidé une fois que je parti de la Tour. Je leur dois beaucoup.

Alice regarda en l'air, comme pour se rappeller des réponses qu'elle devait donner à Jaihil.

- Ca doit faire 6 mois maintenant que je suis Protectrice. A peu de choses près.

- Les Ombres, j'en ai entendu parler un peu. Comment en avez vous entendu parler monsieur Jaihil? Vous le saviez lors de votre vie à la Tour?

Puis elle fit une mine piteuse et dessina des formes simples dans la cendre avec un petit caillou.

- J'ai passé beaucoup de temps à faire de la théorie une fois nommée Protectrice. La tâche sur mes épaules est grande en effet, mais je dois le faire pour offrir aux gens le salut qu'ils méritent. Vous ne croyez pas monsieur Jaihil? Tout un chacun est capable de sauver son âme.

- Moi c'est ce que je crois.

- Si ces gens vous ont acceuilli, c'est que ce sont probablement des gens bien. Et je leur fait donc confiance.

- Je vais à la fosse de Fumbari. Au pied des monagnes au sud d'Estrella. Vous croyez que vous pourriez m'y accompagner?

- Mhhh, les Ombres... Quand j'étais à la Tour, on en parlait seulement pour se faire peur. J'ai toujours cru que c'était un mythe mais depuis peu, des gens hors de la Tour en parle. Le mythes ont toujours une part de vrai... Mais qui c'est si les Ombres ne sont que légendes...

- Tu sais, si tu as besoin d'aide, n'hésites pas à me demander, je pourrais surement faire quelque chose. Je connais bien le mode de fonctionnement des gens sur ces terres.

- Tu sais, certaine personne ne valent même pas la peine qu'on essaie de sauver leurs âmes, d'autre ne veulent pas du soutiens de Sages. Il existe même des personnes qui n'ont que noirceur à la place... Tu penses pouvoir sauver leurs âmes ?

- Tu fais confiance au gens que tu ne connais même pas ? Que ferais tu si c'était des ennemis des Sages ? Pire, que ferais tu si c'était des non-humains ? On t'a enseigné quoi à ce sujet ? Et si moi même je n'étais pas quelqu'un de bien comme tu dis ? Les gens ne sont pas tous "gentil" sur Ordann...

Alice sourit franchement à Jaihil. Avec toute l'insouciance de ses treize ans, elle lui avait adressé un sourire chaleureux.

- Les Ombres ne sont pas un mythe. Mais ne le répétez pas monsieur Jaihil, s'il vous plait.

- Besoin d'aide... Non, à part pour me permettre de rejoindre ma destination au mieux je ne vois pas ce que je pourrais vous demander de plus. C'est déjà beaucoup.

Son visage perdit ensuite son sourire pour laisser place à une moue inquiète, un peu déconcertée.

- Vous pensez réellement que certains sont destinés à devenir des infectieux pour avoir mal vécus de leur vivant? Qu'ils ne veulent pas du soutien des Sages je... je le comprends. Mais je crois que tout le monde a le droit d'avoir sa chance après tout.

- Que tous ne soient pas gentils, je le comprends. Mais vous, je peux vous faire confiance. Autrefois, les Sage et les gens de la Tour vous faisait confiance, c'est suffisant pour moi.

Ses traits se crispèrent. Jaihil pouvait y voir du dégout, de la souffrance, mais aussi de la contrainte.

- Ce qu'on m'a enseigné? On... On m'a enseigné que les non-humains ne peuvent accéder au Salut et devaient donc mourir. C'est ce que pensent la plupart des Sages. C'est pour ça que les populations se méfient désormais.

- Moi, je vous fais confiance. Je ne vous crois pas assez méchant pour avoir accepté que je voyage avec vous si certains de vos compagnons sont des ennemis des Sages non?

Jaihil entrevit une ouverture qui pourrait l'aider à en apprendre plus sur Alice.

• Elle dit avoir confiance
  
• Soit elle me mène par le bout du nez, soit elle est vraiment naïve
  
• Il se peut aussi qu'elle ne soit pas entièrement perverti par les Sages
  
• Faut que je découvre ce qu'elle veut faire

- Ah bon ? Mais que sais tu sur les Ombres alors ? Tu as dit que tu peux me faire confiance…

- Si je savais ce que tu allais faire, je pourrais peut être t’aider d’avantage.

- Je ne pense pas que des gens soient destiné à devenir un infectieux. C’est un mal qui ronge notre Terre et je ne souhaiterais même pas à mon pire ennemi de finir comme ça. Mais beaucoup de personnes ne voient dans les Sages que le mal. Beaucoup de gens pensent que les Sages sont des xénophobes imbus d’eux même avides de pouvoir et de contrôle sur Ordann…
- Les gens ont droit à une autre chance, mais ils ne veulent pas tous qu’elle vienne des Sages.

- Tu devrais être plus méfiante. Ca fait 2ans que tu ne m’as plus vu dans la Tour. En 2ans, j’aurais pu être perverti par n’importe quoi. Cela aurait pu changer ma dévotion au Salut. On aurait pu me convaincre de tuer les Sages à vue.

- Et toi, quel est ton avis envers les non-humains ? Amis, ennemi, source d’emmerde, apport de connaissance ?

- De toute manière, tu es une Protectrice, tu sais te défendre toute seul, même si les gens ici te voulaient du mal, tu n’aurais aucune peine à les repousser.

Alice regarda autour d'elle puis parla à voix basse.

- Vous savez monsieur Jaihil, je n'ai pas le droit de vous dire que les Ombres existent normalement. Je ne vous en dirais pas plus.

- Et vu que vous viviez à la Tour, vous devriez savoir que nous n'avons pas non plus le droit de divulguer nos ordres de mission. A moins d'être un Formateur, puisque dans ce cas là, ce que nous faisons est évident et doit être connu.

- Mais vous savez, je pense que je pourrais m'en sortir seule une fois ma destination atteinte, c'est gentil de me proposer votre aide. Ce n'est pas quelque chose de bien difficile.

Elle sourit franchement à Jaihil

- Je savais que j'avais raison de vous faire confiance monsieur Jaihil. Vous êtes quelqu'un de bien, puisque vous pensez aux autres même après leur mort. Alors je ne pense pas que vous me vouliez du mal.

- Je ne sais pas ce que vous avez fait pendant ces deux ans, mais je ne demande qu'à le savoir. Vous voulez bien m'expliquer?

- Je sais bien que les Sages ne sont pas biens vus partout, mais nous devons faire en sorte que ces choses là changent. Les Sages sont des gens qui sont là pour apporter la paix et le Salut aux habitants d'Ordann. Pour ne plus qu'ils finissent en infectieux, les humains comme les autres ne doivent pas avoir mérité cela.

Elle fixa à nouveau les alentours. Elle prit quelques secondes pour continuer à parler. Elle ne semblait pas au mieux.

- Vous... vous ne me voyez que comme une Protectrice monsieur Jaihil? Si les gens ici voulaient me tuer, je partirais, je n'ai pas la prétention de pouvoir me défendre.

- Vous... Vous vous méfiez de moi monsieur Jaihil?

Sa voix baissait légèrement et elle avait les yeux fixés sur ses genoux, le visage fermé.

- Bon, je n’insisterais pas plus, si tu as besoin de mon aide, je serais là.

- Tu sais, si je suis parti de la Tour, c’est plus pour de raisons personnelles. Une partie de moi s’est rendu compte que la méthode des Sages pour sauver Ordann n’était la bonne. Les autres races ne sont pas obligatoirement responsables de ce qu’il nous arrive. J’ai répandu trop de mal et de souffrance autour de moi…

- L’enseignement des Sages nous a appris à haïr les non-humains, mais depuis que je suis parti de la Tour, dans des territoires non-contrôlé par les Sages, j’ai appris à apprécie les non-humains, malgré cette haine viscérales.

- De plus, ils ont beaucoup à nous apprendre. Nous partagions cette terre avant avec eux, pourquoi ne pourrions nous plus le faire ?

- Quelle serais ta solution pour sauver Ordann ? Serais tu des choses sur les causes des Pandémies que je ne connaitrais pas ? Sinon, je ne vois plus comment nous sauver de notre propre folie…

Jaihil prit son ton le plus compatissant et apaisant. Il restait attentif aux gestes de la gamine mais ne voulait pas non plus l’effrayer.

- Quoiqu’il en soit, tu es un Protectrice… La seule personne à avoir plus de pouvoirs que toi est Norne. C’est un peu normal que je ne perçoive que de cette manière, tu as en plus mérité ce titre par tes dons et tes talents. Mais il est rare de voir un Protecteur d’aussi près.

- Je me méfie un peu, parce que je ne sais jamais comment pourrait prendre un Sage mon intérêt envers les non-humains. On nous a tellement enseigner que les malheurs d’Ordann viennent des non-humains qu’il est dur de faire ouvrir les yeux d’un Sage… Que ferais tu si tu te retrouvais devant un elfe ou un gnome par exemple ?

Alice devint soudain triste mais son regard paraissait étrangement coléreux et déterminé pour une enfant de cet age. Ses traits se durcirent l'espace d'un instant. Après quelques secondes de silence, elle inspira profondément et se retourna vers Jaihil. Le jeune homme pouvait lire dans ses yeux une marque de déception.

- Ce n'est pas la vérité... Le Dogme nous enseigne que les non-humains ne pourront atteindre le Salut, mais en aucun cas qu'ils soint responsables de quoi que ce soit pour les Pandémies. Je sais que je ne suis encore qu'une enfant, mais je peux comprendre un livre non?

- Des Sages ont détourné cela, c'est ce qui donne parfois une consonnance xénophobe à l'appelation de "Sages". Ces gens là ont une interprétation un peu poussée de nos écrits, qui les amène à cette conclusion. Je n'ai pas une assez grande expérience de la vie, je le reconnais et c'est pour cela que je dois être auprès des gens: pour y trouver des réponses. Je me ferai ma propre opinion et je pourrais la défendre.

- Certains pensent qu'il faut haïr les races qui ne peuvent être sauvés, d'autres que nous devons les ignorer. Pour l'instant il s'agit d'un débat stérile d'orateur pompeux. Ce sont tous de bons Sages je pense, mais leurs visions des choses est personnelle et toutes leurs versions sont défendables.

- Pour l'instant, je n'ai pas l'impression que les non-humains soient coupables de quoi que ce soit.

- Vous savez monsieur Jaihil, personne ne sait à quoi sont dues les Pandémies. Les Dieux peut être, puisque ils nous ont abandonnés, refusant de prêter leurs forces à leurs représentants. Mais pour quelles raisons? Et puis, à quoi bon maintenant? Ne pensez vous pas qu'il nous faudrait nous concentrer sur ce qu'il y a à sauver plutôt que de chercher un coupable?

- Les préceptes du Dogme nous affirment qu'il n'y a aucun moyen de sauver Ordann. Je n'ai donc jamais chercher de solution pour ça.

Elle prit un moment pour reprendre son souffle et laissa planer un petit blanc pendant lequel elle semblait chercher ses mots.

- Si j'étais face à un elfe ou un gnome? Dans les havres hors de Joal, je ne dois pas me laisser faire par eux. Je ne dois leur parler qu'en cas de nécessité ou d'obligation. Mais ces cas là sont rares puisque j'ai grandi à la Tour et maintenant je suis en charge d'une vaste région assez déserte. Je ne croise pas de non-humains en fait.

- En tout cas, je vous le dit, vous n'avez pas à vous méfier de moi. Je n'en ai rien à faire que vous ayez de bons contacts avec des nains ou des semi hommes. Après tout, vous êtes gentil avec moi, c'est normal que vous soyez gentil avec d'autres aussi.

Elle finit de parler en adressant un sourire à l'alchimiste. Sa tristesse s'était évanouie au fur et à mesure et elle avait repris un peu de poil de la bête.

Jaihil fut surpris qu'une gamine puisse parler autant avec son coeur. Elle semblait vraiment croire ce qu'elle disait.

- Tu sais, je crois qu'on n'a pas eu la même éducation à la Tour... On m'a appris à haïr les non-humains. J'ai beaucoup de mal à me défaire de cette enseignement. J'ai perpétré pas mal d'horreur au nom des Sages... Mais j'apprends petit à petit qu'ils ne sont pas si maléfiques que ça.

- Toi même tu dis vouloir les éviter. Pourquoi ? D'ailleurs, en quoi les autres races n'ont pas le droit au Salut ? Quelqu'un a-t-il essayer de l'apporter à un elfe ? Ou alors les tumeurs qu'ils ont ont toujours repousser les gens ?

- Si tu as l'occasion de discuter avec un non-humains, fait le, mais sans te présenter en tant que Sages et tu verras pas toi même.

- Tu es encore jeune mais tu semble avoir l'esprit assez ouvert pour te poser les bonnes questions. Je ne dis pas que tous les préceptes des Sages sont à revoir ou à jeter mais il faut savoir faire la part des choses.

Le regard de l'alchimiste se durcit, il sembla se concentrer un peu plus pour peser ces mots.

- Tu veux sauver un maximum de gens ? Mais ne penses tu pas qu'en cherchant la source de ce mal, on pourrait y mettre fin ? Sauvez ce qui peut être sauvé ne revient qu'à essayer de survivre sur cette terre désolée. Ça fait 2 siècles que nos ancêtres vivent comme cela. Bilan, on est toujours envahit par les infectieux. Actuellement, une armée de gnome infectieux a été libérée. Il est tant que celà cesse.

- Je ne pense pas que les Dieux soient responsables, qu'ils nous aient abandonnés... Il y a un mystère la dessous et si tu veux sauver les gens, tout le monde, sauver Ordann parce que c'est possible, il ne faut pas l'oublier.

- En tout cas, plus je discute avec toi, plus je me dis que tu mérite ton rôle de Protectrice. Reste ouverte d'esprit et tu apprendras beaucoup. Qui sait, tu pourrais même changer la manière qu'on les gens de voir les Sages...

Alice fit de grands yeux ronds à Jaihil.ce dernier pouvait y lire une certaine surprise mais également un sentiment de peur qui naissait et croissait à vitesse grand V dans les yeux de la gamine.

- Je... Je comprends qu'on vous ai enseigné les choses de cette façon, même si ce n'a pas été mon cas. Mais, vous me faites peur monsieur Jaihil... De quelles horreurs parlez vous.

- Pour moi, vous ... vous êtes gentil. Vous essayez de me donner du courage et des idées qui vont au dela de mes prérogatives, mais tout d'un coup j'ai l'impression que vous pourriez à tout moment me tordre le cou après ce que vous avez dit.

- S'il vous plait, rassurez moi, dites moi que c'est un mensonge...

Les yeux de la Protectrice commençait à s'humidifier et sa voix devenait tremblotante au fil de ses paroles

Jaihil souriait intérieurement. Mais il ne faut pas non plus baisser sa garde. Ce n'est pas parce qu'elle pleure qu'elle est inoffensive. Il s'approche pour lui dire quelque chose, quelque chose que seule elle doit entendre. Son ton n'était ni rassurant ni apaisant, juste froid et dur.

- Je vais être franc et brutal, j'ai torturé et tué des non-humains. Et cela au service des Ombres.

L'alchimiste se réinstalle correctement et continu à discuter plus amicalement, de manière posée et très calme. Il prend même le soin de dépoussiérer son pantalon et son armure.

- Mais cela était avait que je quitte la Tour. Depuis, j'apprends à les connaitre. Voire même à les apprécier. C'est un peu comme si j'essayais de racheter mes actes passés... Ceci est derrière moi, et je suis plutôt content d'avoir tourner le dos à mon passé.

- Tu sais, si j'avais vraiment voulu te tordre le coup j'aurais eu beaucoup d'occasion. De toute manière, regarde moi, je suis frêle et faible, je ne pourrais pas te faire bien mal. Tu dois savoir te défendre grâce à tes miracles...

- Ne t'inquiète pas, je ne te veux aucun mal personnellement, je me méfie plus de ton titre que de toi vraiment.

Les yeux d'Alice s'écarquillèrent et un regard terrifié prit place dans ses yeux.

- Vous... Vous étiez une Ombre monsieur Jaihil?

- Dites... Dites moi que ce n'est pas vrai, s'il vous plait...

La panique commençait à s'emparer d'elle, elle jetait des coups d'oeil de droite et de gauchepour chercher un échapatoire, mais elle ne tombait que sur des amis de Jaihil. Elle ne fixait plus le jeune homme et affichait des signes de nervosité plus qu'évidents.

La nervosité était palpable. La situation explosive... Il ne faut surtout pas faire de faux pas et la calmer.

• Qu'est ce qu'il lui fait si peur chez les Ombres ?
  
• Faut absolument que la calme.
  
• J'ai pas envie qu'il invoque une nécropole si elle a peur...

Jaihil réagit très vite, prenant le ton le plus calme et apaisant qu'il puisse avoir.
- Hey calme toi, je ne te veux aucun mal.

- Moi aussi les Ombres me font peur. Terriblement. Mais je n'ai plus rien à voir avec eux et je ne veux pas avoir de nouveau affaire à eux.

- Il y a peu, tu me faisais confiance. En quoi mon passé, dont je tourne le dos, va changer la vision que tu as de moi ?

La voix d'Alice était toute tremblante

- Vous avez dit que vous aviez... tué des gens... et...

A cet instant un énorme bruit de déflagration provient de l'endroit d'où se trouvait le Voyageur. Celle ci provoqua des mouvements de cendres et de poussières. Dès qu'elle eut entendu le bruit, Alice avait sauté dans les bras de Jaihil et avait blottie sa tête contre la poitrine du jeune homme. Une fois les éléments volatiles retombés au sol elle leva la tête et regarda un peu autour d'elle ce qu'il venait de se passer. D'une toute petite voix elle demanda à l'alchimiste en tremblotant:

- Qu'est ce qu'il se passe monsieur Jaihil?

- Oh putain !!!! C'est quoi ce bordel ??? Mets ton foulard pour te protéger de la cendre.

Jaihil regarda autour sur lui si il n'y avait pas dégâts. Si il ne lui manquait pas un bras ou une jambe. Ou pire, l'un de ces précieux doigt pour manipuler les fioles. Il passa les mains sur visage pour constater si il n'y avait pas sang et pour mettre son foulard. Une fois toutes les vérifications faites, il jeta un rapide coup d'œil à Alice. Elle n'a pas l'air blessée.
Ensuite, il chercha du regard ces compagnons. Il entrevit les ailes de Sephi et de Linoa protégeant ces compagnons. Il vit aussi la bulle de force de Korch. C'est avec soulagement qu'il vit que tous le monde allait bien. Seul le voyageur semblait absent, probablement encore dans la poussière qui semblait plus dense là où il était. Mais une peur l'envahit.

• Oh putain, c'est la merde...
  
• Si elle voit les ailes de Linoa ou Sephi, c'est finit.
  
• Et puis même si elle ne les voit pas, Korch à lancer un miracle. Elle va le sentir...
  
• Il faut pas qu'elle voit tout ça.

Dans un esprit purement logique, il serra la fillette dans ses bras afin qu'elle ne puisse pas regarder autour d'elle, il plaqua sa main sur sa tête dans un mouvement protecteur.
- Reste là, ne bouge pas le temps que ça se calme.

Alice serra contre elle Jaihil. Autour de l'alchimiste la cendre s'éleva et entoura pendant quelques secondes le visage d'Egnar. Puis la cendre retomba au sol, comme freinée dans son élan subitement. Jaihil cligna plusieurs fois des yeux et sembla chanceler un moment.

La Protectrice continuait à trembler. Sa voix était mal assurée.

- Qu'est ce qu'ils ont vos amis monsieur Jaihil? Qu'est ce qu'il s'est passé?

Jaihil regarda autour de lui. Les diverses ailes, angéliques ou démoniaques avaient disparues. Le Voyageur avait arrêté ces conneries. Et le gamin minuscule et ridicule était allé se réfugier sous la jupe de Korch.

Il pouvait libérer Alice. Par contre, ce qu'il avait cru voir l'avais un peu perturbé... Faudrait qu'il en parle aux diverses intéressés...

- Je ne sais pas trop ce qu'il se passe... Je me suis un peu senti mal à un moment.

- C'est bon, on dirait que le calme est revenu. Il y a peut être eu un problème avec le ballon...

Alice, peu rassurée regarda par dessus l'épaule Jaihil. Elle resta immobile pendant quelques secondes.

- Le ballon n'a rien apparemment. Et tout le monde est debout.

- J'ai eu peur sur le coup. Je... Je perds un peu mes moyens si j'ai trop peur...

- Vous allez rester un peu avec moi monsieur Jaihil?

Ses yeux envoyaient une demande pleine d'espoir au jeune alchimiste

Jaihil avait le regard dans le vide, passant d'un groupe de compagnons à un autre, voyant que tout le monde allait bien.

Mais il sentait aussi une tension plus que palpable venant des ces compagnons Sages. Surtout du minuscule être qu'est devenu Cael. On aurait dit un gnome... Il était tout surpris et tout apeuré. A cette pensée, Jaihil ne peut s'empêcher de sourire. Que de bon souvenir ces gnomes...

Mais il avait toujours autant de mal à cerner Alice. Est ce qu'elle mentait ou avait-elle été elle aussi entrainer de force dans les engrenages rouillés et tourmentés des Sages. En tout cas, si c'est une vraie combattante, comme Fernand, elle bluff vraiment bien. Feindre la peur aussi bien...

• J'ai encore du mal à croire qu'elle est Protectrice.
  
• Elle était douée à la Tour mais là, on dirait plus un boulet.
  
• Ce pourrait-il que ce soit un leurre ?
  
• En tout cas, je ne peux pas la laisser toute seule.
  
• Avec le gnome qui traine, j'ai crains bien qu'il tente une nouvelle attaque.
  
• Mais est ce que j'ai raison ou pas de rester là ?

- Ne t'inquiète pas, je ne vais pas te laisser, je reste là.

Jaihil accompagna sa phrase d'un petit sourire et d'un clin d'œil autant réconfortant qu'il le pouvait.

- Par contre une Sage qui perds ces moyens à la moindre surprise, ce n'est pas idéale... Qu'aurais tu fais si c'était un groupe d'infectieux qui était arrivé ?

Alice se ressaisissait petit à petit et retrouvait une contenance. Elle ne bafouillait déjà plus.

- Contre des infectieux, je sais comment faire. Là pour le coup, j'ai été très surprise.

- Mais je serais sur mes gardes désormais, même pendant les pauses.

Elle plongea ses yeux dans ceux de Jaihil.

- Merci d'être là pour moi monsieur Jaihil.

- Oui, fais attention, les ennemis des Sages sont nombreux...

- On était où avant cette explosion ? Ah oui, en quoi mon ancienne appartenance aux Ombres te dérange ? Je n'en fais plus parti et j'en suis plus que content. J'ai découvert Ordann par mes propres moyens et je me suis en parti extirper de certain dogme...

- J'apprend à connaitre les non-humains mais la haine héréditaire qu'on les Sages envers eux est dur à oublier... Pourrais tu discuter d'égal à égal avec un elfe ? Avec un gnome ? Une partie de moi n'a pas ce problème...

Alice respirait normalement, elle était parvenue à se calmer petit à petit. Ses yeux ne montraient plus la peur, mais de la réflexion. Sa voix était bien plus posée, son corps paraissait plus détendu.

- Oui, les ennemis des Sages sont nombreux. Et vous seriez choqués du nombre de ceux qui quittent un des deux camps pour passer à l'autre, monsieur Jaihil.

- Si on ajoute à cela que vous faisiez partie d'une section de la Tour qui ne traine pas la meilleure réputation, j'aurais des raisons de me méfier non?

Elle cala un instant des yeux neutres au possible dans ceux de Jaihil et ne dit rien pendant quelques secondes. Puis un sourire spontané vint irradier son visage.

- Mais heureusement, moi je sais que je n'ai pas à me méfier de vous.

Elle resta une poignée de secondes à sourire à l'alchimiste avant de redevenir plus sérieuse. Elle baissa la tête progressivement, comme pour révéler à Jaihil une honte qu'elle enfouissait au fond d'elle.

- Je ne sais pas si je pourrais parler d'égal à égal avec un être d'une autre race. Sommes seulement de valeurs équivalentes? Et qui suis-je pour en juger?

- J'aimerais vous dire que tout dépend du contexte. Mais c'est hors de propos n'est ce pas? D'ordinaire, ces gens là préfèrent m'éviter. Me fuir serait plus exact.