Discussion avec un hôte

Shen Yan frappa à la porte de la propriété.
La nuit tombait et il ne tenait pas à traîner au-dehors.

Fugitivement, il eut une pensée pour ses trois compagnons, restés à guetter leur proie. Il leur souhaitait bien du plaisir ! Lui avait à faire.
Il lui fallait commencer ses révisions avec les pauvres ouvrages qu'il avait pu sauver de sa collection privée. Le concours de fonctionnaire n'était que dans peu de temps et il n'avait encore rien fait.

Mais d'abord, il devait parler à son hôte.

Introduit dans la maison par la même vieille servante, il se rendit jusqu'aux appartements de son vieil ami. Ce dernier n'allait pas apprécier les nouvelles qu'il lui apportait.

NB : Je te laisse prendre la suite, Max.

Invité par une voix distraite à entrer dans la salle d'écriture de son ami Chen Bao (fils du sévère Chen Fan Lo, le médecin personnel du gouverneur de Quren, Li Tang), Shen Yan le trouva assis à son bureau, scrutant le plumage coloré d'un oiseau prisonnier d'une petite cage d'argent.
- Entre... cet oiseau est splendide... dois le décrire fidèlement.., marmonna t-il.
Shen Yan s'approcha de lui, ne sachant comment aborder le sujet. Il ne voulait pas déranger son ami dans son inspiration, mais ce qu'il souhaitait lui dire ne pouvait attendre plus.

(à toi Saber)

Inspirant profondément, il finit par se lancer :

- Tu... es hors de danger. L'assassin a été... neutralisé...

Il s'interrompit. Comment présenter ça ?

"Hey ! Ton père et ses amis sont des assassins et c'est le fantôme de leur victime qui a failli te tuer ! ... Il reste des gâteaux ?"

"Ton père est un sale chien d'assassin ! Et je vais me faire un plaisir de la faire plonger !"

"Tu ne trouvais pas que la maison empestait le malade ? Parce que c'est fini, tout ça ! Merci qui ?"

Bon, il fallait trouver autre chose.

- Il connaissait ton père, je crois.

Le grattement de la plume sur le papier s'arreta net. Il se tourna très lentement de son siège.
- Ca y est ?
Il se croyait condamné, destiné à rester cloitrer dans sa chambre jusqu'à ce que cet assassin insaisissable ne revienne pour lui ôter la vie pour de bon.
- Il a été capturé ? Quand ça ?, demanda t-il, incrédule. On ne m'a pas encore prévenu.
Puis les derniers mots de Shen Yan lui parvinrent nets et forts.
- Hein ? Mon père ? D'où le connaissait t-il ? Est-il au courant que le meurtrier est pris ?
Il se leva et dévisagea Shen Yan.

- Tu vas sûrement me prendre pour un fou, Bao. Mais je vais te demander de me croire. Même si c'est juste pour un instant.

Il reprit sa respiration et se lança.

- Le meurtrier était un fantôme vengeur. Il a été assassiné, il y a plusieurs années, avec sa famille et il croyait ton père et ses amis responsable de sa mort. Alors, pour se venger, il a pris les vies de leurs enfants.

Yan s'interrompit.

- Mais il a été exorcisé, à présent. Tu peux dormir tranquille.

Le regard terrifié, Chen Bao se figea.
- Allons ! Qu'ai-je entendu ? lacha une voix inquisitrice.
Shen Yan se retourna brusquement, surpris par cette interruption. Le vieux médecin se tenait sur le seuil de la porte, les yeux plissés dans un regard perçant.
Après un lourd silence plein de tension, Chen Bao bafouilla :
- P...père ! Ce s...sont, hum, de simples rumeurs, qui parlent de fantome. Mon honorable ami, Shen Yan, est v..venu m'avertir que le meurtrier av...avait été, heu, ex...tué lors de son arrestation apparement. Il parait qu...que tu le connaissais.
Chen Bao cherchait du soutien, en lançant un regard nerveux à Shen Yan.
- Une histoire de v...vengeance..., marmonna t-il foudroyé par l'autorité de son père.
L'homme agé se détendit, et joigna ses mains devant lui, couverte par les larges manches de sa tuniques.
- Quel soulagement de savoir cet assassin envoyé dans le Feng Du. Il est dommage qu'il n'ait pas pu être jugé selon les justes lois du Qin toutefois., dit-il froidement en se tournant vers Shen Yan.
- Mon bon Shen Yan avez eu des retours sur l'identité de cet assassin ?

- Non pas, seigneur, s'inclina Shen Yan. C'est tout ce que j'ai pu déduire de ces imprécations pendant l'arrestation. Il n'a jamais dit son nom et il n'avait pas de papiers sur lui.

Yan s'inclina encore et se dirigea vers la porte.

- Je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Bonne nuit, messieurs.

Il jeta un coup d'oeil discret vers Bao.