[Heinrich] Le souffle de Shyish

Après avoir apposé sa marque sur Wolfram, le vieux middenheimer se dirigea lentement auprès de la petite Angelica. Il lui fit un sourire en arrivant à une paire de mètres d'elle.

- Bonjour. Je m'appelle Heinrich et je voudrais juste parler un peu avec toi.

- Je suis un sorcier, un sorcier améthyste en fait. J'ai remarqué que toi aussi tu as le vent du Shyish qui te tourne autour.

- Tu vas voir, ma démarche est toute simple. Je souhaite avant tout t'éviter toute complication liée à la magie, aussi je voulais savoir si tu étais formée à l'utiliser. Si ce n'est pas le cas, il te faudra un tuteur qui t'acceptes malgré ta mutation. C'est très important car sinon tu courras de graves dangers, pour toi et tes proches.

- Je suis désolé de faire le vieux sermonneur, mais avec les terreurs que je me paye à la maison, j'ai pris de sales habitudes.

Heinrich avait eaucoup de choses à penser. Mais il lui semblait que dans la situation actuelle, c'était le mieux qu'il avait à faire. La magie est une maîtresse dangeureuse et exigeante, et s'il pouvait éviter à quelqu'un d'en souffrir, il le ferait. Il avait parlé en toute franchise, un peu trop peut être pour une première prise de contact, mais le temps lui manquait.

Heinrich se détendit un peu. Il était rassuré de ne pas avoir heurté la gamine en étant direct. Il était intrigué, par elle mais aussi sa baguette et son histoire. Elle lui rappelait ses propres débuts dans la vie... Il sourit.

- Angélica donc. C'est très joli comme prénom.

- Oui, ce vent pourpre s'appelle le vent de Shyish. Il y a plusieurs types de magie et celle-ci est plutôt affiliée à la Mort. Il ne faut pas en avoir peur, il peut te permettre de faire de belles choses.

- Le fait que tu le vois s'appelle la seconde vue. Mais ça veut aussi dire que tu pourras plier à ta volonté ce vent. Je veux bien t'apprendre à le faire si tu veux. Mais dans tous les cas, sache bien une chose: ce vent est aussi lié à la Nécromancie, un art impie. Il y a une limite que tu ne devras jamais franchir. Par exemple, il ne faut pas chercher à rallonger ta propre vie ou relever des morts. Ces choses là damnerait ton âme et ton corps et t'amènerait de graves problèmes surtout.

- Cependant, nous pouvons déjà presque nous entretenir avec les morts. Nous devons juste respecter le fait que leurs vies soient terminées. C'est la même chose pour ton père. Je suis désolé qu'il soit mort, mais tu dois savoir que par delà les portes du Royaume de Morr, il continue à veiller sur toi.

Il lui adressa un grand sourire bienveillant. Ces choses là ne sont pas faciles à son age. La voix du mage était calme et apaisante.

- Je peux voir cette baguette s'il te plait? Je te la rends tout de suite, je suis juste intrigué.

- Et si tu veux bien, je pourrais t'apprendre un peu à manipuler la magie.

- Moi aussi quand j'étais petit j'errait dans les cimetierres. Ce sont justement des endroits où la concentration de Shyish est la plus forte. C'est normal que tu t'y sentes bien. Ce vent t'enveloppes quand tu es triste, et tu te sens protégé, en sécurité.

- Tu ne m'embêtes pas va. C'est ce qui prouve que tu n'est pas une créature démoniaque non?

Heinrich supposa que la baguette était un inhibiteur. La quantité de Shyish qu'elle pouvait potentiellement contrôler était tout bonnement ahurissante. Heinrich lui rendit la baguette avec délicatesse mais il ne tarda pas. Sa voix se voulait rassurante, presque paternelle. Il souriait doucement.

- Garde cette baguette avec toi. Tu as une affinité vraiment extraordinaire, et sans cet artifice, j'ai peur que tu n'arrives pas à maitriser les bases correctement.

- Et puis, je serais mal placé pour ne pas être ouvert envers des gens comme toi. Les mutants ne sont pas si différents, ils sont juste différents. Même si les mutations proviennent des énergies chaotiques, leurs cibles ne peuvent pas être foncièrement mauvaises tant qu'elles ne se condamnet pas elles -mêmes.

- Et la magie que tu peux utiliser provient également de ces énergies chaotiques. Mais je t'apprendrais à les filtrer et les utiliser pour que tu n'en sois pas victime. Tu es surement capable de faire de grandes choses, mais il te faudra commencer par le début. Quand tu seras prête, nous commencerons. Le plus tôt sera le mieux car ça t'apprendra d'abord à te protéger toi et les gens autour. Ca t'irait comme ça?

Heinrich lui sourit gentiment. "Maître Heinrich". Il aurait mieux valu être sourd que d'entendre ça un jour. Jack serait vert s'il l'apprenait

- Heinrich tout court ira très bien.

- On va donc commencer tout de suite.

Heinrich lui montra des exercices de bases, qui permettaient de manipuler le vent de magie avec plus de dextérité. Il s'agissait plus ou moins des mêmes exercices que lui avait fait faire Aenarielle trente ans auparavant... Des vieux souvenirs remontèrent, à l'époque il était jeune et insouciant, sa maitrise de la magie était faible. Il avait rencontré Halibel à l'époque, si jolie alors qu'elle avait empalée la princesse Aenarielle peu avant. Même en donnant la mort, elle était radieuse dans les souvenirs d'Heinrich. Ses exercices, il les avait fait lors de la traversée en bateau où une mystérieuse Héléna était vigie. Il avait vu un coucher de soleil magnifique ce jour là... Et avait failli devenir oenuque. Tout ça après l'avoir forcé à se trimballer une poitrine pendant des jours. Toutes ces choses se bousulaient dans sa tête.

Il secoua la tête pour revenir à la réalité. Son esprit avait pas mal dérivé et il devait apprendre à la petite Angelica à ne pas souffrir davantage de l'influence du Chaos.

Le vieux mage se disait qu'un grand pouvoir implique de grands risques. Encore plus pour elle. Lui même était sur le déclin, pas besoin d'être un grand spécialiste pour s'en rendre compte, elle ne faisait que découvrir ses propres pouvoirs. Nul doute qu'elle pourrait devenir sans conteste une puissante magicienne. Ou bien la plus terrifiante créature des ténèbres.

Heinrich n'était pas dupe. Avec sa mutation, elle n'accèderait jamais aux collèges de magie. Les seuls qui pourraient se proposer naturellement de l'aider étaient les cultistes du Chaos. La pire des perspectives possibles.

Elle avait fait en quelques instants ce qu'il avait mis des jours à réussir sans anicroche. Il était impressionné. Il lui fit signe de s'approcher et de s'asseoir en face de lui.

- Tu es très douée Angelica. C'est indéniable. T'apprendre les bases et quelques sorts rudimentaires ne devraient pas prendre trop de temps.

- Mais avant cela il faut faire quelques petites choses.

- Quel âge as tu? Si je te demandes ça, c'est parce qu'il va falloir faire un peu de philosophie maintenant.

- Ta magie est dangeureuse, et il faut que tu te gardes des limites qu'en aucun cas tu ne devras franchir. Ce que je vais te dire va te paraitre très dur, mais la magie ne te rendra pas les personnes mortes. Jamais. Beaucoup de mages Améthystes, car c'est ainsi que sont nommés les sorciers manipulant le Shyish, deviennent des nécromanciens pour des raisons de coeur. Certains cherchent la vie éternelle, d'autres le pouvoir, mais la plupart s'entêtent à vouloir faire revivre les êtres aimés. Sache que c'est impossible.

- Mais j'aimerais avoir ton avis la dessus. Quel est ton avis sur la mort: est elle inéluctable? Une étape? Je sais que ton père est décédé, mais que t'avais t il appris à ce sujet?

- C'est un peu lourd et barbant à faire, mais absolument nécessaire, tu comprends?

Heinrich restait sérieux. Ca faisait un moment qu'il ne s'était pas payé une bonne tranche de rigolade autour d'un bon alcool. Il espérait que les beaux jours reviennent. Et vite.

- Tu peux laisser tomber le "Maître" Heinrich. Sinon je t'appellerai "Elève" Agelica. C'est compris?

Il se mit dans un position plus confortable pour parler. La suite risquait d'être bien longue.

- Non, on ne peux pas faire revivre les gens. Tu peux faire bouger leurs corps si tu contrôles la Nécromancie, mais ce ne serait qu'une coquille vide. Leur âme est déjà auprès des Dieux. Je ne vais pas te mentir, j'ai vu un de mes amis disparaitre et revivre plus tard sous la seule force d'une même personne. Mais lui est une exception. Mon ami n'était surement pas réellement mort.

- Comme je te l'ai dit, quand tu sauras maitriser ta magie, tu pourras avoir une forme de discussion avec eux, par delà leurs morts.

- Et oui, la mort est une chose très triste. Une fois que la vie s'arrête, c'est fini. C'est ce qu'il faut comprendre. Nous devons chérir la vie plus que la mort. Certains pensent que notre destin est tracé, d'autres que c'est nous qui le fabriquons. Je n'ai pas la réponse à cette question, mais sache qu'il ne faut pas chercher à allonger une vie. Et qu'il ne faut l'écourter qu'en cas d'absolue nécessité. Si quelqu'un veut te faire mourir, c'est qu'il accepte le fait que tu puisses faire la même chose. Tu pourras aussi tuer par pitié, pour qu'une personne ne souffre plus et que tu sais condamnée.

- Ce sera à toi de faire ces choix, pas à moi. Tout ce que je peux faire est de t'indiquer les conséquences de ces choix.

- Ce qu'il faut c'est profiter de ta vie, autant que tu le peux. Car nul n'est à l'abri de la maladie ou de la mort. La vie et la mort sont des composantes primordiales de ce monde. Accepter l'un, c'est accepter l'autre. Il ne peut en être autrement. C'est pour ça que tu ne dois pas avoir peur de la mort. Tu sais que tout vit et meurt autour de toi, et tu en feras autant, comme chaque homme, chaque animal, chaque végétal.

- La mort peut être effrayante car personne n'en revient jamais. Il ne faut pas craindre ça. Après tout, nous sommes nés sans savoir pourquoi ou comment, mais surtout d'où? Peut être retournons nous là-bas une fois mort. La vie n'est qu'un passage, mais la mort n'est pas si différente.

- Si la mort nous fait soufrir, c'est la preuve que nous sommes vivants. Il faut en profiter. Elle nous offre des perspectives incroyables que la mort ne saurait donner. C'est triste à dire, mais une fois mort, on ne peux plus faire toutes ces choses. Les gens autour de nous sont tristes, parce qu'ils se souviennent des bons moments de la vie. Jamais ceux de la mort.

- La mort d'un proche est un peu comme une blessure. Tant qu'on ne la soigne pas, elle reste ouverte. Il n'appartient qu'à nous de la refermer. Mais quoi qu'il arrive, on en gardera la cicatrice. Ce n'est pas une cicatrice de tristesse qu'il faut voir, mais plutot toutes les joies qui y sont liées. Et cette cicatrice est là pour nous le rappeller. Si tu crois qu'elle est là pour te dire que ces choses là n'arriveront plus, c'est que la plaie est encore ouverte.

Il prit un peu de recul et quelques inspirations. Il avait peut être un peu exagéré, mais sa position n'était pas facile. Il savait que le pur apprentissage magique de la petite ne serait pas le plus difficile vu ses capacités. En revanche, il fallait absolument qu'il la préserve des mauvais penchants.

- Ca va Angélica? Je n'ai pas été trop brusque ou trop rapide?

Heinrich serra la petite fille contre lui. Il savait ce que c'était que d'avoir perdu ses parents, d'être un orphelin. Il s'était lui-même trouvé dur avec la petite, malheureusement il manquait terriblement de temps pour lui enseigner les choses correctement. Il relacha un peu son étreinte, si Angelica voulait en sortir, elle n'aurait pas à forcer. Il lui parla d'une voix douce, presque paternelle.

- Tu sais, j'étais comme toi à ton âge à peu près. Mes parents sont morts quand j'étais encore jeune. Je me suis retrouvé seul.

- Par la force des choses j'ai vivoté à droite, à gauche, j'ai un peu voyagé pour finalement me faire embarquer dans une histoire de fou. Pour finalement trouver le bonheur.

- Je pensais à mes parents bien sûr, mais pas une seule seconde je n'ai pensé les ramener à la vie. Ce serait leur faire honte. Ils ont vécu dans la fierté, je ne pouvais pas les décevoir. Mais dans mon coeur, ils étaient toujours là. Et quand je les rejoindrai dans la mort, je me présenterais devant eux sans crainte.

- Ca a été dur, très dur. S'endormir, seul le soir dans son lit, c'est triste. Voir les autres chérir leurs parents est comme un coup de dague en plein coeur. Ca ne s'estompe pas avec le temps. Mais on apprend à devenir fort. A vivre avec ça.

- J'ai trouvé mon bonheur et toi aussi Angélica tu y arriveras, j'en suis sûr.

- Tu voudrais qu'on parle un petit peu avant de recommencer les exercices? Ce que tu aimes, ce que tu n'aimes pas, ce que tu faisais à Rouage, un peu de tout ça pour se changer les idées...

Heinrich posa une main amicale dans la chevelure de la jeune fille. Son autre bras se trouvait dans son dos et se voulait réconfortante. Il savait qu'elle souffrait mais il était content qu'elle s'ouvre un peu. C'était la bonne chose à faire. Il gardait une voix calme, apaisante.

- Alors comme ça tu est de Rouage? Dans quel quartier vivais tu?

- Et donc tu étais fleuriste... C'est un très beau métier. Les fleurs sont des messages d'espoir, elles sont belles. Et malgré leurs vies très courtes elles nous éblouissent sans cesse.

La gorge du vieux mage se serra. Arthurus était un de ses amis, et même s'il avait été un peu irresponsable, Heinrich ne voulait pas accabler sa mémoire davantage.

- La guerre n'est pas une belle chose. Même ceux qui en reviennent en garde de lourdes séquelles. Il ne faut pas aimer la guerre, même si parfois, nos sentiments nous font perdre notre contrôle.

- Le Duc est mort. Il a déjà payé pour ses fautes. Tu peux le haïr mais malheureusement, ça ne fera pas revenir ceux que tu aimes.

- Ne lui pardonnes pas si tu le souhaites, mais ne laisse pas ta haine consummer ton coeur. Je suis sûr que tu es une bonne personne et il faut que tu le reste pour empecher d'autres de connaitre les êmes souffrances que toi.

Il avait la gorge sèche, sa voix également s'étouffait et terminait en murmure.

Heinrich la gardait contre elle. Il ressentait sa peine et aurait aimé pouvoir la faire disparaitre mais il savait qu'il n'en avait pas le pouvoir. Le traumatisme de la jeune fille était grand et seul le temps et le soutien des autres sur le long terme pouvaient refermer cette vilaine blessure au coeur. Il lui sourit, lui parla d'une voix douce, calme, apaisante.

- Très fort? Je suis trop vieux pour ça désormais. J'ai juste vécu suffisamment longtemps, grâce aux gens qui m'entouraient le plus souvent.

Heinrich aurait du dire "les femmes qui l'entouraient" mais ce détail n'était pas important. Il sourit intérieurement.

- Tu deviendras plus forte que moi Angelica, j'en suis sur.

Il ressera son étreinte pour qu'elle se sente en sécurité.

- Calme toi. Si ton coeur te fait mal, c'est parce qu'il a envie de vivre. Il a envie de battre.

-Tu veux que nous restions un moment comme ça, tranquilles?

- Quand tu seras prête nous pourrons recommencer les exercices, mais là tu n'es pas en état. ce n'est pas grave, on va attendre que ça passe. Nous avons le temps.

- D'accord?

Heinrich s'apaisa petit à petit, au même rythme que le vent de la Mort.Si la petite avait compris l'essentiel de ce qu'il avait à lui dire, c'était déjà un gros progrès. Il se reprit en toussant un peu, ce dont il profita pour s'éclairer la voix.

- Bien.. J'ai vu que tu étais presque plus douée que moi avec le vent de magie.

- Ce n'est peut être pas primordial de continuer trop longtemps avec les bases. Pour le moment je voudrais savoir ce qu'il te plairait d'apprendre Angélica. Souhaites tu que nous continuions comme tout à l'heure ou bien que nous enchainions avec quelque chose d'un peu plus difficile?

- Ce n'est pas que j'ai peur que tu échoues, je pense que tu en as largement les capacité. Pour moi, l'important est que tu arrives à maitriser au mieux ta magie, qu'elle soit forte ou faiblarde. Si tu la maîtrises, tu prendra moins de risques.

- Alors, que veux tu faire Angelica?

Avec ces petites questions toutes bêtes, posées sur un ton un peu léger avait plusieurs buts. Si elle répondait sans hésiter qu'elle voulait en savoir plus, Heinrich supposait que c'était pour retrouver au plus vite une trace de ses parents, ce qui n'est pas quelque chose de très bien. Elle risquerai de perdre le contrôle en cas d'émotion trop forte. Si elle hésitait trop longtemps pour finalement se cantonner à des choses de bases, il se dirait qu'elle n'a pas assez d'ambition. Il ne fallait pas non plus qu'elle cherche quelle réponse allait lui faire plaisir à lui, chose récurrente chez des enfants parfois trop immatures pour décider de par eux mêmes...

Bref, Heinrich allait devoir faire marcher son cerveau pour lire entre les lignes de la jeune femme. C'était très important pour lui, pour elle bien sûr, mais peut être aussi pour tous ceux qui les accompagnaient.

Heinrich soupira lentement. Il avait eu du mal à ne pas se focaliser sur l'oeil d'Angélica, mais les mots qu'elle prononça le sortirent de sa torpeur.

- Je t'apprendrai à te défendre Angélica. J'essairai de t'enseigner comment ne pas mourir avant que ne vienne ton heure. On peut tuer pour défendre sa vie ou celle de ses proches. Ou encore pour une noble cause. Le meurtre gratuit ou injustifié n'en vaut pas la peine.

- On m'a dit un jour: "un meurtre n'est rien d'autre qu'un meurtre, ne cherche pas à lui donner un sens". Mais par contre, devoir tuer pour ne pas mourir est autre chose.

- Je ne vais pas te faire la leçon sur la vie et à quel point elle est précieuse. Surtout après ce que tu as subis.

Heinrich prit un peu de recul et s'appreta à lancer un sortilège. Il voulait faire apparaitre son armure aethyrique. Un des sort les plus faciles, et qui croit en puissance avec la maitrise du lanceur. Nulle doute qu'Angélica maitriserait celui ci en deux coups de cuillère à pot compte tenu de son affinité magique. Il prononça les paroles du sort, fit les gestes appropriés et attendit que son armure en forme de peau de loup apparaisse

- Voici une armure qui te serviras je pense, observe bien ce que je fais.

Heinrich s'attendait plus ou moins à ce genre de résultat. Il s'était tenu prêt pour dissiper le sortilège de la petite, mais elle avait pu maitriser le sortilège. Cela dit, il se disait que désormais, il fallait absolument qu'elle s'entraine à appréhender le Shyish, qu'elle le manipule comme le prolongement de ses mains.

- C'était pas mal. Tu dégages beaucoup d'énergie mais si tu ne peux pas la canaliser correctement, ce serait du gâchis n'est ce pas.

- On va donc changer un peu d'exercice: ce que je voudrais maintenant, c'est que tu concentres une toute petite quantité du vent pourpre, et que tu jongles avec, comme une balle. Et ça, le plus longtemps possible.

- Je serais à coté de toi si tu sens que ça dérape, et je te le dirais si tu manipules une quantité trop importante de magie. Le but de cet entrainement est que tu ressentes les petits flots de magie, et que tu n'utilises que le nécessaire.

- Je me fait vieux et je radote, mais la magie est dangereuse si elle n'est pas maitrisée. Et je ne veux pas que ça te portes préjudice plus tard.

- Allez, vas y, je te regarde.

Heinrich avait parlé de sa voix calme, et il se tenait prêt à dissiper le sortilège d'Angélica au cas où.

Heinrich n'allait pas la petite dans la tourmente très longtemps. Ils venaient à peine de commencer, pas la peine d'en faire trop. Il avait bien apprécié les efforts qu'elle avait produit pour maitriser au mieux son sortilège suivant ses instructions. Mais en effet, la première étape passera par la maîtrise de ces petites choses, sinon elle ne canaliserai jamais les flux magiques et se mettrai en danger ainsi que les gens qui l'entourent.

Il s'appreta donc à manipuler la magie que la petite avait concentrée et la transformer. Oui mais en quoi?... Heinrich pensa alors à Halibel... Il savait que les vents de magie autour d'elle étaient faibles, qu'elle n'était pas bien. Il avait pu un peu se changer les idées en discutant avec Angélica, mais l'image de sa femme en train de souffrir restait présente.

Il modela le Shyish pour qu'il ait la forme d'une couverture qu'il amena délicatement jusque sur le corps d'Halibel. Puis il se retourna vers Angélica. Il arborait un doux sourire, plein de tendresse et de douceur.

- Tu vois? La magie est faite pour aider ceux qui sont dans le besoin. Du moins, c'est mon point de vue.

- Ce n'était pas évident pour toi, mais je pense que j'ai touché juste. Ces exercices sont ce dont tu as besoin Angélica. Quand tu arriveras à maitriser sans risque ces quantités de magie sans que ça ne déborde, je pense que tu seras au moins une demi grande magicienne. En tout cas bien plus forte que moi.

- Tu veux réessayer? Ou tu voudrais plutôt te reposer et réfléchir à ce qui s'est passé?