[Heinrich] Encore de la visite !

Heinrich ne les comptait plus en ce moment. Les problèmes, les coups de massue sur le crâne, les cagades, les emmerdes, peu importe. Ca tombait en cascade en ce moment. Cela ne lui faisait presque plus rien sentimentalement. Il avait décidé de fermer un peu son coeur pour utiliser au mieux sa tête. Il ne connaissait pas ses jeunes demoiselles, mais Jack lui en avait beaucoup parlé. Il supposa qu'il s'agissait de ses amies proches, celle dont il ne parlait que trop souvent; c'est à dire tous les mois environ.

- " Vous pouvez oublier le "monsieur". Heinrich ira très bien. Vous êtes Light et Fang c'est ça? Ravi de vous rencontrer. "

- " Enfin... j'aimerais vous dire que je suis ravi, mais les circonstances ne s'y prêtent pas vraiment. Si en plus vous me dites que ce crétin patenté vient de se tirer de prison, il ne risque rien de plus que d'être sûr de sa peine. Accusé de meurtre, on s'en sort parfois, mais évadé... Il n'y a qu'une seule issue pour lui et c'est... l'échafaud... "

Ce dernier mot était il vraiment sortit? Il n'en savais rien, il pensait l'avoir dit, il ne sait pas s'il y avait mis assez de force pour que ses interlocutrices l'entendent. Ca faisait si mal de le dire. Aucun père ne devrait un jour dire ça. Il espérait sincèrement être le seul, en ayant la certitude que cela est faux.

- " Je suis ravi de vous entendre dire qu'il est innocent. Il me l'a affirmé aussi, et c'est pour ça qu'il s'est rendu sans résistance. Je reste persuadé qu'il l'est réellement. "

- " Effectivement, il est maintenant hors la loi, et en cavale. Où il est, je n'en sais rien. Je demanderais à sa mère, c'est la seule qui soit capable de le savoir. Je vous remercie sincèrement de vouloir aider. Mais vous savez, ce crétin vient de sceller ses options: soit il arrive maintenant à prouver qu'il est innocent, soit il reste un criminel toute sa vie."

Un éclair traversa son crâne à ce moment là.

- " Vous pouvez peut-être m'aider. Parlez moi de la soirée, de Bastian Rubinstein si vous le connaissez, en particulier s'il avait des colifichets genre boucles d'oreilles. Bref, la soirée du drame dans les détails que vous connaissez. "

Heinrich en prenait encore à travers la courge et ses nerfs commençaient à se mettre en pelote. Encore des bonnes nouvelles, encore autre chose. Finalement, il allait retrouver ses jeunes années et piquer un coup de sang si il continuait à être accablé à ce rythme.

- " Tout coïncide... Evidemment que Jack s'est fait avoir! Au moins ça ne fait plus de doutes: Jack a été attiré dans un piège. Par quelqu'un qui le connaissait assez bien pour savoir que la moindre rumeur, fondée ou pas, qui dénigrerait sa famille le ferait réagir violemment. Le résultat était courru d'avance. "

- " En revanche je suis plus étonné que Rose ait laissé trainé des racontards comme ceux ci. C'est plutôt le genre discrète, pas vraiemnt le genre à s'étaler sur sa vie privée, ni être démonstrative avec les autres comme ce dont vous me parlez. Un estalien hein? Je n'y comprends foutre rien. Oh pardonnez mon langage, mais en ce moment je perds un peu la tête. Cela dit, je doute du fondement de cette rumeur. Pardonnez mon optimisme de père, peut être un peu trop gateux pour tout ça. "

- " Depuis quelques jours dites vous? Vous pensez pouvoir remonter jusqu'à la source de cette rumeur? Ou reconnaitre ces gens qui en parlaient? Je peux vous filer un coup de main si nécessaire. Mais je doute que ça ne mène très loin. Si des gens sont capables de faire accuser quelqu'un d'autre de meurtre, alors lancer une rumeur dans l'université de Rouage doit être un jeu d'enfant. "

- " Mais il y a plusieurs choses qui clochent. Qu'ont ils fait ces deux là? A part être mes enfants, et ceux de ma tendre épouse? Un vieil ami à moi dit qu'il faut chercher à qui profite le crime. Mais dans un cas comme dans l'autre, je ne vois pas... Ce Bastian avait il des ennemis? J'ai vu que sa famille est assez notable... Mais du coup n'importe qui aurait fait l'affaire, pourquoi Jack? Et c'est quoi cette rumeur sur Rose? J'ai l'impression que ces deux histoires sont liées car ça fait un peu trop de coïncidences à mon gout. Mais pourquoi et comment? Et qui c'est gamin estalien?"

Heinrich sentait la moutarde lui monter au nez, mais au moins il comprenait pourquoi Rose n'avait jamais parlé de l'estalien; Jack lui aurait surement mis des bâtons dans les roues. Et du coup, c'est lui qui se retrouvait dedans jusqu'au cou. Il sentait que le temps de la réflexion commençait à prendre fin. Il faudrait agir maintenant.

Heinrich continuait à réfléchir vite. Entre ça et le chagrin il voyait son espérance de vie diminuer de minute en minute. Rien qu'à cause du stress et de ses soucis. Un de ces quatre, une bonne nouvelle comme celles qui arrivent en ce moment l'achverai.

- Vous ne m'offensez pas jeune fille, je n'ai pas été sur un banc d'école depuis... Peu importe.

Heinrich n'avait jamais été à l'école. Il avait parlé par réflexe, mais sa phrase était vouée à ne jamais aboutir. Il avait la tête ailleurs.

- Faites ce que vous pouvez au niveau des étudiants. Moi je me renseignerais au sujet de cet Alex. J'ai toujours laissé mes enfants libres pour leurs histoires de coeur, mais je peux bien m'inquiéter un peu pour ma fille après tout.

- Bastian n'avait pas d'ennemis... Un garçon discret, sans histoires... Etait ce sa famille qui était visée? Cette histoire sent beaucoup trop l'arnaque.

La dernière phrase contenait une légère pointe d'ironie. Depuis un an, un an et demi, le fossoyeur avait bien l'impression que tout ce qu'il faisait, tout ce qui lui arrivait puait la mauvaise affaire.

- Mais, et là j'attire votre attention, je ne le répèterai pas: je vous interdis d'essayer de retrouver mon fils. C'est bien compris? Je ne veux pas entendre dans votre bouche que vous ferez ce que vous avez envie. Si j'apprends d'une quelconque façon que vous vous mettez à sa recherche, je m'arrangerais pour que ce ne soit plus faisable! Ce n'est pas une menace, c'est une recommandation. Des gens sont déjà morts dans cette affaire, et si jamais Jack apprend qu'il vous est arrivé malheur, et que je n'ai rien fait pour vous en dissuader, c'est lui qui m'étranglera de ses mains. Ca, je m'en occupe, c'est clair?

Il n'était pas en colère, il n'était pas menaçant mais il était très inquiet. Ca ne se lisait même pas sur son visage, c'est tout son corps, tout son être qui le criait aux deux jeunes filles. Un sentiment paternel qui ressortait sans aucun doute...