Shiba Ishinta sur les terres du Phoenix

Il pleuvait sur le village de Michita. Au loin, on pouvait voir la lisière de la Forêt Isawa. Ces grands arbres sombres semblaient absorber toute lumière et, sous la pluie, les légendes colportées par les heimins ne paraissaient plus aussi absurdes.

C'était sans doute pour profiter de cette atmosphère mystique qu'un monastère avait été construit ici, dans ce petit village des terres du Phœnix. Monastère devant lequel Shiba Ishinta se trouvait présentement, perché sur son poney.

Dans ses sacoches figurait le message qu'on lui avait remis, le lendemain de la bataille de Kenson Gakka.
Il se rappelait de la scène très nettement : il était en train de ranger ses affaires dans les fontes de sa monture, quand un heimin était entré dans l'étable. Il lui avait remis un parchemin, reçu ce matin même par pigeon voyageur.
Sans attendre, il l'avait lu.

Quelques instants plus tard, Daidoji Kuemon acceptait de lui donner un congé temporaire pour "affaires de famille".

Il se souvenait très bien du message qu'il avait reçu :

Mon cher enfant, ta présence est requise au plus vite au monastère de Michita, sur les terres de la famille Asako.
signé Shiba Rokugakujin

La porte du monastère s'ouvrit devant Ishinta. Un jeune moine posait sur lui un regard serein.
- Puis-je vous aider, Shiba-san ?

Ishinta avait éprouvé un certain étonnement face à ce message. Il ne pensait pas revoir un jour Rokugakujin, étant donné qu'il était parti pour un voyage dans lequel on s'engage généralement seul. Il ne savait trop quoi en penser, mais force lui était d'admettre qu'il ne serait pas mécontent de pouvoir lui parler. Cependant, l'incongruité de la chose ne lui échappait pas. C'est donc avec circonspection qu'il avait effectué le voyage, et c'est sur un ton qu'il espéra être le plus neutre possible qu'il répondit au moine :

- Bonjour moine-san, j'ai reçu un message de Rokugakujin-san me demandant de venir en ce temple. Pourrais je le voir ?

Le jeune moine sourit.

- Vous étiez attendu, Shiba-san. Veuillez me suivre, je vous prie.

Quelques instants plus tard, Ishinta était assis devant une table basse, une tasse de thé chaud devant lui. Le jeune moine -qui s'était présenté sous le nom de Hatsu- s'était occupé de mener son poney à l'étable, lui avait fourni des vêtements propres et l'avait amené jusqu'à cette petite pièce où il attendait à présent.
Cette antichambre, bien moins luxueuse que celles qu'il connaissait, était très sobre. En plus de la table et la natte sur le plancher, le mur ne comportait qu'un parchemin où l'on avait calligraphié astucieusement "Faire le thé et partir".

La porte coulissa doucement et un homme d'une cinquante d'années au crâne rasé entra dans la pièce.

- Ca faisait longtemps, Ishinta.

A l'entrée de son père, Ishinta ne put s'empêcher d'être surpris. Certes, il avait été prévenu qu'il le reverrait, mais cela n'empêchait pas que l'évènement était assez exceptionnel pour ce qu'il avait compris. Il avait cru que les dernières séparations seraient les dernières tout court. Ishinta ne savait pas trop comment réagir, il avait la poitrine serré. Sans trop savoir pourquoi, il s'était relevé.

- Effectivement Rokugakujin-san.
...
...
Je..., comment se passe votre voyage ?

Horriblement banal, Ishinta en avit conscience, mais il ne voyait pas trop quoi dire d'autre sur le moment.

[HRP]Je ne pourrais pas répondre avant la fin de la journée au mieux, je part en voiture dans pas longtemps pour aller à Arles et on n'a pas l'intention de se presser.[/HRP]

Le vieil homme secoua la tête.

- On m'appelle Roku, à présent, sourit-il tout en s'asseyant.

Il prit la tasse de thé qui lui était destinée [HRP : Il y en avait deux sur la table] et s'adressa à Ishinta.

- Connaître mon voyage ne t'apporterait rien, Ishi-kun. Chacun doit prendre la route qui lui convient le mieux. Par contre, j'aimerais connaître la tienne. Que se passe-t-il dans le monde extérieur ?

[HRP : Pas de souci. Au besoin, je raccourcirai. ]

[HRP : et hop, une apparition !]

- Très bien, Roku-san.

*Ishinta l'imita alors et saisit la tasse de thé. Il réfléchit un instant à la demande de roku : pour quelqu'un qui suivait l'illumination, il semblait bien curieux. Mais il n'avait aucune raison de ne pas lui parler.*

- Eh bien, après votre départ, je me suis dirigé vers Kenson Gakka pour parler avec Katsumi-san. Je m'étais dit que c'était un début de chemin comme un autre. Il faut croire que la décision n'a pas été mauvaise. Non pas grâce à Katsumi-san, encore qu'il me fut très agréable de la revoir, mais parce que cela m'aura permis de rencontrer Daidodji Kuemon.
Il faut que vous sachiez que la ville de Kenson Gakka a été attaquée par une armée de scorpion et que j'ai participé à sa défense. Daidodji Kuemon m'a ainsi remarqué, d'autant plus que je l'ai également aidé, avec quelque camarade, à résoudre une affaire étrange qui au final était liée à cette attaque. Il m'a donc demandé de devenir son Yoriki, ce que j'ai bien évidemment accepté.
C'est à ce moment là que j'ai reçu votre message.

*Ishinta avait parlé sur un ton le plus neutre possible, cherchant à être le plus concis possible. Il n'aimait pas particulièrement parler, mais il essayait cependant de rendre le récit aussi intéressant que possible. Force était d'admettre qu'il n'était pas très doué en la matière.*

[HRP] désolé pour le récit expéditif, mais je n'ai pas trop le temps de rester sur l'ordi. Et puis, ça correspond assez bien au perso de toutes manières. [/HRP]

- Je vois que tu as commencé ton chemin d'une façon bien peu habituelle, lâcha Roku. J'imagine que cela fait partie de ton karma...

Il but une gorgée de thé, avant de continuer.

- Tu sais bien que je ne t'aurai pas détourné de ta voie pour une raison futile, Ishinta. Mais c'est une affaire délicate et personne au monastère ne connaissait un ami de confiance.

Le moine avait adopté un ton plus personnel, un peu comme un reflet de leur ancienne complicité.

- Vois-tu, dans mon ancienne vie, j'avais une soeur. C'était une bushi distinguée, totalement dévouée aux idéaux de son clan. C'était une des personnes les plus honorables que j'aie jamais connue, mais les kamis ont mis son endurance à rude épreuve. Son mari est mort dans une escarmouche contre le Lion, juste après la naissance de leur troisième enfant, avant que ses deux aînés décèdent lors de la Grande Fièvre qui a ravagé les terres du Phoenix.

Le moine s'interrompit pour boire une autre gorgée.

- Mais elle-même a succombé lors d'une embuscade de ronins, alors qu'elle escortait un dignitaire de la famille Isawa, reprit-il, les dents serrées. Il ne reste plus d'elle que sa toute jeune fille, Mitsuko.

Il posa sur Ishinta un regard grave.

- Elle va passer son gempukku à la Cité du traité Respecté et j'ai besoin que tu l'y escortes.

*Ishinta était un peu surpris par la tournure de la conversation. Il n'avait jamais entendu parler de cette branche de la famille de Roku. Cependant, quel qu'était son degré de surprise, il ne pouvait pas se résoudre à refuser une demande de son père. C'était tout simplement impossible.
De plus, il était profondément ému que Roku fasse appel à lui malgré la voie qu'il avait décidé de suivre.*

- Il n'y a même pas besoin de demander, j'escorterai Mitsuko-san à la Cité du traité respecté. Cependant, il va falloir que j'envoie un message à Kuemon-sama pour lui dire que je risque de mettre un peu de temps à revenir auprès de lui.

*Ishinta s'intérrompit, hésita, puis dit avec un sourire.*

-Je suis vraiment content que tu aies fait appel à moi... Roku.

Le moine hocha la tête, souriant à son tour. Il ne paraissait pas avoir remarqué la familiarité du jeune samouraï.

- Tout s'arrange, alors, fit-il. Je pense que tu sauras sans nul doute assurer sa protection.

Il reposa sa tasse.

- Ceci dit, elle est très turbulente. Tu devras la protéger autant des autres que d'elle-même. Elle dort à l'auberge du village, pour cette nuit.

Il marqua une pause, signifiant implicitement que la règle proscrivant les femmes dans les monastères s'appliquait toujours.

- Si tu veux, nous pouvons t'héberger pour cette nuit au monastère. Tu ne tiens vraiment à ton petit confort ? s'enquit-il en lui faisant un clin d'oeil.

*Sur un ton faussement sérieux, Ishinta annonça*

- Pour cette nuit, je devrai pouvoir m'habituer au luxe, mon très cher Roku-san.

*Puis reprenant un ton plus normal.*

- Cependant, est ce que je pourrai avoir un peu plus de détail sur la "turbulence" de Mitsuko-san ? De plus, est ce qu'il y a quelque chose de particulier à redouter, ou bien est ce une escorte de pure forme, si j'ose dire ?

- Non, tu n'auras pas de soucis à te faire. C'est une jeune fille très calme et très simple.

Le vieil homme se leva sans effort apparent et invita Ishinta à le suivre.

La porte donnait sur la cour intérieure du monastère. Malgré les auvents, Ishinta et Roku reçurent un peu de pluie, à cause de la violence de l'orage.

Le moine avisa un linge oublié sur un fil et tressautant sous les assauts des éléments.

- Dis-moi, Ishinta, pourrais-tu me dire ce qui fait bouger ce linge ?

[HRP : C'est au joueur de réfléchir, là, pas à ses compétences. ]

*Allons bon, une question philosophique. Ishinta n'était décidément pas bon avec ce genre d'exercice et il n'avait jamais vraiment apprécié ces discussions. Cependant, il décida de faire un minimum d'effort étant donné que les deux hommes ne s'étaient pas vu depuis un moment, et qu'ils ne se reverraient peut être pas de sitôt.
Mais il eut beau se creuser la tête, aucune pensée profonde ou quoi que ce soit ne lui traversa l'esprit. Il décida donc de commencer par quelques évidences après avoir réfléchit un petit instant. Après tout, il ne risquait pas grand chose.*

- Et bien, selon toutes évidences, le linge est balloté par le vent, Roku-san. La pluie violente achève également de faire tressauter le drap.

Roku hocha la tête.

- Bien, se contenta-t-il de dire, tu sais au moins ce que tu as devant les yeux.

Quelques instants plus tard, il menait Ishinta à une petite cellule, semblable aux autres, dans un long couloir.

- Passe une bonne nuit, dit-il avant de fermer la porte.

Le lendemain, Ishinta fut réveillé par des coups tapés à sa porte.

- Il est l'heure de se lever pour le thé du matin ! fit Roku en ouvrant la porte de la cellule.

Une demi-heure et un bain plus tard, le moine et son "fils" dégustait leur boisson dans la même pièce que la veille.

- Tu as passé une bonne nuit, dans tout ce luxe ? s'enquit en souriant le vieil homme.

- Très bonne, merci. Je suis prêt à partir quand il le faudra. Juste...

*Ishinta sortit sa lettre d'une manche de son kimono.*

- Serait il possible de mener cette lettre à Kuemon sama ?

- Kuemon-sama ? s'amusa le moine, avant de reprendre : Je vais la faire envoyer dès aujourd'hui.*

Il termina son thé et se leva. Ouvrant la cloison qui donnait sur la cour intérieure du monastère, il désigna à Ishinta une jeune fille à genoux. Les yeux fermés, elle semblait prier devant une statue de Shinsei.



- Je te présente Shiba Mitsuko, annonça Roku. Tu peux peut-être aller te présenter ?

*Ishinta observa la jeune fille un instant. Il attendait qu'elle ait fini ses prières avant d'aller se présenter. Une fois qu'elle eut apparemment terminé, Ishnita s'approcha, s'inclina puis :*

- Bonjour Mitsuko-san, je suis Shiba Ishinta. Je suis celui [HRP : ou l'un de ceux, je ne sais pas quel peut être la taille d'une escorte dans ce genre de situation] qui vous escortera jusqu'au lieu de votre gempukku. Je suis honoré de faire votre connaissance.

La belle jeune fille leva les yeux sur le jeune samouraï, se leva et s'inclina à son tour.

- Enchantée de vous rencontrer, Shiba Ishinta-sama, énonça-t-elle, les yeux baissés.

Roku s'approcha des deux adolescents.

- Le jeune Shiba Ishinta est un homme de confiance. Il t'escortera au plus vite à Mamoru Kyotei Toshi (Cité du Traité Respecté).

Il se tourna vers Ishinta.

- Vos montures sont prêtes, elles n'attendent que vous deux pour partir.

- Dès que Mitsuko-san sera prête, nous partirons.

*Ishinta laissa la jeune fille prendre un peu d'avance puis s'adressa à Roku à voix basse.*

- Je t'avais dit adieu il n'y a pas si longtemps, il faut croire que j'avais eu tord. Aussi me contenterai-je d'un "au revoir" cette fois ci : qui sait ce que les kamis nous réservent encore.

*Sur ces mots, Ishinta suivit la jeune fille.*

Roku regardait les deux samouraïs franchir les portes du monastère. Il savait que son statut de moine le lui interdisait, mais il sentait son coeur se serrer à ce spectacle.

Ils sont si jeunes... pensa-t-il.

Le son d'une voix dans son dos interrompit ses pensées.

- Tu t'inquiètes pour leur sécurité, Roku ?

- Je ne m'inquiète pas pour leur corps, révéré abbé, mais pour leurs âmes...

[HRP : Le RP se termine là. Mitsuko et toi faites le chemin jusqu'à destination. Vous arrivez la veille du début du scénar et vous trouvez à loger dans une petite auberge appelée "Le Bol Doré".]