Ambiance : La Mort appelle la Mort

shortless Mer 15 Déc - 7:48

La pièce était sombre. Très sombre. Trop sombre pour que l’œil d’un simple humain puisse y discerner quelque chose. Deux silhouettes malodorantes et bruyantes s’y toisaient cependant. Elles pouvaient se discerner l’une l’autre, l’obscurité ne gênait pas les rats.

Sur une poutre en bois, la tension entre les deux petits êtres était palpable à leur échelle, la lutte inévitable. C’est dans des couinements agressifs qu’ils se jetèrent dessus l’un l’autre, se mordant et se griffant.

Bien entendu, pour des êtres humains tout cela est insignifiant, mais la violence d’un tel choc est impressionnante tout de même : un combat à mort. Pour une raison déjà oubliée des deux protagonistes. Les combats entre rats sont sanglants, les blessures qu’ils s’infligent sont terribles et laissent le vaincu sur le carreau. Il n’y a pas de soumission pour eux, juste la mort du perdant, la vie du gagnant.

Le rat victorieux partit dans une cavité pour lécher ses blessures. Il ne fallait pas que cela s’infecte, malgré la résistance proverbiale des rongeurs. Le cadavre restait inerte sur la poutre, il servirait probablement de repas à sa propre progéniture d’ici quelques heures. Les maigres gouttes de son sang dégoulinèrent et tombèrent, mais n’atteignirent jamais le sol.

Ploc…

Elles chutèrent sur une surface sèche et moelleuse. Une lèvre inférieure laissée à l’abandon depuis bien trop longtemps. Un corps enfermés depuis trop longtemps.

Ploc…Ploc…

Une langue serpentine, bien trop sèche elle aussi se mit en mouvement pour venir récupérer lentement et délicatement le fluide sanguin tombé sur la lèvre.

Ploc… Ploc… Ploc…

Le petit corps du rat avait donné tout ce qu’il avait. Le visage autour de la lèvre imbibé ne bougeait pas, à l’exception d’une paupière qui se leva à moitié avant de se refermer. Une pensée traversa l’esprit auquel elle appartenait.

Apparemment, il est encore trop tôt pour disparaître…

Cette réflexion se perdit dans les méandres de la pièce obscure, où seuls résidaient les bruits d’un rat qui faisait courir sa propre langue sur ses plaies et celui d’autres qui se gavaient des intestins encore chauds d’un des leurs…