Discussion : Déprime

Dans le havre de la Porte de Fer, le petit groupe des Ailes du Dragon avait trouvé une auberge pour passer la nuit. Le Voyageur était resté dehors avec Cael et l'inconnue nommée Ella. Certains étaient déjà couchés, Zack par exemple se retrouvait éreinté de l'escapade et rejoignit rapidement le pays des songes. Vaan lui n'arrivait pas à dormir. Il restait dans la salle commune, où se trouvait également Boris. Il voulait lui parler.

- Dis, il m'a facilement étalé hein?

Le vieux mercenare hocha sobrement la tête.

- Mouais... J'aurais préféré rester éveillé. Je n'ai rien vu, rien senti. Et je ne me réveillé que plus tard. Je n'aurais donc servi à rien. Je suis... faible comme le disait ce gars avant que je tombe dans les pommes. Tu le crois aussi, Boris?

Boris donna une grande tape dans le dos de son camarade et poussa sa chope sous son nez.

- Dis pas de connerie Vaan. Je voudrais personne d'autre pour protéger mon flanc. T'as compté tous les prétentieux que t'as passé au fil de l'épée ? Bah pas moi, j'ai pas assez de doigts. Bon d'accord, j'ai pas beaucoup de doigts mais ça compte quand même. De tous ceux que j'ai rencontré, à part cette sale face de cendre, il n'y a que Al qui puisse te mettre à terre. Et peut-être Zack, à la rigueur. Par les jarretelles de Rémia, si t'es un faible alors il n'y a pas un type à Port-Franc qui vaut un clou.

Le vieux vétéran but une bonne goulée avant de reprendre.

- Te fais pas de bile pour ça. J'ai rien pu faire non plus. Il m'est passé à côté et m'a touché l'épaule, et je l'ai même pas vu. J'ai jamais été aussi frustré. Il s'est foutu de notre gueule cet enfoiré ! Mais il est pas humain ce type. On a un truc qu'il a pas, et c'est d'être en vie. Je l'emmerde s'il est fort, moi je suis pas un putain de cadavre en décomposition.

Boris se laissa aller en arrière et regarda la salle. Il y avait quelques sales têtes dans l'assemblée, et quelques gaillards assez costauds. Il lui vint une idée et il se tourna vers Vaan avec un sourire carnassier.

- Tu sais ce qui nous ferait du bien ? Une bonne baston.

Il se leva pour se planter devant la table de trois gars patibulaires, occupés à jouer aux cartes.

- Hé, je l'ai vu ! Il a triché !

Jaihil était aussi à leur table, silencieux, pensif, une bière à la main. Voir Vaan se lamenter de cette manière répugnant Jaihil :

• Osez dire ça devait des gens prouve bien à quelle point tu es faible...
  
• Si tu t'es retrouvé au sol aussi vite, c'est normal...
  
• En même temps, il était foutrement rapide. J'ai rien vu non plus.
  
• Il avait l'air très fort aussi.
  
• Vaan n'est peut être pas si faible, même le voyageur est tombé en un coup sans rien voir venir.
  

Lorsque Boris se lève et commence à accuser un voisin de tricherie, Jaihil sort de ces pensées et n'en croit pas ces oreilles :

• Le vieux fou, il va nous attirer des ennuis.
  
• Provoquez aussi ouvertement un poivrot, ça va mal finir...
  
• En même temps, c'est peut être ce qu'il veut...
  
• Allez, je vais l'aider à ma manière.
  

Sans bouger, Jaihil réponds :
- "Attends Boris, c'est pas celui que tu insultais d'avoir autant de virilité qu'un Sage de la tour et une gueule de mort Vivant décrépie depuis plusieurs années ???"

Boris afficha un nouveau sourire carnassier.

- Nan, ça c'était son voisin de gauche. Lui, je le plaignais parce que sa femme est obligée de faire le trottoir pour lui payer ses dettes. Mais c'est un tel laideron que même un infectieux en voudrait pas !

Les hommes de la table se regardèrent. Ils portaient tous l'insigne des soldats du havre. Le plus épais se leva, sourit un peu et fixa Boris

- Mon cher, je ne connais pas les façons de votre havre, mais ici, on ne cherche pas la bagarre. Je suis désolé mais je ne répondrais pas à vos provocations.

Vaan était resté au bar et retrouva le sourire en voyant le petit ménage. Malicieusement il pivota vers le comptoir, descendit virilement son verre, fit un jongle avec et le balança directement sur le torse de l'homme qui répondit à Boris. Le verre éclata en répandant des éclats sur la table et les gens alentours qui se protégèrent.

- Et comme ça?

- Sale petit morveux!!!!

Les soldats se levèrent et celui qui s'était pris le projectile se rua sur Vaan. Du fond de la taverne, un cri survint:

- Chouette!!! Une bagarre!!!!

Boris savait qu'ils risquaient l'expulsion en déclenchant cette bagarre. Mais il fallait remonter le moral du petit, et y'avait pas trente-six solutions pour ça. Les belles paroles ça marche pas avec un dur comme lui.
Ceci dit, la Porte de Fer était un havre trop important pour qu'un mercenaire puisse se permettre d'en être banni, donc ils allaient devoir filer en douce avant l'arrivée de la milice. Ils allaient en profiter pour prévenir de l'arrivée des morts-vivants sans pour autant se faire interroger.

- Boris chercha Jaihil du regard, et finit par l'apercevoir longer les murs en direction de l'étage. A grand coups de chaise, il se fraya un chemin jusqu'à lui.

- Réveille la barbue et prends nos paquetages, on se tire. De toute façon elle est sûrement déjà en train d'emballer ses affaires, avec un tel boucan.

Un soldat arriva alors sur les deux comparse sous la forme d'un projectile d'origine inconnue. Boris l'arrêta d'une épaule, bloqua son bras prêt à frapper et stoppa sa belligérance d'un coup de boule bien placé. Relevant l'homme un peu grogy, il lui cria à l'oreille pour être entendu par-dessus le vacarme ambiant :

- Vous êtes grave dans la merde les gars, on arrive juste du sud et on a vu une armée d'infectieux sortir de Carmina. Vous feriez mieux de vous préparer à les recevoir au lieu de provoquer des bastons d'auberges.

Boris évalua mentalement le temps qu'il leur restait avant l'arrivée de la milice.
Bon, y'a encore de quoi les laisser s'amuser un peu. Dans une fenêtre brisée, deux gars jetés dehors et trois gars étalés sur le comptoir il sera à peu près l'heure de se tirer.

La bagarre faisait rage, les paticipants eux, se faisaient de plus en plus rares. Les organismes s'épuisaient. Le barman sortit une arbalète juste avant que Boris ne parle. Ca jeta un froid dans la salle. Puis ils entendirent la nouvelle de mauvaise augure. Ce dernier blêmit alors qu'un deuxième froid régnait sur la salle. Il dégluttit.

- Vous êtes sûrs?

Zack et Vaan baissaient la tête en aidant les gars avec qui ils se battaient. Visiblement, Zack connaissait cette ambiance, il n'avait récolté qu'un coup au visage. Vaan était plus marqué, un peu exténué, mais il souriait avant que tout ne s'arrete. L'ambiance devint extrêmement lourde, plombée.

- Vous savez ce qu'il en coute à ceux qui crient à l'infectieux pour s'amuser?

Boris releva la tête. Merde, il avait fallu que tout le monde s'arrête juste à ce moment. Pourquoi un plan se déroule jamais sans accroc ?

- Ouais, et je sais aussi ce qui arrive à ceux qui écoutent pas les avertissements. Je vous le dis, vous feriez mieux de prendre une bonne nuit de repos parce que vous en aurez pas d'autre de sitôt.

Ca, c'est fait. Maintenant, il fallait trouver un moyen de s'éclipser avant d'être chopés pour interrogatoire. Et vite.
Déclencher une panique générale ? Tentant.

- Les infectieux, même notre lectureur il pouvait pas les compter. Et y'avait une goule avec eux. Plus haute que votre muraille qu'elle était.

Jaihil profita de confusion engendré par Boris pour emprunter les escaliers sans ce faire repérer. Boris lui avait donné une ordre et il fallait mieux le suivre vite si ils voulaient tous s'en tirer sans passer par la case prison...

Une fois les escaliers montés, il se dirige vers la chambre du roulier et ouvre bruyamment la porte :
- "Allez mon gros, c'est fini l'heure de dormir. Il est temps de se lever, de bouger ton cul, on décampe !!!"

Dans les yeux inexpressifs du roulier, Jaihil se doutait qu'il n'avait rien compris à ce qu'il venait de dire. Il rajouta alors :
- "Putain, tu vas remuer ton cul tout de suite ou je viens te le botter. On se casse tout de suite de ce bled !!!"

Jaihil claque la porte et se retrouve dans le couloir :

• Bon voilà, j'ai réveillé le barbu.
  
• Mais pourquoi l'autre infirme m'a demandé de le réveillé lui et pas Loki ?
  
• L'alcool le rends fous, il ne se souvient plus avec qui il travaille.
  
• Bon, je suis pas un chacal, je vais la réveiller elle aussi même si Boris me l'a pas demandé.

Jaihil se dirige vers la porte de Loki et va pour l'ouvrir et la prévenir de se qu'il se passe. Juste avant de l'ouvrir, il se rappel que Loki est un femme et qu'elle tape fort... Mieux vaut pas rentrer comme un sale, on ne sait pas ce qu'elle fait.

Jaihil frappe bruyamment à la porte en criant :
- "Loki !!! Dépêche toi, c'est le gros bordel en bas ! Prend tes affaires, on se casse tout de suite !"

Jaihil attend devant la porte pour entendre une réaction de Loki...

Une grand murmure parcourut l'assemblée. Les gens se regardaient les uns les autres. Certains faisaient de grands gestes, d'autres se prenaient la tête entre les mains, le reste appuyaient les protagonistes. Le fracas avait calmé les ardeurs combattives, seul le tavernier restait alerte, un gros gourdin posé sur le comptoir. Surement ce qu'il cherchait tout à l'heure. Une voix se fit entendre du bout de l'auberge. Un jeune homme, sans nul doute vaillant, soldat, propre sur lui.

- Je pense que le mieux serait d'envoyer une patrouille. Pourriez-vous nous indiquer de quelle direction ils viendraient?


*****

Du côté de Jaihil, il n'eut de réponse de la part du roulier qu'un grognement accompagné d'un sonore:

- J'arrive avec mes affaires, bougez pas! Et on va chercher Petit et Minus!

Loki se leva précipitamment du lit et ouvrit la porte un peu énervée :

-Quoi !!!!! qu’est ce qu’il y a encore !! Ne me dit pas que Boris a déclenché une bagarre ?
Mmmmh ça expliquerai pourquoi j’ai aussi mal dormi !

Pourquoi doit-on partir ? Le jour n’est même pas levé …

Jaihil garda son sang froid. Il savait qu'une mauvaise réponse lui vaudrait encore une claque...

- "Oui tout à fait, Boris a encore déclencher une bagarre. J'ai voulu l'en empêcher mais je n'ai pas pu... Il a déjà couché un gars mais il a prévenu tout le monde qu'une horde de gnome infectieux risque d'arriver. Il est temps de prendre nos affaires et de décamper avant que la milice arrive et nous interroge."

-Putain j’aurai du le parier !
Bon j’arrive va prévenir notre chauffeur on décampe !

Son paquetage n’étant que très peu défait il ne fut pas bien long pour Loki-Xia de filer.

-Boris…BOris …BORIS !!!!!!!!!!!!!! cria Loki en descendant les escaliers.

- Non d’un chien mais qu’est ce que tu fabrique encore ! On est dans une belle embrouille maintenant ! Chiote !

- Messieurs s'il vous plait excusez mon "ami", il est un peu déranger sur les bords!
Serai-t-il possible de se calmer, et de trouver un terrain d'entente pour qu'on oublie tout ça?

Loki essaya de chuchoter quelque chose à Boris:

"Qu'est ce que tu leur a raconté?"

Bob le Roulier avait finalement réussi à enfiler de quoi sortir du havre et rejoignit Jaihil puis poursuivit vers les escalier. Il trainait avec lui son baluchon.

- Il faut qu'on aille chercher Petit et Minus avant de partir. Comprenez que sans mes boeufs, je ne suis plus rien. Et puis... j'ai rien fait de mal moi!

Il s'arreta lorsqu'il vit les gens remettre la taverne en état sous les yeux bien avisés du gourdin de l'aubergiste. C'est le soldat qui s'était adressé à Boris qui reprit, invectivant cette fois Loki-Xia et ses compagnons.

- Madame. Je suis le sergent Wulf. Votre ami dérangé nous a indiqué que des infectieux se dirigeaient vers nous. Nous allions partir pour vérifier cette information. Et pour cela nous avions besoin de l'aide de quelqu'un pour nous indiquer la direction.

Autour de lui, plusieurs soldats portant les stigmates d'une bonne bagarre de taverne rangeaient la salle commune autant que faire se peut. Zack et Vaan aidaient, l'air de rien. Bob s'avança dans l'escalier, les yeux plus vifs qu'au réveil.

- Ils viennent du sud est. Lorsque nous les avons vus, c'était à environ une bonne journée de marche, à la limite du Duché et de Joal.

Bob n'en avait peut ête pas l'air, mais il maitrisait un peu la géographie. Quelque chose de très important lorsqu'on voyage tout comme lui. Wulf répondit

- Dans cette direction il y a ... Carmina?

- C'est exact. Mais peu importe, nous avons passé la quarantaine. Donc c'est tout bon pour nous. J'ai vu que vous aviez des cavaliers ici. Je vous suggère d'en envoyer un. En prenant en compte la vitesse de l'animal dans un sens, celle des infectieux de l'autre et la journée d'aujourd'hui, vous pourriez vérifier le tout en trois heures facilement.

Il gérait également les vitesses des moyens de transport et une nouvelle lueur brillait dans son oeil. Il voulait dormir, et avait trouvé un moyen de le faire fissa, donc il essayait d'accélerer la cadence. Wulf en fut un peu déspointé.

- Vous... Vous n'avez pas tort monsieur. Du coup, nous allons pouvoir attendre ici la réponse.

Il donna des ordres à un de ses hommes encore debout qui quitta promptement l'auberge. Bob remontait déjà les escaliers.

- Moi je vais me recoucher, si vous voulez m'enchainer pour être sûr que je ne m'enfuis pas, attachez moi au lit.

- Non, nous allons rester discuter avec vos amis... N'est ce pas messieurs? Madame.

Wulf avait conclus en saluant Loki poliment et invitait les autres à le rejoindre à une grande tablée.

Boris aida lui aussi à tout remettre en place, puis s'attabla avec les soldats et commanda une tournée. Il tenta d'apaiser un peu la tension, sans grande conviction.

- Désolé pour ton oeil, j'y suis allé un peu fort. Mais c'est que tu résistais bien l'ami, j'ai dû y mettre les moyens ! Et cette chope que tu m'a mis dans le bide, je la sens encore ! Il va falloir en boire une pour faire passer.

Au bout de plusieurs heures, un soldat pénétra dans l'enceinte de l'auberge. La plupart des participants à la bagarre dormaient, les autres somnolaient en jouant aux cartes pour faire passer le temps. L'ambiance houleuse était retombée, et la fin de soirée était proche. Il faisait nuit noire. Mais en claquant violemment la porte, le soudard réveilla quelques personnes qui grognèrent, d'autres cuvaient leur alcool et continuaient à baver sur les tables de bois.

L'homme s'approcha de Wulf, il semblait pressé. Son sergent écouta ce que lui disait son subordonné à l'oreille et sa mine n'annonçait rien de bon. Il donna d'autres ordres à voix basse et le soldat s'en fut.

- Messieurs dame, il semblerait que la nouvelle annoncée s'avère véridique. Il y effectivement des infectieux en maraude au sud est d'ici. A priori, leurs mouvements sont confus, nous ne pouvons encore déterminer quel sera leur prochaine direction. Votre information était exacte, et donc précieuse.

- Cela atténue donc votre peine pour le déclenchement d'une bagarre dans un havre. Bon, il est tard, nous sommes après tout des gens de bone foi et nous n'allons pas mettre la votre en doute. Que diriez vous de nous offrir une tournée générale... pour ceux qui peuvent encore boire, et on oublie cette histoire? Jusqu'à la prochaine bagarre tout du moins...

Boris, passablement éméché, leva la bouteille à l'adresse du tavernier.

- Messieurs, mademoiselle, à notre survie. Parce que par les temps qui courent ce qui compte c'est pas d'être le meilleur, c'est d'être encore en vie, finit-il avec un clien d'oeil à Vaan

Loki-Xia remonta les escaliers à la recherche de Jaihil pour finir de préparer les paquetages.
L'étage était beaucoup plus calme, un silence presque inquiétant, que venait rompre les quelques rires joyeux des soldats.

-Ils vont encore finir rond ces trois là! dit Loki un peu désespérée.

-Je ne me gênerai pas pour les trainer par terre plutôt que de les porter!


"Aucune trace de Jaihil. Je vais allez me poser dans ma chambre..."

Même le grincement de la porte et le bruit des alcooliques n'arrivaient pas vraiment à la sortir de son rêve...

"J'aimerai bien discuter avec quelqu'un sérieusement ça me changerai de faire semblant d'être une grosse brute!
Je pourrai peut être voir avec Lys Ann pour mes rêves..."

La porte claqua fortement...