Journal de Route

Une ligne de symboles manuscrits gribouillés en primordial, ayant bavé sous l'humidité, précède l'entrée. Visiblement, il s'agit d'une forme de datation astrale.

Nous voilà repartis dans la jungle… Le temps me semble se faire de plus en plus précieux, alors même que nous savons que les armées githyanki seront bientôt lancées sur les cités. La défense, si tant est qu'il y en ai une, n'est pas prête à encaisser un assaut de cette ampleur ; ces abrutis de fonctionnaires humains n'ont pas réagi à temps et les renforts arriveront probablement après le carnage. Ces incapables nous ont à la place attribué une tribu d'halfelins qui se prennent visiblement pour une espèce de rongeur de ce plan. Ils nous collent au train depuis Orak. Les écureuils je crois.
Un faible espoir réside dans l'aide de cette tribu naine vivant dans les montagnes, d'après les drakéïdes, mais pourquoi accepteraient-ils de nous prêter assistance ? J'ai rarement cotoyé les nains, je me demande de quel genre de peuple il peut s'agir.
Je n'aime pas cette jungle. On sent la mort partout, même au sens littéral. La fièvre a repris effets sur la plupart du groupe, moi y compris. Notre avancée à marche forcée s'en trouve ralentie et d'autant plus désagréable. Je sens l'aura arcanique de la masse et du symbole de Tiamat palpiter de plus en plus fort dans mon sac, c'est extrêmement perturbant. Toute ces histoires religieuse m'effraient quelque peu.
Note : penser à demander au vieillard humain de désenchanter ces deux artefacts le plus tôt possible. Ou bien les refiler au diable douteux, Darwin. Mais ça ne plaira pas à Dolinor. Qu'ils se débrouillent.
Arthur fait preuve d'un enthousiasme… débordant. Je commence à me demander si j'ai fait le bon choix en acceptant. Il a vomi tripes et boyaux sont l'emprise de la fièvre et a encore maigri. C'est son choix, qu'il assume.
Je regrette que Daken ne soit plus à nos côtés pour faire face aux Giths…


Une nouvelle ligne de caractères, légèrement différente

Nous voilà revenu à notre point de départ, où nous avions laissé nos compagnons. Bien qu'ils aient promis de nous présenter un numéro de claquettes à notre retour, le seul accueil qui nous fut réservé fut une sorte d'agression par deux sauvages boueux, que nous reconnûmes plus tard comme Charles et Darwin. Ils semblent avoir eu quelques difficultés à survivre au quotidien, si bien qu'ils ont failli manger un des Ecureuils. Heureusement il a pu négocier sa vie contre deux rations.
Ces deux là semblent encore plus dérangés que d'habitude, mais ils ont été efficaces. D'après leur dire, ils ont mené une guérilla sans merci contre les patrouilles de Githyankis. Ils ont également surveillé la cellule, et on pu apercevoir un griffon se dirigeant vers la montagne. Peut-être est-ce là l'étrange connaissance de Rannis que nous avons rencontré. Pour ma part je frémit de rage à l'idée que cet ignoble assassin drow se trouve dans cette tour noir, à quelques kilomètres, mais toujours hors d'atteinte. Ma seule option est d'aider les cités à se défendre, et j'aurais là une occasion lorsque leur armée sera en fuite.
Une tribu de géants a rejoint l'armée. Notre situation devient critique et nous manquons d'alliés.
Il semblerait qu'un dragon bleu soit impliqué dans tout cela.


Entrée suivante

Nous arrivons à la limite entre jungle et montagne. Le paysage se fait plus escarpé et nous sommes enfin débarassés de cette fièvre par un air plus pur. Nous avançons à bon train mais la nourriture s'épuise. Heureusement Carric parvient à nous rapporter chaque jour du gibier, mais nous perdons du temps.

Je me suis fait attaquée par une étrange panthère spectrale. Charles et rapidement venu à mon secours, malgré sa surdité navrante.
D'après Rannis, ces félins proviennent de Féérie ou de Gisombre, par des failles entre les plans. Il faudra que j'étudie ces phénomènes de près si je veux un jour rentrer chez moi. Mes techniques de phase et de téléportation n'exploite visiblement pas le même procédé. Peut-être que Charles aura une idée à ce sujet.


Dernier gribouilli

Nous atteignons la haute montagne. Le temps est frais et clair, jusqu'à aujourd'hui où nous craignons un blizzard. Une couche de neige assez haute pour engloutir Babik recouvre le sol et nous l'avons posé sur un disque flottant de Tenser avec l'équipement.
Nous approchons du royaume nain, ceci m'a été confirmé par un écriteau. Il nous mettait également en garde contre les trolls. Je n'ai encore jamais vu de trolls.
Mes compagnons ne semblent pas apprécier la température, mais je me sens à l'aise par ce temps qui me rappelle les alentours de la Cité de Bronze. Les vents sur cette montagne sont caressants et agréables. Cependant, nous avons du chercher un abri pour la nuit car le ciel se couvrait.

Nous avons pénétré dans une structure de cavernes, habitées par les fameux trolls. Et bien… c'est vraiment très grand ces choses là, je suis actuellement assise sur le bras d'un d'entre eux. Par contre l'odeur est quelque peu repoussante.
Ces monstres étaient en nombre, et agressifs, mais nous avons pu les vaincre sans trop de sacrifices. Les pouvoirs guérisseurs de Rannis sont impressionnant, nous avons pu tenir tête au corps à corps à une créature de plusieurs mètres de haut. Ils ne possédaient rien de très intéressant, quelques possessions naines, quelques cadavres nains. Je pense qu'ils seront heureux d'apprendre que nous avons mis fin à ce fléau.
Arthur n'est décidément pas à la hauteur pour nous prêter main forte. J'espère seulement qu'il survivra à tout cela suffisamment longtemps pour prendre un peu de plomb dans la tête. Et dans les bras aussi. Il va finir par ressembler à Charles, en bien ou en mal. Enfin… il est très fier d'avoir limé le cuir d'un troll avec un projectile magique.

Jour 2
Nous arrivons enfin chez les nains, en apportant la tête de Borognor le Troll comme gage de bonne foi, en plus de la clef de la ville. Je vois pas comment ils pourraient refuser de nous aider.
En fait, la mort du troll n'a pas l'air de leur faire grand-chose. Bon, tant pis, c'était bien tenté.
Les négociations avec le chef de tribu nain commencent. Carric s'y prend comme un pied : il lui parle de la menace qui pèse sur la cité humaine d'Orak, de l'ancien pacte de protection signé par le peuple nain et la cité. Ce vieux tronc racorni qu'est Jörungmöor Fierorteil (je me souviens plus exactement de son nom, mais ça doit pas être loin) n'en a rien à secouer. Je lui parle de Géants et de Dragons : il s'agite sur son trône, son sang bout dans ses veines et il a envie d'en découdre. Il bougerait même son auguste postérieur imbibé de bière hors du nid douillet de sa cité pour venir combattre avec nous. C'est ce que j'appelle une réussite. 100 guerriers l'accompagneront.
J'avais, au cas où, préparé mon argument-massue spécial nains, pour les forcer à venir nous aider : l'argent. Eh oui, pour lever une armée de 2000 Githyankis, il faut avoir levé pas mal de fonds. Qui dit fonds, dit trésor de guerre. Heureusement que je n'ai pas eu à me servir de cet argument, sinon notre maître de guerre se serait mis à baver de convoitise pendant tout le voyage.
Nous repartons aussitôt pour Orak la Grande. Ces petits rats nous font payer les rations que nous leur prenons, malgré l'aide que nous leur avons apportée. Je m'en souviendrai.



Jour 4
Après 5 jours de marche, nous arrivons à la lisière de la forêt, là où campent les Drakéides du Temple. Ces imbéciles décident de rester à batifoler dans la jungle pendant que nous défendrons les murs de la cité. J'avais osé espérer que des barbares drakéides ne seraient pas des couards, mais tant pis.
Nous n'avons pas de nouvelles des Écureuils. Ils ont peut-être servi de déjeuner à un géant.


Jour 3
Arrivée à Orak, où nous retrouvons Dolinor qui paraît bien joyeux d'assumer le rôle de coordinateur d'une armée de pouilleux à peine capable de soulever une épée. Ma sciatique me fait souffrir. Comme le dit si bien l'adage : "les voyages, c'est plus d'mon âge".
La cité d'Orak s'avère assez indéfendable. Norne était une plus petite ville, mais au moins elle ne présentait pas ces grandes allées rectilignes, de vrais boulevards. Et quel est l'imbécile d'architecte qui s'est amusé à construire des remparts en forme de rosace ?
Enfin bref. Apparemment, à défaut d'être expérimentés, nos troupes seront nombreuses. Nous réussirons peut-être à noyer les Githyankis sous le nombre. Ils arrivent dans une semaine.

Jour 7
Qu'est-ce que je cherchais, dans cette bibliothèque, déjà ?

Jour 27
8h
L'armée ennemie est en vue. Il va peut-être pleuvoir en fin de journée, mon ulcère me fait un peu souffrir et j'ai mal aux cheveux. Ou alors c'étaient les bières d'hier soir.

10h
C'étaient les bières d'hier soir. J'insulterai le nain à qui je les ai achetées plus tard. Ou je cracherai sur son cadavre.

10h15
Ces gros balourds de géants nous jettent des gravillons. C'est gros, un gravillon de géant. Et ça pique. Notre magelame en fait les frais assez vite. Comme prévu, les pauvres citoyens d'Orak tombent comme des mouches.

10h30
Les géants n'ont plus de cailloux. Ils foncent vers les remparts, sans doute pour en arracher des bouts ou pour récupérer leurs cailloux. C'est que c'est possessif et pas très intelligent, un géant. Les guerriers Giths les suivent. Ça va faire mal.

10h31
Jacques, l'archer qui se planquait derrière moi depuis le début de la bataille, est parti, comme tous les archers, lors de l'assaut. Il a trébuché dans les escaliers des remparts et s'est cassé le cou, puis a été piétiné par tous ses congénères. Dommage, je l'aimais bien. Il m'avait promis un repas chez lui s'il s'en tirait.

10h32
Un imbécile sort de la cité et ne trouve rien de mieux à faire que d'agiter son épée vers le ciel en hurlant des insanités. C'est Dolinor. Je savais bien qu'il était pas net, le gamin.Le dragon bleu arrive, attiré par ses cris. Parfait. Je trouvais aussi qu'on en avait pas encore assez, avec les géants qui commençaient à saisir des grappes de spadassins pour les jeter au bas de la muraille, et les Giths qui n'allaient pas tarder à faire des trous dans nos défenses.

10h35
Notre petite troupe se charge du dragon, et nous laissons l'armée de la ville se charger de l'armée ennemie.

10h38
Nous sommes à égalité avec l'armée de la ville : nous avons tué autant de dragons qu'eux ont tué d'ennemis, c'est-à-dire aucun. Incapables.Le halfelin et le magelame viennent en aide à ce pauvre Dolinor. C'est un spectacle intéressant que de voir un halfelin planter une dague dans chacun des genoux d'un dragon, puis de monter sur sa tête et d'essayer de lui taillader les yeux. Le dragon n'a pas l'air d'être un fin amateur d'acrobaties comme moi, par contre.
10h39
Le dragon essaye de s'envoler pour la 6e fois de ce combat. Carric le cloue au sol avec une flèche.
J'essaye de me concentrer uniquement sur le dragon et d'oublier que tous les spadassins qui étaient à côté de moi au début de la bataille gisent maintenant au bas des murailles ou sous les pieds de leurs compagnons fraîchement arrivés.

10h45
Le dragon a l'air d'être aux portes de la mort. Il décide de s'envoler, quitte à tourner le dos à Dolinor. Ce n'était pas vraiment une très bonne idée.
Heureux de voir que le dragon est mort, je me retourne vers mes compagnons citoyens d'Orak pour leur annoncer la bonne nouvelle et leur remonter le moral. Ils prennent la nouvelle assez mal. Ils ressemblent fortement à des Githyankis. Ils me lardent de coups. J'ai mal.


10h50
J'ai l'impression d'avoir eu une petite absence. Je suis étendu dans les escaliers. Autour de moi, c'est la débandade, les défenses de la ville s'écroulent peu à peu. Il est temps de partir livrer bataille dans les petites ruelles, là où nous pourrons tendre des embuscades et déverser de la poix sur nos ennemis. J'ai faim et je suis couvert de mon propre sang. La journée va être longue.

[Date stellaire incompréhensible]

Orak est tombée.
Malgré la résistance désespérée que nous avons mené sur les murs de la ville, nous avons dû abandonner les remparts pour tenter d’atteindre l’autre bout de la ville et en ressortir. Nous courions vers le canal Est ; croisant par endroits des gens terrorisés fuyant les githyankis — nombre de soldats étaient parmi eux — dans le vacarme indescriptible des combats et des hurlements, nous faisions notre possible pour éviter les groupes d’assaut gith.
Alors que nous approchions du canal, Babik nous fit signe de nous arrêter et désigna une péniche amarrée à la rive du canal, une silhouette minuscule se débattant avec un bout alors qu’un petit groupe de soldats gith s’approchaient au pas de course.
Dolinor, fidèle à ses convictions vola au secours du halfelins, et nous montions tous à bord de la péniche pour les défendre.
Alors que je dégainais ma lame, Babik courant devant moi, je repérais sous un grand manteau noir l’ignoble face d’un drow.
Parvenant au contact, j’en ai eu la certitude, il s’agissait de mon drow.
Le combat fut rapide, et les halfelins en sortirent indemne. Je déposai le corps inconscient du drow dans la cale tandis que la famille débordante de reconnaissance offrait une magnifique dague ouvragée à Babik en remerciement après avoir vu son habileté au maniement de la lame. J’ai cru voir des étoiles dans ses yeux pendant un instant.
Nous avons laissé les halfelins guider la péniche jusqu’au bout du canal, qui s’arrêtait devant la porte Est, et en descendîmes pour livrer bataille à une escouade de githyankis qui prenaient d’assaut une maison de passe protégée uniquement par une porte fermée à clef et par les hurlements de ses occupantes — ce qui, avons nous remarqué, a posé un dilemme à Dolinor quant à la conduite à suivre. Un halfelin fut tué alors qu’il tentait de fuir mais nous avons pu sortir de la ville, relativement indemnes après que Charles ait englobé nos assaillants d’une puissante décharge arcanique et que j’ai provoqué la mort d’un gith par la lame de son propre congénère. Je note que sur ce plan, quelle que soit l’espèce, ils ont toujours le même regard lorsque cela se produit.
Le drow sur l’épaule, nous nous sommes réfugiés dans un bosquet éloigné de la ville où nous décidions de nous reposer. Carric, Babik et Charles partirent en chasse et je restais avec Dolinor pour interroger le drow. Celui-ci se révéla assez peu disposé à la conversation. Quelques coups sur sa face vicieuse plus tard, il l’était toujours aussi peu.
Nos efforts pour obtenir de lui des informations furent un échec et, écœurée, je sortais ma lame de son fourreau et lui ouvrait la gorge d’un même mouvement. J’ai eu la satisfaction momentanée de le voir s’effondrer contre le tronc, la gorge gargouillant de sang et le corps parcouru de spasme sous l’effet de l’électricité.
J’ai récupéré son épée, visiblement une lame simple dénuée d’aura magique, mais je vais la garder ; j’ai enterré le corps en hommage à Daken ce soir même, avec l’aide approbatrice de Dolinor.
Je l’ai tué. Et pourtant, j’ai l’impression que ce n’est pas fini, je n’ai pas ce sentiment d’accomplissement. De la déception.

[Nouvelle date]

Nous avons repris la route. Le voyage se déroule tantôt à pied, tantôt en chevauchant les destriers fantômatiques que Charles et moi invoquons par moment, plus rapides et capable de se déplacer avec célérité sur les terrains les plus accidentés. J’espère que nous ne manquerons pas de composants pour le reste du voyage. Nous nous proposons de garder quelques composants pour effectuer le rituel de Main du Destin en essayant de localiser ce dragon.
Je n’aime pas les dragons.

[Nouvelle date]

Nous avons atteint les montagnes. Je constate que la température baisse à la vue de mes compagnons qui grelottent, Charles ayant refusé de gaspiller des composants pour lancer un rituel de chaleur. Nous avançons encore à bonne allure, malgré la neige qui commence à tout recouvrir. Carric passe ses nerfs sur le diablotin de Charles, et le souffle d’une flèche chaque soir, comme une bougie. Peut-être une coutume elfique ?

[Nouvelle date]

Une tour se dresse dans les montagnes. Après exploration, nous constatons qu’elle est abandonnée, mais il s’agissait visiblement d’une tour naine. Nous avons pu nous y reposer à l’abri du froid et nous y avons trouvé une carte conduisant à une ancienne cité naine.
Une étrange “trappe” arcanique se trouve sur le sol d’une pièce, et nous n’avons pas osé l’ouvrir.

[Nouvelle date]

Voici la cité naine. Les immenses portes étaient fermées et aucun signe de vie. Nous avons réussi à les ouvrir, après de durs efforts et nous y avons pénétré.
La cité ressemble à la première que j’ai pu visiter, et est tout aussi impressionnante, voire plus. Je n’y suis pas à l’aise.
Notre exploration se termine pour aujourd’hui à deux pièces rondes face à face. La première contenait un coffre, encadré par des statues. Notre approche imprudente provoqua l’animation des golems gardiens, et nous avons du nous battre. Dès les premiers instants, Babik parvient à infliger de sérieux dégâts aux points vulnérables de la machine, tandis que Carric et Charles restaient hors d’atteinte en dehors de la pièce pour déverser une pluie de flèches et de sorts.
La deuxième salle contenait un autre coffre, et un unique garde nous attaqua. Certes, il devait faire la taille des quatres autres réunis à lui tout seul.
Il fut cependant démantelé comme les autres.
Nous avons ouvert les coffres, contenant des quantités incroyable d’or et d’argent. Me félicitant de voyager léger, j’ai pu récupérer ma part d’or et une grosse quantité de pièces d’argent. Nos sacs se sont tous fortement alourdis, mais j’ai l’impression que c’est un inconvénient que la plupart d’entre nous est prête à supporter.