Un bien étrange matin (Leya)

"Leya! Leya, réveilles toi!"

La tao ouvrit finalement les yeux. Quelqu'un l'appelait. Elle en était désormais certaine malgré le brouhaha incessant des horloges.
Se tournant en direction de la fenêtre, elle eut la surprise de découvrir son maître qui lui parlait de l'extérieur.

"J'ai vu ce qu'ils font dans cette ville, dit-il d'une manière assez tendu lorsqu'il fût certain que son élève l'écoutait. Ils fabriquent une armée à l'aide du Livre des Mort. Si on ne le leur reprend pas, les Dieux seuls savent ce qu'il risque d'arriver."

"Ils fabriquent une armée ? Mais qui ça "ils" ? "

Leya était maintenant totalement réveillée et l'anxiété qu'elle voyait sur le visage de son maître ne lui laissait rien présager de bon.

Leya n'avait encore jamais vu son maître aussi inquiet.

"Soleil Noir bien sûr, répondit Franz surpris de la question de son élève. Il faut le leur reprendre coûte que coûte. Et quittes cette maison, tu n'es plus en sécurité chez l'Horloger."

"Je file chercher Anaon, Blaine et Earling. Quel angle d'attaque proposes-tu ? Te joins-tu à nous ?"

Tout en parlant Leya rassemblait ses quelques affaires dans sa besace.

"Tes amis ne sont plus ici. J'ignore où ils se trouvent pour le moment mais je te préviendrais dès que j'en saurais plus."

Franz sorti une fiole de sa poche qu'il posa sur le rebord de la fenêtre:
"Je t'en redonne un peu même si pour toi les risques restent élevés."

"C'est ce que tu m'a fait boire et qui m'a mis dans cet état ? Tu voudrais que j'en reboive ? Tu veux ma mort Franz ?"

Elle avait proposé la dernière phrase d'une voix qu'elle voulait enjouée, essayant de cacher sa peur. Ce faisant, elle passa par la fenêtre pour rejoindre Franz.

Franz de son côté s'éloignait déjà.
"Seulement en cas d'extrème nécessité, rectifia-t-il."

Puis sautant le mur du jardin il ajouta:
"J'ai mes propres combats à mener, je te souhaites de réussir les tiens."

Lorsque Leya arriva à la fenêtre, son maître était déjà loin.
Sur le rebord se trouvait posé en évidence une petite fiole emplie d'un liquide visqueux noirâtre ainsi qu'une envellope.
Dehors, à l'endroit même ou se tenait Franz, une large tâche de sang maculée l'herbe éclairée par la lumière matinale.