[Evènement] Un tableau !

**Butcher** Ven 17 Sep - 10:13

Hrp : une petite musique pour écouter en même temps que votre lecture !!

Un tableau !

À l’Enseigne du Pinceau et de la Mouette, tout était calme en cette fin de journée. Les cours venaient de s’achever et maître Deecksburg allait enfin pouvoir se reposer un peu. Tenant un verre de vin à la main, il regardait depuis sa fenêtre l’agitation qui régnait dans sa rue. Machinalement, il leva le verre et dégusta le délicieux élixir qu’il contenait. Pensif, son regard se perdait dans le vide.

Le crépuscule était magnifique depuis les quais du Goudberg. L’artiste peintre aimait souvent se promener le long des berges pour admirer le ciel au moment où le jour et la nuit dansaient ensemble une magnifique farandole de couleurs. Depuis qu’il avait arrêté sa carrière de portraitistes, il ne peignait plus que des paysages. C’était le seul moyen pour lui de continuer à vivre sa passion tout en échappant à ses vieux démons. Il portait la marque indélébile du caractère mesquin des dieux. Depuis ce jour, sa vie ne fut plus jamais la même. À ses yeux, elle s’était même arrêtée ce jour-là.

Sur les quais, la populace se faisait de plus en plus rare à mesure que le temps avançait. Goudberg n’était pas le quartier le plus marchand de la ville. De ce fait, les quais étaient vite déserts lorsque la nuit commençait à déployer ses ailes pour plonger le monde dans l’obscurité.

Hyéronymous installa son chevalet et sa toile à l’endroit habituel. Sa mallette contenant ses pinceaux et sa peinture était déjà ouverte. L’artiste marqua une pause avant de commencer à préparer ses couleurs. Son visage trahissait très facilement l’inquiétude qui montait en lui depuis le tréfonds de ses entrailles. Un frisson traversa son échine et sa colonne vertébrales et des sueurs froides venaient lui glacé le dos. Après avoir déglutit, il saisit quelques pots de peinture dans sa mallette afin de commencer ses mélanges chromatiques. Il faisait cela avec une très grande maîtrise, ce qui prouvait son excellence en la matière. Néanmoins, ses mains tremblaient légèrement comme le reste de ses membres.

Cela faisait plusieurs mois, maintenant, que cette étrangeté avait commencé. L’ancien portraitiste ne savait pas comment il devait l’interpréter. Etait-ce encore une folie des dieux ? Peut-être, mais il était loin d’en être sûr. En tout cas, cela l’inquiétait et pas qu’un peu, mais il ne pouvait rien dire à personne. Il était impossible pour lui de le faire. De toute manière, personne ne le croirait ou alors pire, il finirait sur le bûcher pour hérésie. Depuis, il continuait de le peindre régulièrement pour savoir s’il y avait une évolution ou un changement.

Jusqu’à maintenant, la situation était restée inchangée.

Il soupira en plongeant son pinceau dans la peinture qui maculait la palette. Puis son pinceau chargé de peinture s’arrêta net à moins d’un millimètre de la toile et son regard dévia pour se focaliser sur autre chose.

Jusqu’à présent, le temps était très calme, mais une légère brise se mit soudainement à souffler mettant en mouvement la chevelure de l’artiste peintre. Cette petite brise était loin d’être une agression pour lui, bien au contraire. Il avait l’impression qu’elle avait réussi à chasser momentanément les nuages noirs qui obscurcissaient son cœur. Soudain, la cible de son regard se retourna et le fixa un bref instant avant de lui sourire.

Ce fut le déclic, sa main se mit instinctivement en mouvement avec une agilité et une habilité hors du commun. Il devait capturer ce moment dans les plus bref délais puisque son modèle improviser n’allait pas rester longtemps à cet endroit. Ce qui fut d’ailleurs le cas, mais ce n’était pas bien grave. La scène était gravée dans sa mémoire et il acheva de la peindre sans grandes difficultés. De toute manière, lorsqu’il était dans cet état second, rien ne lui était impossible. Dans le passé, il lui était déjà arrivé de peindre des tableaux rien qu’en utilisant sa mémoire.

Il sortit immédiatement de sa transe lorsqu’il donna le dernier coup de pinceau. Son regard se posa sur ce qu’il venait de peindre. C’était étrange puisqu’il donnait vraiment l’impression de ne jamais avoir vu ce qu’il venait de peindre. Le temps d’un battement de cœur, ses yeux devinrent deux énormes soucoupes. Il semblait être complètement ébahi par le tableau qu’il venait de peindre.

De grosses larmes se formèrent au coin de ses yeux avant de tomber en cascade sur ses joues et son menton …