la Grande Bataille !

Delrin, quelques heures avant la bataille,

Du haut de la Grande Muraille, les sentinelles du Royaume pouvaient voir les milliers de feux qui indiquaient les positions de l’ennemi. Cela faisait bien une semaine qu’ils campaient là. Les précédentes journées avaient été ponctuées par quelques escarmouches entre des patrouilles de Dragons Noirs et l’ennemi.
La dernière en date s’était déroulée hier. Une escouade d’araignées-tisseuses avait lancé un puissant sortilège sur les murailles, noyant les sentinelles dans un gaz mortel. Les mages du Royaume avaient riposté bien trop tard et seulement deux araignées avaient péri sous le déluge de feu. C’était une bien piètre consolation quand on fit le compte des sentinelles mortes empoisonnées.

Aujourd’hui, les maîtres des runes nains et les mages humains s’étaient activés une grande partie de la matinée à renforcer les sortilèges protecteurs de la Grande Muraille.
Les soldats en factions, ce soir-là, étaient tendus. Ils espéraient que les nouvelles protections magiques feraient le poids face aux attaques ennemies de cette nuit. Leur angoisse venait surtout du fait que l’ennemi n’avait jamais attaqué de la même manière à chaque fois. Beaucoup doutait que les mages du Royaume aient prévu toutes les éventualités.

Depuis un peu plus d’une semaine, l’armée ennemie s’était installée à quelques kilomètres de la Grande Muraille, plus au sud à la lisière de la Grande Forêt de Sorlen.

Au début, étaient arrivés les orques, plusieurs tribus à la fois. Depuis, le flot des peaux-vertes n’avaient cessé de grossir et on estimait leur nombre à plusieurs centaines de milliers.

Puis, vinrent les nomens. Ces étranges créatures simiesques, au pelage dur et gris qui se déplaçaient à quatre pattes ou dans les arbres. Originaires des profondes forêts du sud, ils se déplaçaient en bande et étaient très agressifs.
Mais les soldats du Royaume avaient pu tester leur résistance lors d’une escarmouche. Les nomens n’avaient pas tenu longtemps. Malgré leur surnombre, ils s’étaient débandés face aux Dragons Noirs après des pertes somme toute faibles.
A l’heure actuelle, des bandes de nomens flanquaient l’armée de Morloch, créant ainsi une zone tampon entre l’ennemi et les troupes du Grand Général.

Les morts-vivants étaient arrivés plus tard, menés par les Six de Noirmur.
Des mercenaires rescapés de la bataille de Chendill propageaient des rumeurs sur le duel entre Morloch et l’archi-liche Azerliark. Depuis, les Six, apprentis de feu l’archi-liche, s’étaient rangés sous sa bannière et avaient mené leur armée de morts-vivants jusqu’à la Grande Muraille.
Les terres où était stationnée l’armée mort-vivante étaient devenues stériles. Les arbres avaient dépéri et l’herbe ne poussait plus. Provenant du camp, une odeur de putréfaction envahissait les narines de sentinelles les jours de vent du sud.

Les araignées étaient arrivées presque en dernier. La masse grouillante d’arachnides étaient difficile à dénombrer mais la puissance magique des tisseuses avait fait des dégâts dans les rangs du Royaume. A l’heure actuelle, elles se terraient dans les profondeurs de la Grande Forêt de Sorlen. Les rumeurs prétendaient qu’une femme aux cheveux blancs comme neige et avec un étrange tatouage sur le visage vivait parmi elles. Mais jusqu’à maintenant, rien n’avait pu le vérifier.

En bon dernier, étaient arrivée une troupe hétéroclite d’humanoïdes, composant le train de l’armée de Morloch. Ils s’étaient installés à la droite des tribus orques et s’affairaient à construire des machines de guerre tandis que d’autres entassaient trois immenses tas de bois à l’orée de la forêt.

La liste des troupes ennemies ne serait pas complète sans la multitude de rumeurs qui faisait état de démons invoqués par le Grand Général, d’un bataillon entier d’orques que l’on ne pouvait blesser sans parler du pouvoir de persuasion de Morloch lorsqu’il vous parlait, ni de la force destructrice de sa voix lorsqu’il avait fait s’écrouler les murailles de Taine.

Pour les soldats du Royaume et leurs alliés, l’attente commençait à devenir insupportable. Au fil des jours, les rumeurs enflaient et ils se demandaient à quelle sauce ils allaient être mangés.
Beaucoup espérait que la bataille viendrait demain et ainsi mettre fin à leur calvaire …