La rose des vents
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Récit du Grant Ent

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Message  Glorim Sam 11 Déc - 9:45

Le Maharaja était un homme prévoyant. Il voulait préparer son fils, Sacrovèse, à la fonction royale. C’est pour ça qu’il l’a envoyé dans la jungle, quand il était encore tout gamin où il a passé deux hivers dans les bois sacrés ; le Maharaja ne voulait pas en faire un prêtre, mais un familier des druides, car un Maharaja doit composer autant, sinon plus, avec les sages de son entourage qu’avec les guerriers. C’est comme cela que le prince a rencontré Dharxes, pour leur malheur à tous. Dharxes était encore très jeune, il avait juste quelques années de plus que le prince. Mais il s’agissait d’un garçon éblouissant, d’un de ces héros qui ont plusieurs naissances et qui conservent le souvenir de leurs vies passées. À tout juste quinze ans, il possédait une érudition considérable : il s’était déjà élevé à un rang qui lui permettait de prendre la forme d’un tyrannosaure. Un vrai prodige: seuls des hommes faits, d’ordinaire, accèdent à science si profonde. C’est la raison pour laquelle on lui confiait déjà de petits disciples»

« Là-dessus, les années ont filé. Dharxes continuait à croître en sagesse et en pouvoir. Des contes couraient un peu partout à son sujet. C’était un puissant chanteur, qui surpassait la plupart des bardes dans les trois airs ; il connaissait les accès qui mènent au monde souterrain et il parlait aux dieux ; devenu un devin renommé, sa vue perçait très loin dans les trois directions que sont le passé, le futur et le cœur des hommes. De tous les royaumes, on venait solliciter ses oracles. Sa sagesse et sa renommée lui ont permis d’accéder très tôt au sacerdoce de Gardien du Portail. Cette consécration lui a valu quelques jalousies chez ses aînés, mais la plupart des druides qui vivaient dans les étendues Mwangi reconnaissaient la puissance de son talent. »

« Quand le Grand Druide Kyron est mort. Les druides se sont assemblés dans la jungle pour désigner son successeur. Normalement, la fonction devait échoir à Gumir : âgé de deux siècles, il occupait le plus haut rang de la hiérarchie sacrée, Grand Maître du Savoir ; conseiller des rois, des maharajas et de nombreux chefs de clans, il avait le soutien des anciens et des sages de l’ordre druidique, juges, guérisseurs, maîtres des quatre traditions. Pourtant, le conclave a très vite tourné de travers. Contre Gumir, Dharxes a fait acte de candidature. Son rang de Gardien du Portail le lui permettait, mais pas son jeune âge. Les débats n’en sont pas moins devenus très vifs : Dharxes avait séduit les devins, qui prophétisaient sa victoire, ainsi que quantité de druides de rang mineur. La majorité des disciples, des initiés et des éclairés soutenaient sa candidature. Leurs voix n’étaient pas prépondérantes, mais elles étaient de loin les plus nombreuses : cela a créé une fracture au sein de l’assemblée quand les anciens ont voulu élire Gumir envers et contre tout. Soutenu par le groupe le plus nombreux, Dharxes a refusé de reconnaître la consécration de son aîné. La querelle s’est envenimée. »

« Les deux rivaux se sont affrontés, magie contre magie. Chacun a entonné une satire contre son adversaire, et leurs chants étaient aussi puissants l’un que l’autre. Aucun n’a faibli, mais le fiel exprimé par leurs vers a envenimé toute l’assemblée. Les armes ont été tirées. Pour compenser l’infériorité de son parti, Gumir a invoqué un brouillard épais ; Dharxes l’a dissipé en faisant souffler une tempête. Le sang a coulé entre les druides. Moins nombreux, le parti de Gumir a été chassé, et Dharxes a été proclamé Grand Druide par ses partisans. »

« Gumir, cependant, refusait de s’avouer vaincu. Il avait été élu par le collège sacerdotal coutumier, il ne pouvait abandonner sa fonction à un usurpateur. Il s’est réfugié chez les Elfes. Dharxes a voulu le débusquer, mais la magie des deux Grands Druides s’équilibrait, et le Gardien du Portail n’avait pas de vrais guerriers à opposer aux elfes.

Les étendues Mwangi avaient grand besoin que leurs druides présentent un front uni, ou au moins ne se fassent pas la guerre, car de multiples menacent se présageaient. Aussi les Elfes ont-ils proposé une solution alternative : que la fonction de Grand Druide ne soit désormais plus l’apanage des hommes, des nains, des gnomes ou des hobbits, mais qu’elle incombe à une entité séculaire des étendues Mwangi : le Grand Ent. C'est à ce moment là qu'ils sont venus me proposer ce titre que je ne convoitais pas. Cependant, la dissension était trop forte parmi les Druides pour qu'un nouveau conclave ne s’achève pas dans un bain de sang. C’est pourquoi ils envoyèrent à leur place de jeunes acolytes qui proclamèrent à l’unanimité ma nouvelle charge. J'ai donc accepté et je me suis hâté d’octroyer à chacun des druides une fonction à la fois spécifique et essentielle. Pensant faire montre de sagesse, je me suis arrangé pour que leurs missions respectives les tiennent éloignés les uns des autres, afin que le temps fasse son usage, et que les tensions retombent.

Toutefois, pendant ce temps, Gumir préparait son retour. Il est entré par les songes en contact avec le Maharaja, dont le règne s'étiolait, et lui a fait la proposition suivante: il rechercherait pour lui un rituel qui permettrait à tous les Mbaiki d’adopter le forme du jaguar. Un tel exploit rendrait au règne du Maharaja vieillissant le lustre de ses premières années. Dharxes s'est dressé de toutes ses forces contre cette folie, mais la pression du peuple était trop forte, et il n'a pas été entendu. Il s'est donc rapproché de l'épouse du Grand Vizir et lui a fait part de ses craintes devant un tel blasphème. Elle a su convaincre son époux du danger, et ils ont travaillé ensemble des années durant, pour que les Mbaïki renoncent à cette folie. Leurs efforts ont été réduits à néant lorsque les partisans de la métamorphose les ont sauvagement assassinés.

Comme Gumir l'avait secrètement imaginé, Dharxes a perdu tout son crédit dans cette lutte. Le Maharaja, écartelé entre la tristesse d'avoir perdu le Grand Vizir et la sénilité qui commençait à brouiller son esprit, a chassé Dharxes de la cour.

Vivre dans la jungle, avec ses acolytes les plus fidèles, n'était en rien une punition pour Dharxes. Il préférait la majesté de la nature aux fastes du royaume Mbaîki.

Ce que le Maharaja ne savait pas, c'est que Dharxes s'était épris de Numéria, la femme du Grand Vizir. Celle-ci, sentant peut-être que sa dernière heure était proche, avait tenté de lui arracher la promesse de sauver les Mbaïki. Elle était persuadée qu'il était trop tard pour combattre le fanatisme des partisans de la métamorphose, mais que les générations futures ne devaient pas souffrir de la folie de leurs ainés. Dharxes n'avait pas accepté sur le moment, mais il s'est très vite promis de satisfaire la dernière volonté de la défunte, qu'il avait passionnément et secrètement aimée.

La problématique était particulièrement complexe. Il devait faire échouer le rituel et éliminer les fanatiques, tout en trouvant une solution pour que le peuple Mbaïki soit sauvé.

La première partie de son plan fonctionna à merveille, et lui permit d'assouvir sa vengeance contre le Maharaja, qui avait prouvé son incapacité à guider son peuple, et surtout, à protéger son Grand Vizir et sa famille. Il parvint à réunir une poignée de Mbaiki, issus de l'ancienne garde du Grand Vizir, qui doutaient du bienfait de la métamorphose pour tous, et n'eut que très peu de mal à les convaincre que la survie toute entière de leur civilisation était en jeu. Ils acceptèrent donc sa proposition, et parvinrent à saboter le rituel, en extrayant de sa chrysalide le jeune fils du prince, prisonnier de sa forme hybride, et qui postulait aux pouvoirs de métamorphose aux cotés de sa mère humaine, la princesse Gosha Ngali.

S'en suivi l'anathème du Grand Chamane et la colère du Dieu Jaguar. Momentanément pris de cours par l'ampleur de la malédiction, Dharxès trouva une échappatoire. Dans les jours qui suivirent, il pétrifia l'enfant et les quelques Mbaïki abasourdis, désorientés, et désormais stériles, qui l'avaient soutenu. Le prince Sacrovèse fouilla vainement pendant plusieurs semaines les cités Mbaïki à la recherche de son fils puis, fou de chagrin, disparut dans la jungle sans jamais reparaître.

Lorsque son vieil ennemi, Gumir, fut rappelé à la terre et à l'humus, la soif de veangeance de Dharxes se trouva étanchée. Mais son amour pour Numéria le consumait. Le poids de sa traîtrise envers Sacrovèse et la stase de ses quelques amis Mbaîki, que son choix avait sacrifiés, l'entrainait chaque jour un peu plus vers le côté sombre de sa personnalité. Il souhaita mourir pour rejoindre sa bien aimée, mais la mort se refusa à lui.

Il ne participait plus aux conclaves tous les 5 ans. Des années, des décennies de solitude se sont écoulées. Il devenait de plus en plus solitaire, de plus en plus taciturne.

Il a continué à vénérer la nature, mais ses prières ont changé. Il s'est mis à préférer le prédateur à la proie. Son ambition, sa soif de pouvoir, qui étaient restées si longtemps sous l'éteignoir sont revenues à la surface. On lui avait tout pris. Sa jeunesse, son amour, ses amis, son destin. Il avait été Grand Druide, et il devait le redevenir.

Pour cela, il lui fallait des alliés. Cinq siècles s'étaient écoulés, et tous les siens étaient morts.

Il était temps de s'acquitter de la promesse faite à Numéria, et de rendre la vie au peuple Mbaïki. Il était temps pour lui de renouer avec le pouvoir.

Il décida de changer de nom et de visage, et vint me consulter. Il me demanda de le reconnaitre comme membre honoraire du conclave, et de l'intégrer au cercle des druides. Il sut immédiatement que je l'avais reconnu, et je savais en acceptant qu'il venait pour me déraciner et prendre ma place, mais c'était dans l'ordre des choses. Pendant un demi millénaire, les peuples avaient prospéré, les proies potentielles s'étaient multipliées; quoi de plus naturel que cette période faste profite désormais à un prédateur.

Sur de son fait, il a rassemblé sa horde, ses compagnons de chasse. Lors du second conclave, il m'a annoncé que le 3ème serait pour moi le dernier, mais il ne m'a rien appris.

Tout ce temps, sous mes yeux ébahies par tant de naïveté, ses homologues ne se sont doutés de rien. Au premier jour de l'été, une fois le grand sacrifice effectué, je l'ai vu s'approcher à l'aube. Il a posé la main sur mon tronc et m'a simplement murmuré:

"il est temps."

"Vas-y, je ne t'en veux pas", lui ai-je répondu.

Il s'est frayé un chemin à travers mon écorce millénaire, et il a injecté le poison. La force de ma sève a prolongé mon agonie, et m'a permis de vous envoyer les seuls signes que j'étais en droit de prodiguer.
Glorim
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