La rose des vents
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

Chuck Byrne

Aller en bas

Chuck Byrne Empty Chuck Byrne

Message  Nyarly Jeu 13 Déc - 10:40

Fils d'Emma White et d'Edward Byrne, Chuck naît le 29 février 1892 à Bâton Rouge, Louisiane.
Son père est magasinier au Mc Dowel General Store jusqu'en 1907. Sa femme donne naissance à son quatrième enfant : la petite Cindy. Le maigre salaire d'Eward ne suffisant plus à nourrir sa famille, il demande à Timothy Mc Dowel, son employeur, une augmentation substantielle, quitte à faire des heures supplémentaires.

Byrne trime alors douze heures par jour, six jours par semaine et pendant douze mois, sans toucher le moindre cent supplémentaire.

Lorsqu'il se plaint à Mc Dowel, celui-ci, le cigare aux lèvres, lui réplique avec un léger sourire en coin : « Tu sais, Eddie, si je t'emploie c'est par pure charité chrétienne, parce que tu as une famille ! Tu fais ton job comme il faut, juste comme il faut ! Alors retourne bosser et ferme la, sinon ça risque d'aller mal pour toi !

Chuck Byrne P084-d10
D'abord interloqué, Edward laisse éclater sa colère et promet à Mc Dowel de faire savoir à qui voudra l'entendre comment il se comporte, lui un homme marié avec la jeune caissière du General Store. Deux jours plus tard, alors qu'Edward Byrne décharge un camion d'agrume dans l'entrepôt du magasin, les freins lâchent brusquement. On retrouve son corps sans vie au milieu des cageots disloqués, coincé entre le pare-chocs du camion et le mûr de l'entrepôt.

L'unique déclaration de Mc Dowel à l'officier du rapport sera :

« Toute une cargaison gâchée à cause de freins défectueux ! Mes clients vont devoir se passer d'oranges pendant quelques jours. Quant au nègre, pas la peine de lui en apporter à l'hôpital, il a eu sa dose... ».

Le jeune Chuck, alors âgé de quinze ans se retrouve tout à coup responsable d'une famille qu'il faut bien nourrir... Sa mère parvient à trouver du travail au Jazzy Belle au Bottom Club, un speakeasy de Bâton Rouge ; quant à Chuck, il est engagé comme garçon de course à la librairie Le Louis.

Lorsqu'il n'a pas de courses à faire pour Greg Leroy, le libraire, il s’installe sous les étagères couvertes de vieux livres poussiéreux et apprend à lire. Le soir, après s'être occupé de ses frères et de sa sœur dans leur misérable bicoque de bois et de tôle ondulée, il va chercher sa mère au club. Chuck s'arrange toujours pour arriver une heure avant la fermeture. Il s’assoit dans l'obscurité des coulisses et écoute l'orchestre interpréter les standards de l'époque. De temps à autre un musicien noir lui lance :

«  Alors, pt'it gars, on vient prendre des leçons de musique ? »

Les yeux écarquillés devant les instruments étincelants, le cœur accompagnant la grosse caisse, il répond invariablement :

« Ouai, m'sieur ! … Et j’apprends vite ! »

Ayant découvert l'intérêt de Chuck por les livres, le vieux Greg Leroy se charge bientôt de son éducation, et lorsque Chuck atteint l'âge de dix huit ans, il l'engage comme vendeur à la librairie.

La santé de sa mère est de plus en plus précaire. Un soir, à la fermeture du club, il ne la voit pas sortir. En pleine discussion avec les musiciens noirs, il n'a pas fait attention à elle. Il la retrouve dans l'arrière cour, le visage tuméfié. Emma lui explique que Jefferson Paine, le patron du Bottom Club, lui a reproché de ne pas avoir été assez entreprenante avec un client. Devant la colère de Chuck, elle le supplie de ne pas revenir. Chuck ravale sa rage tout en se promettant d'aller expliquer expliquer un jour à ce Paine la façon dont on parle aux dames.

A 21 ans, Chuck est brillamment reçu à l'examen d'entrée à l'Ecole de Police de Bâton Rouge. Il se retrouve cependant à la circulation...

En 1917, il est promu sergent. Le quartier dans lequel il patrouille est particulièrement chaud (le port, sur le Mississipi) et son travail demande une sérieuse maîtrise de son arme de service en de nombreuses occasions. Au stand de tir du commissariat, il se révèle être un tireur d'élite et on fait bientôt appel à lui lors de coups durs comme un braquage de banque ou l'arrestation d'un voyou retranché dans les bayous.

Un soir de décembre 1919, Chuck retrouve sa mère alitée et sans connaissance. La petite Cindy lui apprend qu'elle est entrée de bonne heure : elle paraissait malade et se tenait les côtes. Le médecin appelé par Chuck ne pourra que constater le décès. L'insistance du policier lui fera refuser le permis d'inhumer et demander une autopsie. L'examen médico-légal révèle alors qu'Emma Byrne a succombé à une hémorragie interne causée par de violent coups portés à l'abdomen. Chuck, encore sous l'effet de la douleur, devient fou de rage en apprenant que l'enquête conclue que sa mère a fait une chute. On cherche à protéger quelqu'un et ce quelqu'un ne peut être que cette ordure de Jefferson Paine.

Le lendemain après-midi, muni de son arme de service, il fonce au Bottom Club. Il se fait ouvrir par la femme de ménage, entre dans le club désert, s’accoude au bar, se verse trois rasade de bourbon dans un verre de bière et hurle le nom du propriétaire. Ce dernier apparaît dans l'encadrement de la porte donnant sur les coulisses. Paine se plante devant Chuck et lui dit sèchement que les nègres ne sont pas acceptés dans l'établissement. Imperturbable, Chuck vide son verre, sort sa plaque de policier et la claque d'un geste brusque sur le nez du patron :

«  Je m'appelle Byrne... Sergent Chuck Byrne !... et je viens te montrer comment, dans la police, on apprend la politesse...

Paine n'a pas le temps de porter les mains à son visage, soudain sanguinolent. Chuck le saisi au col, le fait basculer de l'autre côté du bar et s'applique à briser tout se qui se trouve devant lui en se servant de la tête du patron comme d'une batte de base ball.

Lorsqu'il ne reste plus un verre, plus une bouteille qui ne pourrait servir, il relève Paine, approche su visage tuméfié des poignées de bronze du système de pression de la bière et luid it en le lâchant dans l'évier :

Si j'épargne les poignées, c'est pour ne pas tacher mon costards, mais j'te jure que le cœur y est !

Puis il sort soulagé. Le soir même, un fourgon du commissariat central vient cueillir Chuck à son domicile. Une fois au poste, il est questionné par des collègues qui peuvent enfin lui cracher au visage ce qu'ils pensent d'un nègre dans les rangs de la police locale. Chuck ne devra son salut qu'à l'intervention autoritaire du Capitaine Dobro qui ordonnera qu'on l'enferme jusqu'au procès.

Chuck Byrne 1930_110

Les quelques heures d'interrogatoire coûteront tout de même à Chuck trois dents et son cartilage nasal.

La semaine suivante, le juge rendra un verdict accablant : Chuck est rayé des cadres de la police. Il écope d'une amende, d'une peine d'emprisonnement et d'un interdit de séjour à vie dans l'état de Louisiane. Chuck croupit pendant sept années au baggne d'Angola, situé au Nord de Bâton Rouge et « réservé » à une clientèle noire. L'espérance de vie moyenne est de quinze jours... Ce qu'il a pu y vivre restera un mystère, car jamais il n'en parlera à personne, comme si cette période de sa vie était effacée à tout jamais de sa mémoire.

Chuck Byrne Angola10

A sa sortie du bagne, il est attendu par un fourgon de police dans lequel ses ex-collègues le font monter, menottes au poings. On le conduit au Nord, à la frontière de l'Arkansas. Les routes devaient être très abîmées par les ornières profonde car lorsque le fourgon s'arrête, Chuck s'est ouvert l'arcade sourcilière. Les policiers le jettent de l'autre côté de la route, arment leur fusil et lui lancent :


Maintenant, avorton, on attend plus qu'une chose... que tu reviennes !

C'est la rage au ventre que Chuck quitte la Louisiane. Le seul courrier qu'il a reçu durant son séjours à Angola est une lettre de l'un de ses frère qui a recueilli la petite Cindy. Celui-ci le traite d'irresponsable et se félicite de pouvoir enfin veiller sur la bonne éducation de sa sœur.

Arrivé à Boston en juillet 1926. Chuck décide de gagner sa vie en louant ses services à la pègre locale. Le métier de convoyeur d'alcool ne lui pose aucun problème, si ce n'est une question de permis de port d'armes. Il est hors de question pour lui de se faire pincer pour permis de port d’armes prohibées. D'un autre côté, son boulot lui interdit de travailler sans équipement. Par un heureux concours de circonstance, Chuck apprend qu'un employé municipal chargé de délivrer ce genre de papier se laisse facilement graisser la patte.

Il obtient donc, pour une centaine de dollars, un permis en bonne et due forme.

Chuck n'a reçu qu'une seule leçon de son bref passage du côté de la pègre : c'est qu'on y fait généralement pas de vieux os. Mais il a déjà une idée qui fera son chemin : créer sa propre agence de détectives et apprendre aux flics qu'une série d'erreurs judiciaires peuvent être vengées au centuple par la honte qu'impitoyablement il leur infligera.

En 1927, Chuck habite dans le North End de Boston, une petite chambre que ui moue pour une bouchée de pain (et à crédit) Pete Genova, le patron du Pete's Club. Son idée d'agence de détectives tient toujours, mais pour cela, il lui faut de l'argent... ET ce n'est pas ce bon Pete qui lui en prêtera !

- Blues is life and life is trouble... ( Peter Chatman ).




20 mars 1919, Bâton Rouge

22h28 – Police Headquarter, Second District
- 18 appelle central… 18 appelle central
- Ici central, à vous 18.
- Suspects entrés par effraction aux entrepôts Cooks, au coin de la 5ème et d’East Street dans Riverside…
- Ne bougez pas 18, on vous envoie le Sergent Byrne.

22h39 – Angle de la 5ème rue et d’East Street
- Bonsoir Sergent
- ‘soir les gars. Combien y sont là dedans ?
- Pas plus de trois sergent. C’est le patron du restaurant qui nous a prévenus.
- Bon, ben on va attendre tranquillement qu’ils sortent pour les cueillir. Ne tirez que sur mon ordre.

23h00 – Entrepôts des fourrures Cooks
- Attention les gars, on attend le 3ème et on fonce.
- Okay Sergent.
- Police, mains en l’air !… Merde, ils défouraillent !
- Sergent ! Y en a un qui s’est barré !…
- Appelez une ambulance pour ces deux là. Constat et tout le toutim. L’autre est à moi !

23h34 – Une impasse le long de la 13ème rue
- Hey man ! Les mains sur la tête et lève-toi ! Pas de gestes brusques. Ho, t’entends ce que je te dis ?
- Huuhh… j’suis touché…
- Mais t’as quel âge toi ?
- Seize…
- Ben mon gamin, tu vas pas aller très loin avec ce trou dans l’bide. Y’a des pralines qu’on digère pas t’sais…
- J’veux pas crever…j’veux pas crever…
- C’est quoi ton blaze, dunoeud ?
- Luccini… Huuhh, Salvatore Luccini… Aidez moi m’sieur… Huuhh, s’il vous plaît…

23h50 – Memorial Hospital, Bâton Rouge
- Sergent de Police Byrne. Dans ma tire y a un môme avec un pruneau dans l’tirroir à saussices alors magnez vous !

21 mars 1919

4h00 – Memorial Hospital, chambre 112
- Alors ‘’Noodle’’, plutôt dur cette chiasse de plomb, non ?
- Plutôt ouais…
- Ecoute ‘’Noodle’’, tu vas me faire plaisir. Quand tu seras retapé, tu vas te casser de Bâton Rouge et trouver un bon job dans une autre ville. Parce que j’te préviens, si je te repiques au truc, y aura plus de cadeaux ! Tu piges ?
- Ouais… Sergent…
- J’te laisse dunoeud. N’oublie pas ce que j’t’ai dit : trouve un bon job… si tu peux…

4h20 – Une cabine téléphonique du Memorial Hospital
- Allô chef, ici Byrne. Non, il m’a filé entre les pattes… Oui chef… Okay chef… Oui mon rapport sera sur votre bureau ce matin chef… Oui chef… clic… Va te faire foutre, connard !




Boston, mardi 16 août 1927 – 3h57

Trois jours ! Trois jours et trois nuits qu’il se planquait au coin de cette rue. Suffisamment longtemps pour pouvoir y circuler les yeux fermés. Suffisamment longtemps pour avoir plus que jamais envie de la quitter pour un bon bain chaud et un vrai lit. Chuck ne supportait même plus sa propre odeur. Ses vêtements marqués par la sueur et la poussière semblaient peser chaque seconde d’avantage, lourds d’une rage croissante, vieille d’une dizaine d’heures.

La semaine précédente, un homme trapu et trop poli pour être honnête était venu s’asseoir à sa table au Pete’s Bar.
- Vous êtes Mr Byrne ?… Chuck Byrne ?… Mon nom est Cayne, Theobald Rufus Cayne et eu égard aux renseignements que j’ai pris sur vous, votre nouveau client. Ceci bien sûr quel que soit le tarif que vous jugerez bon de fixer pour une pareille tâche… Dois-je continuer ?
- Qui vous a dit que je recherchait un job ?…et puis d’abord, c’est quoi la galère infernale que vous m’offrez sur un matelas de biftons ?
- Ce que je sais sur vous et la façon dont je l’ai su est sans importance. Quant au job, comme vous dites, c’est l’enfance de l’art pour quelqu’un ayant votre…expérience.
- En clair ?
- En clair j’ai besoin de quelqu’un d’adroit sachant reconnaître son intérêt là où il se trouve…ici en l’occurrence ! …
Cayne accompagna ces derniers mots d’un mouvement vers sa poche d’où émergea une liasse de bank notes grosse comme le poing. Chuck admit que l’argument était fort bien balancé, et laissa Cayne le mettre au courant de sa mission. Il lui fallait des documents touchant à un quartier du vieux Boston, histoire sans doute de lui permettre de fignoler un hobby. N’empêche que les écrits qui intéressaient ce vieux légume desséché devaient être dérobés à la Bibliothèque de Harvard College, l’université de Boston. Enfin, pas de quoi fouetter un poulet… Chuck mit avec une égale rapidité ses interrogations au panier et les billets dans sa poche : 50$ d’acompte qui lui permettraient de redécouvrir le plaisir d’un vrai repas.
Le lendemain soir, son tour de passe-passe effectué, il se rendit au domicile de Cayne. Son mécène entrouvrit la porte avant même que le heurtoir ne retombe.
- Vous avez ce que je cherche ? lui demanda-t-il avec le regard du pervers sur l’écolière qui passe. Dites moi que vous les avez !
Chuck sortit de sa poche une enveloppe de papier brun. Le sexagénaire s’en empara en tremblant…
- C’est bien ça, souffla-t-il l’air apaisé, vous êtes à la hauteur de la réputation qu’on vous prête Mr Byrne.
- A la hauteur de mes honoraires surtout !
- Bien sûr j’oubliais… Entrez, je vous en prie, que je m’acquitte de ma dette…
La porte s’ouvrit en grand, laissant percevoir une tapisserie rongée, jaunie par l’anémique lueur d’une applique trop faible. Les quelques pas que fit Chuck dans cette entrée aussi usée que son propriétaire auraient dû lui rappeler cette éternelle maxime qui dit qu’un vieil oiseau sait toujours voler. Une douleur intense lui déchira sa nuque et embua son regard.
Le vieux souriait, satisfait…
Chuck se réveilla entre deux poubelles, souffrant de la promiscuité des rats et surtout d’une atroce migraine. Emergeant des détritus, délesté de son portefeuille et de son calibre, il fut à même de constater que la momie l’avait roulé. La bosse sur la nuque le lui rappelait douloureusement… A cet instant, il promit aux chats de gouttières qui l’observaient de leur servir Cayne en chair à pâtée.
Bien que l’oiseau se fut envolé de son nid, il reviendrai un jour, et ce jour là, il lui ferait manger son paillasson, foi de Chuck !…
Il quitta sa surveillance à 4h30. Soixante-douze heures sans expresso, ça commençait à faire long et le Pete’s Bar l’accueillerait bientôt, en admettant qu’il restât un rien de place sur son ardoise…
Cette journée commençait assez mal…

Nyarly
Paysan/Paysanne
Paysan/Paysanne

Nombre de messages : 35
Date d'inscription : 27/11/2012

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum