Au temple de Cérès de Delbarran

Une novice conduisit Alia auprès de la mère supérieure Emilia. Cette dernière se trouvait dans une petite pièce assise derrière un bureau. C’était une femme d’une soixantaine d’années, au visage fatigué mais qui avait du être très séduisante quand elle était plus jeune. Elle portait le blanc comme toutes les prêtresses de Cérès et ses poignets étaient ornés d’une double paire de bracelets en or.

Derrière elle se tenait debout, adossé au mur, un homme d’une quarantaine d’années. Les cheveux et le bouc noirs corbeaux, il était habillé simplement et dégageait une forte odeur de tabac brun. Son regard ne lâchait pas un instant celui d’Alia et il se tenait les bras croisés sur la poitrine dissimulant ainsi ses mains.

La mère supérieure lui sourit.

« Ainsi vous connaissez Syrio ! Je ne voudrais pas mettre votre parole en doute mais il ne nous a jamais parlés de vous. La première fois que je l’ai rencontré, il ne semblait pas avoir beaucoup d'amis. C’était un être solitaire qui semblait fuir quelque chose.
Mais les choses ont changé depuis qu’il a rencontré sa fiancée. On aurait dit qu’il renaissait, qu’il devenait une autre personne, coupant tous les ponts avec son ancienne vie …»

Emilia s’arrêta de parler puis reprit.

« Mais je parles trop et cela ne nous fait pas vraiment avancer. Je ne peux pas vous dire où il se trouve pour l’instant. Je ne vous connais pas et même si vous me semblez de bonne foi, je prendrais un gros risque en vous disant où il est en ce moment. Ce qu’il accomplit, lui et ses amis, est d’une importance capitale et nos ennemis sont nombreux et suffisant fourbes pour nous envoyer un espion sous l’apparence d’une jeune femme séduisante et de surcroît une bonne connaissance de Syrio. »

Emilia lui fit un sourire contrit.

« Vous comprendrez, j’espère, ma position. Je ne peux les mettre en péril en accédant à votre requête. Je suis désolée. »

Emilia regardait la jeune femme en lui souriant, les mains croisées sur le bureau, attendant sa réaction …

Je ne veux pas voir ça ... Je ne veux pas voir ça ... Je ne veux pas voir ça maman ... Mais je dois quand même faire mon travail de narrateur. Des fois c'est vraiment dur comme métier.

Les paroles de la prêtresse étaient comme des coups de poignard pour la jeune femme. Elle s'attendait à ne pas être très bien reçut, mais là c'était pire que tout. Non seulement, on venait de lui dire que Syrio ne leur avait jamais parlé d'elle, mais qu'en plus Sarah l'avait complètement changé. Comme si elle était une bénédiction pour lui.

La jeune femme serra les poings et contracta la mâchoire.

Le pire fut encore la suite, puisque la grande prêtresse confirma bien qu'il s'était embarqué dans une affaire ultra dangereuse et qu'en plus, on la prenait pour une espionne.

Pour qui elle se prend la vieille peau pour me traiter comme ça ? Si elle veut m'énerver, je crois qu'elle a réussi. S'ils ne me disent pas où se trouve mon beau Syrio, je vais tout péter.

La moutarde lui montait sérieusement au nez et tel un volcan, elle était prête à exploser. Elle plongea son regard dans celui de la prêtresse.

- Bon écoute moi bien grand-mère !! Je suis Alia Cordoba et je devais devenir la fiancée de Syrio si celui-ci ne s'était pas enfui de chez lui à l'âge de quinze ans ! Nos deux familles avaient déjà tout préparé. Tu parles qu'il fuyait quelque-chose !! Il fuyait son père Ignacio del Toro et sa manie de vouloir contrôler sa vie.

- Alors, si mon beau Syrio est en danger, tu as intérêt à me dire où il est et ce qu'il lui arrive ! Sinon, je vais vraiment péter un plomb tu as compris ?! S'il a des ennemis, je me ferais une joie de les réduire en cendre !!

La jeune femme avait vraiment l'air d'être à cran, mais cependant elle était très sincère. Et surtout très inquiète pour Syrio.

- Je suis sûr que c'est à cause de Sarah ! Elle m'a volé mon fiancé et je ne resterais pas là sans rien faire !! Comment-ce possible qu'il ait pu oublier une beauté aussi parfaite et chaude que moi ?!

- Vous n'auriez pas un tour de passe-passe ou un filtre d'amour pour faire succomber les beaux jeunes homme comme lui au moins ?

Alia était bien résolue à connaître toute la vérité. Elle était de plus en plus inquiète par toute cette histoire. Syrio fut l'une des rares personne avec laquelle elle s'était toujours bien entendu. C'est peut-être parce qu'ils avaient tous les deux un caractère de feu. Encore que Syrio s'était beaucoup calmé ces derniers temps. Il avait même beaucoup mûrit depuis le début de cette aventure et depuis qu'il allait devenir papa. Ce qui n'est pas encore le cas d'Alia qui est encore à l'état brute de décoffrage.

Elle posa ensuite son regard vers l'homme qui était dans la pièce.

- Et toi le vieux ?! Tu veux mon portrait ou quoi ? Je sais que je suis une bombe, mais quand même, tu pourrais être mon père !! Espèce de vieux lubrique !

Elle reposa de nouveau son regard sur Emillia. Des flammes brillaient au fond des yeux de la jeune mage. Au- delà de son franc parlé et de son flagrant manque de diplomatie, elle semblait vraiment être très inquiète pour Syrio.

La dernière phrase de la jeune femme fit éclater de rire l’homme qui se tenait debout adossé au mur. Il décroisa rapidement les bras et sa main droite fit un mouvement fluide de la gauche vers la droite.

Le sort frappa de plein fouet Alia, qui tituba un instant sur sa chaise, puis s’affala sur le bureau, endormie.

Emilia se leva et souleva la tête de la fille par les cheveux. Elle la regarda pendant quelques secondes puis la relâcha. Le crâne d’Alia cogna sur le dessus de la table avec un bruit sourd.

« Encore du temps de perdu, elle ne nous apprendra rien. Tu aurais mieux fait de la tuer. Elle va nous encombrer plus qu’autre chose. Sauf si tu as une idée en tête.»

L’homme en noir ne répondit rien. Il avait le regard fixé sur le corps. Il ne semblait pas avoir entendu ce que lui disait la prêtresse.
Puis, il bougea et se dirigea vers la jeune femme. Il incanta, situant son sort sur les mains d’Alia. Les doigts commencèrent à se rapprocher jusqu’à se toucher et la chair se souda entre eux.

« Relève-lui la tête. »

Emilia s’exécuta et le mage continua à incanter et les lèvres se soudèrent entre elles aussi. Puis, il la saisit par les épaules et la coucha par terre. Il sortit de sa poche plusieurs bouts de corde et les envoya s’attacher autour des poignets, des épaules, des jambes et des chevilles de la jeune femme endormie.

Puis, il se pencha sur elle et commença à la fouiller, non sans un certain plaisir pervers. Il lui retira plusieurs gris-gris protecteurs et un anneau qu’il glissa dans sa poche.

Alors qu’il continuait sa fouille, la porte s’ouvrit. L’homme et Emilia relevèrent la tête et virent entrer la novice qui avait emmenée Alia vers eux.

Elle referma la porte.

« Alors ? Mouais, vu vos têtes, on encore perdu notre temps. L’autre cinglé va commencer à perdre patiente si on lui ramène pas le bout d’un piste bientôt.»

Le mage grogna.

« Si t’avais pas mangé la moitié des gens au courant, on en serait pas là.
- Ouais, et si t’étais un mage d’un plus gros calibre, tu pourrais faire parler ceux qui pourrissent à moitié morts dans les cryptes du temple.
- Taisez-vous tous les deux ! gronda Emilia. Qu’est-ce qu’on va faire d’elle ? Elle n’a pas l’air de savoir grand-chose, et en vie elle ne nous sert pas à grand-chose sauf a nous procurés plus d’ennuis qu’on en a.
- On pourrait la manger ? questionna la novice. »

Emilia la regarda avec un regard sévère.

« Ben quoi, j’aime bien manger des mages, ça me donne plus de pouvoirs, gémit toute penaude la novice. »

Le mage sourit.

« J’ai une bien meilleure idée mais il me faudra un peu de temps. On va commencer par la foutre en bas avec les autres, mais dans une pièce à part. »

Le mage claqua des doigts et le corps d’Alia se mit à léviter. La novice ouvrit la porte et les deux autres sortirent de la pièce en poussant le corps devant eux …

Alia se réveilla dans une pièce sombre et humide. Plusieurs bougies disposées un peu partout tentaient de repousser les ténèbres. Elle était attachée sur une table en bois qui sentait le moisi. Elle éprouva la résistance de ses liens mais ils refusèrent de céder. Le type qui l’avait ligotée connaissait son boulot.
Elle voulut crier mais remarqua avec horreur que ses lèvres refusaient de s’ouvrir. Serrant les poings de rage, elle découvrit que ses doigts étaient eux aussi soudés. Désespérée, elle tapa violemment sa tête sur la table et une petite larme coula sur sa joue. Elle était à leur merci.

Un bruit se fit entendre derrière sa tête. Elle vit une ombre se pencher sur elle. C’était un homme. Il avait de longs cheveux noirs mais elle distinguait difficilement son visage.

« Tout doux, jeune fille. Tu n’as aucune raison de t’énerver de la sorte, je n’ai pas l’intention de te faire du mal. Bien au contraire. »

Il se mit à ricaner. Il se déplaça autour de la table et vint se positionner à sa droite. Elle le vit un peu mieux. Il portait une longue robe à capuche de couleur sombre et un bâton ouvragé dans la main. Mais elle ne distinguait pas son visage, seuls ses cheveux longs dépassaient de la capuche.
Elle ne reconnut pas sa voix. Ce n’était pas l’homme qu’elle avait rencontré avec la grande prêtresse. Dans les mains de qui pouvait-elle bien se trouver ?

L’homme sortit une dague de sa manche et coupa une mèche de cheveux. Il l’examina.

« Des cheveux couleur du feu. Très intéressant. Je suppose que c’est ta couleur naturelle. Tu n’es pas de ses petites magiciennes stupides qui se colorent les cheveux, j’espère.»

Il fredonnait, mélangeant dans un brouet la mèche avec d’autres liquides contenus dans des fioles posées près de lui. Puis, il approcha la flamme d’une bougie et le contenu du récipient s’enflamma.
La flamme était d’un beau rouge bien lumineux. Le mage incanta et elle prit un teinte orangée. Puis, avec ses mains, il modela à distance la flamme en une sphère lumineuse aux reflets rouge orangé.

Satisfait, il se tourna vers Alia. Il posa la sphère sur sa poitrine. La jeune femme avait du mal à détacher son regard de la boule magique.

« Tu es bien malheureuse, n’est-ce-pas ? Mais Tonton Valérian va arranger ça. Tu verras. Je sais être très gentil quand je veux. »

Il lui fit un grand sourire.

« Les choses ne sont pas bien déroulées pour toi. Tu as une enfance malheureuse. Un caractère de feu, cela n’aide pas à se faire des amis. Puis, vint l’adolescence, période délicate. Certains ne s’en remettent jamais. »

Il soupira.

« Mais tu avais quand même réussi à te faire un ami. Et il a fallu que tu en tombes amoureuse. La vie est bien faite, tu ne trouves pas ? Il était beau, intelligent, courageux, avec certes du caractère mais bon tu pouvais difficilement lui reprocher, surtout quand on connait le tien. Mais voilà, il est partit, sans te dire au revoir. Pas très sympa de sa part, non ? Toi qui l’aimais tant. Ça me ferait presque chialer, tiens ! »

Le mage changea de ton. Il devint plus sombre, plus méchant.

« Mais le comble fut quand tu appris que l’amour de ta vie s’est enfui parce qu’il n’a pas voulu se marier avec toi. C’est triste. Tu as du beaucoup pleurer. »

Le mage noir se mit à rire aux éclats.

« Non. Connaissant ton tempérament, t’as du bruler de rage tout ce qui te tombait sous la main, essayant de calmer ta colère. Peut-être que tu y es arrivée. Mais j’en doute. Vous autres mages du feu, ça vous dévore de l’intérieur continuellement. Cette rage en vous ne meurt jamais, elle est toujours là et ressurgira immanquablement un jour ou l’autre. »

Le mage lui fit un sourire qui passait plus pour une grimace.

« Je me demande quelle réaction as-tu eu lorsque tu as appris qu’il était fiancé. T’as cramé des pauvres petits paysans, foutu le feu à leurs champs ou à une forêt, tué ton maître dans un duel au départ amical ou peut-être à ton petit ami du moment …ha, non, c’est vrai, tu n’as pas de petit ami, tu n’aimes que lui. »

Son ton se fit plus ironique

« Je sais pas si tu as déjà rencontré Sarah. Autant te le dire tout de suite, elle est plus jolie que toi. Te fais pas d’illusion. Tu pourras jamais rivaliser avec elle. Et puis, elle est d’une douceur, tu verrais. D’ailleurs, Syrio parle toujours d’elle en disant ma douce Sarah. C’est mignon, non ?
Non, Tu trouves pas. C’est vrai, je suis assez d’accord avec toi. Moi, ça a tendance à me faire gerber. Toujours est-il que pour pouvoir rivaliser avec elle, il va falloir s’accrocher. Parce non seulement, il est fiancé avec elle mais en plus, il lui a fait un gosse. Une gamine d’après les rumeurs et pas n’importe quelle gamine. La réincarnation de Cérès. Rien que ça !
Enfin bref, tout ça pour dire que tu peux te brosser pour le récupérer. On ne rivalise pas avec la mère d’une déesse. Alors, laisse tomber. Tu rentres chez toi. Tu te trouves un mari bien gentil pour qui tu écarteras les cuisses de temps en temps pour qu’il te fasse des gosses. Et puis, basta. C’est quand même mieux que de courir après des chimères tout ta vie, non ? »

Le mage la regarda, puis regarda la sphère lumineuse.

« Mais ne t’ai-je pas dis que j’étais un mec sympa. Je vais t’aider à le récupérer. Tu vois, le fait que Syrio ne soit pas amoureux de toi n’est qu’une question de détails. Sarah, un détail. L’enfant, un autre détail. Lorsqu’on t’aura aidée à supprimer les deux. Syrio sera tout à toi. Certes, il sera triste mais il sera tout à toi. Il viendra pleurer sur ton épaule et tu le consoleras. Et, je suis sûr qu’il oubliera bien vite cette Sarah. Au pire, je lui donnerais un petit coup de pouce.»

Le mage lui fit un clin d’œil. Il regarda la sphère puis Alia. Son regard était fixé sur la sphère. Il dit un mot de pouvoir et ses liens se défirent.

Alia s’assit lentement tenant la sphère dans ses mains, le lâchant pas la sphère des yeux. Puis, elle se tourna vers le mage noir. Ce dernier lui sourit.

« Alors qui dois-tu tuer ?
- Sarah.
- Pourquoi ?
- Pour le bien de Syrio.
- Et l’enfant ?
- Il est pour toi.
- Bien, tu es une gentille fille. Viens, je vais te présenter à nos petits camarades de jeu. »

Valérian aida Alia à descendre de la table et ils sortirent de la pièce …

La terre avait été complètement brûlée par la pluie de sang. Rien n’avait résisté au déluge brûlant qui s’était abattu sur la zone du rituel.
Kahan s’avançait doucement dans la cendre rougie par le sang tombé du ciel. Elle était encore chaude et il supposait qu’elle mettrait encore du temps à refroidir.
Une forte odeur de fer chaud lui agressait les narines.
Il avait atteint la zone du rituel et observait les grandes pierres plates d’obsidienne plantées dans le sol. Beaucoup avait souffert du rituel et les pierres de pouvoir enchâssées en elles étaient soit noire soit brisée.
Il fit le tour du cercle de pierre et tomba finalement sur un cadavre. Il était tout malingre. La chair carbonisée s’était racorni sur le squelette du mort. Difficile de dire qui il avait pu être.
Kahan se rapprocha du cadavre et observa son crâne. Il avait été transpercé par une lame, sûrement une épée.

Il se tourna et siffla en direction des trois autres qui étaient restés à l’écart, loin de la zone morte.
Valérian apparut à ses côtés. Kahan lui lança un regard de reproche. Le magicien haussa les épaules montrant qu’il s’en moquait complètement.

« Qu’est-ce-que t’as trouvé de beau ? »

Kahan lui désigna le crâne du doigt.

« Esus ? Enfin, du moins son cadavre, tu penses qu’il a été détruit ou que son esprit est encore là ?
- J’sais pas. C’est toi le sorcier ici.
- Hmm. »

Valérian commença à incanter. Le squelette se mit à briller d’une lueur bleue mais rien ne se passa ensuite.
Valérian fut déçu.

« Je crois qu’il est réellement mort, cette fois. C’est con pour lui et pour nous. On a plus de boulot. »

Kahan se tourna vers les deux autres, resté à l’écart.

« Et la fille ?
- J’en sais rien. Esus nous avait demandés de la garder comme otage au cas où le fameux Syrio serait là. Mais ça a pas servi. Il aurait mieux fait de nous laisser participer au combat au lieu de nous cantonner au rôle de baby-sitter. Mais maintenant qu’il est mort, on est là comme des cons. Sans savoir ce qu’on doit en faire.
- On pourrait la tuer. Histoire de se venger d’eux pour la mort de notre employeur.
- T’y tenais tant que ça à l’autre cinglé ?
- Non
- Moi, non plus. »

Ils restèrent un instant silencieux. Puis, Kahan reprit la parole.

« Ça nous dit pas ce qu’on doit en faire.
- On a cas la garder avec nous jusqu’à ce qu’on trouve quoi en faire. Et puis, je commence à m’y attacher, dit-il en arrachant le crâne du squelette.
- Tu vas faire quoi avec ça ?
- Ben, tu vois, je me disais que le crâne du lieutenant Qu devait s’ennuyer tout seul dans mon sac. Ça lui ferait de la compagnie. »

Kahan secoua la tête et s’éloigna du magicien.

« Ben quoi ! lui cria ce dernier. C’est une bonne idée et puis ça nous fera un souvenir.»

Kahan se retourna vers lui.

« Tu ferais mieux de te préoccuper de ce qu’on va faire maintenant.
- On va se balader un peu et trouver un employeur dans nos cordes, lui répondit-il avec un grand sourire. Ne t’inquiète pas. Ce monde est en plein chaos, on ne devrait pas s’ennuyer. »

Puis, ils repartirent ensemble vers les deux autres. Kahan marchant l’air renfrogné, tandis que Valérian sifflotait tout en épluchant avec sa dague les restes de chair carbonisée sur le crâne d’Esus …