La rose des vents
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Pénitence

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Message  Butcher Jeu 15 Juil - 15:16

Hrp : une tite musique d'ambiance.



Pénitence

Le voyage à pied se passait bien. Le jeune métis faisait chemin vers la ville sainte avec un groupe de pèlerin. Pour ce voyage, il avait pris soin de se fondre dans la masse en s’habillant avec une sorte de robe à capuchon aussi affreuse qu’inconfortable. Il fallait croire que le pèlerin aimait souffrir, même avec leurs habits. Le tissu dont elle était faite était très épais. Il faisait donc une chaleur à crever sous cette robe et en plus, elle le démangeait.

Le jeune métis avait l’esprit tellement encombré par des mauvaises pensées qu’il ne prêtait même pas attention à ce détail et aux kilomètres que ses pieds faisaient. Il avait avalé la trentaine de kilomètres sans même s’en rendre compte. Une farandole d’images dansait dans sa tête. Une danse qui se terminait toujours avec le regard de Cécile. Le regard qu’elle affichait lors de leur dernière soirée. Un regard qui était une véritable torture pour lui parce que par sa faute, elle allait souffrir. À cause de ce fameux contrat, son cœur portait une nouvelle scarification et son âme un nouveau poids. C’était pour cela qu’il avait décidé de prendre le chemin d’Elyath. Une décision qu’il avait maintenue malgré les paroles de père Maximus. Une décision qu’il avait mise en pratique aussi vite que possible.

Dans la ville sainte, Eduardo se dirigea immédiatement vers le sanctuaire. Il allait commencer son chemin de croix sans perdre un instant. Le soleil était haut dans le ciel. Ses rayons étaient encore puissants en cette fin d’été. Ils avaient encore assez de puissance pour assommer un bœuf dans cette immense partie du sanctuaire totalement dépourvu d’arbres. Ici, hors de question de se cacher à l’ombre, puisqu’il n’y en avait pas. Le chemin de croix était fait en dalle de marbre. Les pèlerins étaient agenouillés et ils avançaient lentement en direction de la petite chapelle. A l’intérieur, il pouvait faire en passant une brève prière devant la sainte relique. Après soit il en avait fini, soit il recommençait en fonction de la promesse qu’il avait fait à Arlam.

Pour Eduardo, c’était simple, il ne partirait pas d’ici tant qu’il n’aurait pas calmé sa conscience et tant qu’il sentirait peser sur lui le doigt accusateur d’Arlam.

Il se mit à genoux et entama le parcours. Un parcours qui devait faire bien plus d’un kilomètre et qui donnait l’impression d’en faire dix fois plus lorsqu’on le faisait à genoux sous un soleil de plomb. On avait l’impression d’être pris en tenaille entre le feu céleste et le feu terrestre. En effet, le marbre était brûlant. Une brûlure qui était accentuée par les innombrables frottements des genoux sur le sol.

Le regard perdu sur le sol, les mains jointes en guise de prière, le jeune métis passa une fois, puis deux fois, puis encore un nombre incalculable de fois devant la relique. À chaque fois, il faisait la même prière. Il y avait une première partie pour Cécile et une deuxième partie pour son âme. Lors des derniers passages de la journée, il ressemblait plus à un pantin désarticulé qu’à un pèlerin... Les prêtres en charge de la surveillance du sanctuaire se demandaient bien s’il était encore conscient, tellement, il ne semblait plus réagir aux stimuli extérieurs. Ils furent même obligés de l’éjecter du chemin lorsque le soleil se coucha. La chapelle était fermée pendant la nuit et personne n’était autorisé à rester sur le chemin de croix. Ils l’attrapèrent à plusieurs et le conduire hors du sanctuaire. Il l’adossèrent contre un mur et le laissèrent livrer à son propre destin.

Il resta complètement immobile pendant la première partie de la soirée. Il était incapable de faire le moindre geste. Le soleil, la fatigue, la soif, la faim, les douleurs musculaires et ses genoux le faisaient trop souffrir pour qu’il puisse ne serait ce que bouger le petit orteil. Il n’y avait que ses muscles vitaux qui bougeaient encore, notamment ceux du cœur et de la respiration.

Avec les heures, la nuit devint plus fraîche. Un petit vent vint légèrement revigorer Eduardo. Ce dernier n’avait toujours pas bougé de place. Il sortit de sa poche un petit couteau ainsi qu’un petit morceau de viande sécher dans l’espoir de s’alimenter un peu. Il fallait qu’il se prépare à affronter la journée de demain qui serait bien plus dure que celle-là, puisque ses résistances physiques et mentales avaient déjà bien entamé.

Hrp : tite vidéo pour illustrer le chemin de croix. C'est en portugais ... Oui, cela se passe dans ma région natal


La vision de la petite lame qui reflétait la lueur lunaire le fit revenir quelques années en arrière. Une nuit à Askelane, il avait été à deux doigts de s’ouvrir les veines et de s’enfoncer un couteau dans le cœur pour en finir avec sa misérable vie. Aujourd’hui, son regard était à nouveau focalisé par la lame. Son moral n’était pas au beau fixe et la journée au sanctuaire avait éprouvé sa volonté. On avait vraiment l’impression que la lame l’avait hypnotisé.

Actuellement, dans sa tête, c’était le casse-tête. Il se voyait être prisonnier dans une gigantesque toile d’araignée. Les files tissés par l’immense araignée qui trônait au centre de la structure filaire étaient bien trop solides pour qu’il puisse s’en défaire. En tournant la tête, il fut surpris de voir que d’autres formes étaient enchevêtrées dans cette toile. Elles étaient confinées dans un cocon tissé par les soins de la maîtresse des lieux. Il en reconnut très vite le contenu. Il y avait d’un côté Cécile et de l’autre Lux, Helena et un coffre qui devait contenir plusieurs centaines de couronnes. Son regard croisa celui de l’araignée et dans un sifflement très aigu, les cocons de lux, Héléna se défirent, ainsi que celui du coffre. Puis, en une fraction de seconde, ils disparurent de la toile. Par contre, Cécile était toujours là et semblait souffrir de plus en plus sous le regard neutre de l’araignée. Plus elle souffrait et plus le jeune métis se sentait mal à l’aise.

L’araignée se détourna de Cécile pour revenir vers Eduardo. En faisant ce court trajet, la tête chitineuse de l’insecte se transforma en tête humaine. Une tête qu’Eduardo connaissait, puisqu’il s’agissait de la tête du père Maximus. A sa hauteur, cette créature mi-humaine, mi insecte cracha un poignard qui tomba à plat sur le ventre du prisonnier.

Allons, mon garçon, tu vois bien que c’est inutile ? Tu ne pas lutter contre la toile du destin.

La seule manière de mettre un terme à ta souffrance, tu la connais. Utilise-le et tout sera terminé.

Tu ne souffriras plus jamais …


En prononçant ses derniers mots, la créature s’évapora ainsi que Cécile et la toile. Le jeune métis se retrouva seul dans le noir avec la lame que la créature venait de vomir. Il se baissa et l’empoigna avant de la diriger lentement vers le côté droit de son torse. Il la plaça juste entre les premières côtes de son grill costal, celles qui étaient censées protéger le cœur.

Un long moment se passa sans qu’il n’esquisse le moindre geste. Un énorme flash lumineux vint exploser l’obscurité lorsqu’il se décida enfin d’en finir en enfonçant la lame dans son cœur. (1)

Ses dernières forces étaient déjà en train de l’abandonner et son corps penchait déjà sur le côté avant qu’il ne tape le sol pour la dernière fois …. (2)
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Ange

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