L''éveil de Skarn

Skarn visitait ou plutôt revisitait la Contrée, au travers de ses nouveaux yeux… avec ce nouveau corps qu’il n’avait pas souhaité. Son sang bouillonnait dans ses veines, il sentait la Fureur toujours en lui.

Il ne vit pas tout de suite le vieil orc se dirigeait vers lui, lentement, au rythme de sa canne qui heurtait le sol à intervalles réguliers. Celui-ci arborait une longue tresse blanche en guise de barbe, le front et le haut du crâne largement dégarni. De longs cheveux retombaient de l’arrière de son crâne jusque sur ses épaules. Il portait un bandeau sur l’œil droit, marqué d’un emblème de la Horde en fer blanc. Ses traits étaient usés, ses bras nus et musculeux couverts de cicatrices, certaines plus récentes que d’autres. Il portait une perle autour du cou, pendue à une petite ficelle de cuir noir et qui irradiait. A bien y regarder, l’air et le torse du vieux peau verte étaient gelés au contact du pendentif. Des bagues d’une pierre noire, serties dans de simples anneaux dorées décoraient ses mains râpeuses.

Eh bien… Qu’est il arrivé à ton corps, fier guerrier de la Horde ?

Mesurant l'expérience et la sagesse du viel orc, Skarn eut la franchise d'avouer sa malédiction en espérant

qu'il ne le rejette pas. En soupirant:
- Hélas ! Je suis tombé, ensorcelé par un maudit gnome qui a fait de moi ce que tu vois. Un orc déshonnoré, vaincu, que l'on a ramené à la vie sans autre raison apparente que l'humiliation. Peut-être avez-vous des informations sur ce nécromancien gnome encapuchonné arborant un oeil sur sa tunique ? Je suppose qu'il travaille pour le Fléau plutôt que pour l'Alliance.

Le vieil orc toisa et jaugea directement le fier guerrier.

Je m'appelle Thoomdall. J'étais autrefois un shaman de la tribu des Blood Shadow, qui a accompagné Thrall lors de la libération des Orcs enfermés dans les camps des ses maudits humains.

Le gnome dont tu me parles ne me dit strictement rien. En revanche il ne faut pas confondre mon garçon. La nécromancie permet de relever des squelettes et des tas d'autres applications douteuses, mais ne donne pas de résultats tels que toi. Ca, c'est l'oeuvre du Fléau. Tel que lors de la dernière invasion de Légion Ardente. Mais celui ci touche désormais les Orcs... C'est une bien grave nouvelle... En revanche, je sens quelque chose de différent en toi...

Les forces inhérentes à note race semblent être différente... Je ne ressens pas la puissance de ton sang comme celle des autres Orcs. Je sens sa présence, contrairement aux Réprouvés, mais... c'est différent. Quel est ton avis et tes ressentiments la dessus?

Avec tous le respect dû à un shaman vénérable, il se livra sur cette froide et sombre colère qui s'insinuait dans son esprit :
- C'est... C'est comme si une énergie malfaisante avait remplacé mon sang... je la sens parcourir mes membres, froide, liquide et surtout doté d'une volonté heineuse... comme si elle avait pris possession de mon corps. Je la sens qui tente de ronger mon esprit, qui murmure et attise la frustration et la rage. La force de la Horde semble m'avoir abandonnée: je ne sens plus cette volonté de vivre, de vaincre, d'abattre les obstacles.
Le regard pensif, figé sur le lointain à la recherche de l'invisible, Skarn avoua en chuchotant :
- En ce moment même, je... j'ai cette envie de tout détruire, un besoin irrepréssible de tuer tous les vivants. Sans vouloir vous offenser, et pour que vous compreniez l'ampleur de ma malédiction, je sais que si je baisse ma garde, cette furie noire qui me hante me pousserait à vous attaquer. Elle veut votre vitalité, Shaman Thoomdall. Elle veut dévorer votre âme et boire votre sang chaud. ces pulsions me rendent fou.
En regardant le Shaman d'un regard plein de détresse, Skarn implora :

- Je vous en prie. Aidez-moi. Dites-moi comment je peux guérir !!

Le vieil orc sembla réagir aux paroles de Skarn. Il se caressa un moment la barbe avant de parler, l’œil perdu dans le vague.

Je comprends ce que tu ressens. Autrefois, les Orcs, sous le joug de Mannoroth de la Légion Ardente, étaient soumis à une rage qui ne se calmait jamais. Ils réclamaient du sang systématiquement. Ils ne furent libérés que bien plus tard. Après l’internement des nôtres par les humains dans ces camps, la rage nous a quittés. Mais cela minait notre cœur et nous mourrions à petit feu. Jusqu’à ce que Thrall nous mène vers ce que nous sommes aujourd’hui. Mais je ne t’apprends rien en te disant cela.

Mais c’était avant tout pour te dire que la Horde ne t’a pas abandonné comme tu viens de le dire. C’est même plutôt surprenant que cette Fureur soit en toi étant donné ta condition. Tu n’as pas bu le sang d’un démon à tout hasard ces derniers temps ? plaisanta-t-il.

Il faut cependant que tu arrives à la contrôler. Mais ce ne sera pas chose aisée. Tu n’en guériras jamais, tu l’accepteras tout au plus. Et tu feras en sorte de ne pas attaquer tes alliés. Malheureusement je ne pourrais pas t’en dire beaucoup plus. Je ne suis pas spécialiste dans le domaine des… morts vivants. Peut être un érudit réprouvé pourrait t’en dire plus que moi. Mais fais attention à eux. Certains sont étranges et pourraient t’enfermer des années pour faire des expériences sur toi. Là où nous respectons la Nature, puisons sa force et respectons ces cycles, eux n’hésitent pas à bafouer les limites du temps pour faire des expériences autrement impossibles !

- Alors aucun espoir de guérison ..., dit Skarn pour lui-même. C'était dur à accepter.
- Mais vous avez raison, même si je suis mort, je dois continuer à servir la Horde. Je crains seulement les regards méfiants des vivants, mais j'essaierai de m'y accomoder. Les Réprouvés sont nos alliés, je servirai de lien entre nos deux peuples.

Revigoré par ses propros,Skarn hurla avec force en direction du ciel comme un défi à la fatalité.

- Merci Thoomdall. Pour tes conseils et ta compassion, je te suis redevable. Si nos routes se croisent à nouveau et que tu es dans le besoin, je t'aiderai du mieux que je peux.

Le vieil le sonda longuement.

Tu ne peux blamer personne pour ce qu'il t'arrive. Tu n'es que le jouet du destin, comme nous tous. J'espère juste que tu sera assez fort pour vivre comme tu l'entends désormais.

...

Cette rage qui bout en toi est tout autant ton salut que ta damnation. Il est possible qu'elle t'ait sauvé, mais il est également envisageable qu'elle te perdes. Sois prudent à l'avenir, écoute ce que te dis ton coeur et ton esprit. Accepte toi. Reste fier, guerrier de la Horde.


HRP : J'en profite pour te rappeler de me faire un petit jet de Perception s'il te plait

- Oh si, il y a quelqu'un de responsable... Il y a ce sale Gnome sournois ! Il m'a jeté un sort et si ce n'est lui qui m'a transformé ainsi, c'est tout de même lui qui m'a tué avec sa sorcellerie.
Skarn grimaçait de haine, ses poings crispés tremblaient sous la colère.
- J'écraserai de ma main son crâne rempli de vers. Je nettoierai mon honneur par le sang. Oui ! C'est ce que murmure ce coeur froid et sans vie qui sommeille dans ma poitrine !! rugit-il en frappant son torse puissant du poings.

Ton coeur n'est pas froid. S'il te hurle vengeance, abreuve le. C'est ce qui te prouve que tu ne fais pas partie de ces sang froids que tu abhorres. Et tant que ce coeur chantera ainsi, tu resteras un orc.

Tu es bien certain que ce Gnome est le seul responsable de ton malheur?

Pensif, Skarn grogna :
- Sauf votre respect Shaman, j'entends bien que mon coeur ne bat plus, que mon sang ne coule plus, que mon corps ne vit plus... Il n'y a plus que cette étrange malédiction qui anime ce cadavre et y retient mon esprit. Je ne vois pas ce qui me différencie à présent des autres mort-vivants. Mais j'écoute volontiers votre conseil : ma vengeance ne laissera qu'un sillage de sang vers le véritable auteur de ce sortilège.
La piste la plus proche se résume à ce gnome à capuche.
Je le ferai parler !
En s'inclinant, Skarn remercia le Shaman pour son soutien.
- A bientôt peut être ! Je vais rejoindre les gars qui m'ont libéré de ma prison, peut-être pourront t-ils m'aider.
Bonne continuation !