Une conclusion

**Butcher** Jeu 15 Avr - 14:49

Une conclusion

Je ... suis ...

Je suis ... explosé ...

Le jeune homme montait l’escalier qui menait à sa petite chambre qui se trouvait dans les combles de la maison de Gisèle. Aujourd'hui, pour y monter, il était obligé de s'aider de la rambarde des escaliers. Sans cet appui, son corps aurait refusé d'entamer cette pénible ascension.

Mon lit ...

Je veux ... mon lit ...

Lorsqu'il arriva en haut de l'escalier, une vague de soulagement traversa son visage. Il allait enfin pouvoir se reposer. L'après-midi avait été plus qu'excellent, mais beaucoup trop éprouvant pour son corps. Trop rapide, elle était beaucoup trop rapide à suivre. L'entraînement était vraiment très rude, trop rude pour le jeune courtisan. Son corps était perclus de crampes et tous ses muscles lui faisait mal. D'ailleurs, il ne pensait pas en avoir autant.

Le petit Eduardo qui prenait de son plein gré des cours d'escrime ultra violents ... Lui, qui n'aimait pas la violence ... Était-il devenu fou ?

Je vous répondrais oui et non ... Non, il n'aimait toujours pas, ni l'escrime, ni la violence. Par contre, il était fou amoureux de celle qui lui dispensait les cours. Du coup, il y allait et en plus il y allait avec le sourire, même s'il savait pertinemment qu'il allait prendre cher. Il savait d'avance qu'il finirait les entraînements complètement exténués, comme s'il venait de courir un marathon avec une meute de chien enragés à ses trousses.

Il poussa la porte, se dirigea vers son lit et s'y laissa tomber comme une véritable loque. Le contact avec son matelas fut une véritable délivrance. Elle fut cependant de courte durée. La petite Héléna ne tarda pas à venir lui faire un gros câlin. Elle grimpa sur le lit et vint s'asseoir sur son dos pour le plus grand plaisir de ses dorsales endolories.

- Alors, c'était bien "dudu" ?

- ouais ...

La voix du jeune homme n'était qu'un murmure. Il n'avait plus assez de forces pour parler avec un volume sonore plus élevé.

- Qu'est-ce qui se passe, tu es fatigué ? Tu as mal ?

- Ouais ...

- Elle a été méchante avec toi, "Dudu"* ?

- Nan ...

- Elle est gentille, hein ?

- Oui, très gentille.

La dernière réponse était plus un doux murmure qu'un murmure de fatigue.

- Je l'aime beaucoup, tu sais. On ira la voir ?

- Oui. Promis

****

Le jeune métis était assis devant son bureau. Il réfléchissait et notait de temps en temps quelques notes sur un parchemin. La mélodie de sa prochaine composition était en train de se mettre petit à petit en place dans sa tête. Il tentait de créer une harmonie entre la musique et le récit de cette fameuse légende. Ce n'était pas une mince affaire et en plus ce serait une première pour lui.

Il ne cessait de se raconter la légende pour bien s'en imprégner. Une bien belle histoire qui lui laissait cependant un goût bien amer dans la bouche et il en connaissait la cause. La fin n'était pas à son goût, trop tragique et trop triste pour quelqu'un comme lui. Quelqu'un qui avait l'habitude de souffrir depuis sa naissance. Cette fois, il aimerait écrire une conclusion plus heureuse.

Il se retourna un instant pour voir si Héléna était toujours en train de jouer sur le lit avec le jouet qu'il lui avait offert, il y a quelques mois. Cette dernière lui fit un large sourire lorsqu'elle s'aperçut qu'il la regardait. Eduardo lui rendit son sourire avant de se retourner pour faire de nouveau face à sa feuille.

Il ne cessait de cogiter sur la fin ... Il ne pouvait quand même pas se permettre de changer toute l'histoire. Il se souvint alors des histoires que Syliab lui avait racontées. Ces dernières lui offraient de nouvelles perspectives. Il était évident qu'il ne retenait dans son esprit que les perspectives les plus heureuses et romantiques. Il ne pouvait pas croire qu'Arlam pouvait laisser un démon bafouer de la sorte un amour aussi beau et aussi pur. Eduardo était convaincu que Sainte Léorine ne finirait pas sa vie seule et qu'elle finirait tôt ou tard par retrouver son bien aimé. C'était comme ça que finirait son œuvre. L'amour et l'espoir devaient finir par triompher du chaos et de la perfidie.

Une idée émergea dans son esprit. Une idée qui lui plaisait énormément. Il voyait la belle sainte complètement effondrée d'avoir été obligé de tuer celui qu'elle aimait du plus profond de son cœur. Elle priait Arlam pour qu'il puisse veiller sur l'âme de son bien aimé. Des prières qui restaient stériles, lorsqu'un puissant rayon de lumière descendit du ciel pour inonder Léorine. Cette lumière fut une véritable caresse son cœur et pour son âme. Elle ressentit une sensation de bien être comme elle n'en avait jamais ressentit auparavant.

Un messager d'Arlam descendit du ciel en empruntant ce rayon lumineux. Il vint se poser délicatement à côté de la sainte et lui glissa à l'oreille un message de son maître. La teneur de ce message restera à jamais inconnue, mais en tout cas, il avait eu le don de lui rendre le sourire. Sa tristesse avait également disparu de son visage et de son cœur.

Une conclusion beaucoup plus douce qui laissait planer un sentiment d'espoir. Elle était volontairement floue laisser les spectateurs imaginer leur propre dénouement. Lui, il avait le sien, mais il ne voulait pas l'imposer à tous les spectateurs qui assisteraient à la représentation.

Ce soir-là, il s'arrêta sur cette idée. Il était presque minuit et il devait se reposer. La journée avait été longue et ses douleurs musculaires le rappelèrent violemment à la raison.

* : petit joke que le meujeu et Short comprendront ... Et tout ça, c'est encore de la faute à Short !!