La rose des vents
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Nouvelle inspirée d'Ars Magica

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Message  Azrael Mer 10 Fév - 11:39

Bon, ben je vais poster un début d'histoire que j'avais écrit y'a bien 2 ans déjà et qui était inspiré du monde d'Ars Magica et de notre Alliance. Vous y reconnaitrez certainement certains personnages. Le chapitre 2 est en cours d'écriture.

Les critiques, positives ou négatives, sont toujours les bienvenus, c'est ce qui permet d'avancer ! Et puis comme ça si c'est pourri je le sais au moins. tongue
Azrael
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Nouvelle inspirée d'Ars Magica Empty Re: Nouvelle inspirée d'Ars Magica

Message  Azrael Mer 10 Fév - 15:47

Azraël


Chapitre 1 : le temps des secrets

_Tu vas où tonton ?

L’homme s’arrêta. Il se retourna, mais évita le regard de la petite fille.

_Euh…je…je pars en ville pour l’après-midi.

Elle sautilla en battant des mains :
_Tu m’emmènes ? Tu m’emmènes ?

Il parut encore plus mal à l’aise.
_Euh…Non, non pas aujourd’hui. Je ne peux pas.

_Oh, allez tonton… S’il te plaît !

_Non, non, je ne peux vraiment pas. J’ai…Non, pas aujourd’hui. Reste au chaud dans le manoir.

La fille croisa ses bras sur sa petite poitrine et pris un air boudeur. L’homme s’esquiva.

_A ce soir, dit-il en ouvrant la porte, faisant s’engouffrer un vent glacial dans le hall d’entrée. Dehors,
la neige s’était mise à tomber de nouveau. Les branches des arbres s’affaissaient sous le poids du blanc
manteau les recouvrant. Il ferma le battant, avança un peu puis rabattit la capuche de son manteau aux
couleurs passées sur ses cheveux blonds. Une bourrasque lui gifla le visage. Il plissa les yeux pour
retrouver le sentier qui quittait la prairie, devant le manoir. Pas facile, avec toute cette
neige…L’homme fit encore quelques pas. Sa robe se colla contre ses jambes avec l’humidité, lui
arrachant un frisson. Il détestait cette sensation. Avec un soupir las, il s’engouffra dans la forêt.

*
* *

Ca y est, il était partit. Lou le vit disparaître entre les arbres, silhouette solitaire. Elle descendit du
siège, près du rebord de la fenêtre. C’était pas juste ! Elle avait envie de sortir elle ! C’était tellement
beau dehors ! Pourquoi elle n’avait jamais le droit de sortir de la maison ? Oh, si elle avait le droit,
mais en hiver, c’était presque jamais. Elle avait envie de s’amuser dehors, faire un bonhomme de
neige, jouer à se laisser tomber sur le dos pour voir son empreinte dans la neige… Tonton avait dit que
si elle était bien sage, il viendrait jouer avec elle dehors, un jour. Elle sourit en y pensant, et s’imagina
en train de balancer des boules de neiges sur son tonton. Il fallait qu’elle aille le dire à Mame !
Activant ses petites jambes, elle sortit du salon pour s’engouffrer dans le couloir. Ses pieds nus
martelaient le sol de pierre à toute vitesse. Traversant la salle à manger et sa grande table en chêne où
l’on pouvait manger à vingt au moins, elle arriva quelques portes plus loin devant l’entrée des
cuisines. Sans marquer de pause, elle s’appuya de tout son poids sur la porte de bois et l’ouvrit.
L’odeur de feu de bois et de bonnes choses qui grillent lui chatouilla les narines. Elle chercha Mame
des yeux, parmi le fouillis d’établis, d’étagères garnis de pâtés et de viande salée, se fraya un chemin
sous les tables et entre les jambes des cuisiniers pour enfin tomber sur celle qu’elle cherchait. Mame
était occupée à nettoyer un grand plat en cuivre, certainement celui où l’on avait servit les pommes de
terre en sauce pour le déjeuner, ce midi. Lou arriva en courant, ses cheveux bruns détachés volant
follement derrière elle.

_Mame, Mame !

Une femme d’âge mûr se retourna. Ses cheveux tirant sur le gris étaient noués en chignon derrière sa
tête. Un sourire se dessina sur son visage, faisant apparaître de petites rides sur ses joues. Ses yeux
pétillèrent de joie à la vue de la fille.

_Ah, voilà ma petite princesse !

_Mame, tonton il est partit, et il a dit qu’il ne pouvait pas m’emmener.

_Ah… Il avait peut-être des choses importantes à faire.

_Oui, parce que sinon il m’aurait emmenée. Ca doit être des choses très importantes même. Parce
qu’il a dit qu’un jour il irait jouer dans la neige avec moi. Et il a pas voulu aujourd’hui.

_Il fait si froid dehors, regarde ce vent ! Tu es peut-être mieux à l’intérieur, tu ne crois pas ? Si tu
sortais comme ça, ton nez pourrait geler et tomber ! La femme fit un grand sourire.

_Tu racontes n’importe quoi Mame ! Ca se peut même pas ce que tu dis ! Ou alors il doit faire très très
très très froid ! Tonton a dit qu’il allait en ville. Moi je pense qu’il ment. Il ne veut jamais me dire où il
va. Il me dit toujours autre chose.

_Tu te fais des idées, princesse. Je suis certaine qu’il n’a pas envie de te mentir et…

Lou l’interrompit :
_Tu me racontes encore une fois l’histoire de papa et maman ?

_Euh…Et bien si tu veux. Je dois finir mon travail à la cuisine, et je viens.

_Tu ne peux pas venir maintenant ? On a qu’à dire à Armand que tu le feras plus tard.

Mame regarda la fille tendrement.
_Je ne peux pas, trésor. Il faut d’abord que je finisse mon travail. Mais attends-moi sur le banc, là. Je
n’en ai pas pour longtemps.

La fillette fit oui de la tête puis trottina jusqu’au banc où elle s’assit d’un bond. Poussant un grand
soupir exagéré, elle attendit.

*
* *

La neige s’accumulait sur ses épaules. Du plat de la main, il la chassa avant de réunir ses mains devant
lui en une boule pour souffler dessus. Il faisait vraiment très froid. Jetant un regard au ciel blanc, il
continua sa lente progression parmi les conifères. Partout, l’hiver avait recouvert la forêt de son
manteau léthargique. Pas une seule trace d’animal. Pas un mouvement. Pas un seul bruit, mis à part la
plainte du vent glacial torturant les cimes des sapins. A vrai dire, il s’en fichait. Tout ce qu’il voulait
c’était rentrer dans son cher manoir le plus tôt possible. Dès qu’il aurait fait ce qu’il avait à faire.
Soudainement, le vent tomba. La neige qui quelques instants plus tôt lui fouettait les joues et le front
se déposait maintenant délicatement sur la forêt. L’homme sentit comme une source de chaleur
l’envahir. Il sourit, puis fit encore quelques pas en avant. Au tournant du sentier, à quelques distances
de lui, un autre homme lui fit face. Il semblait attendre on ne sait qui, ou on ne sait quoi en plein
milieu de la forêt, alors que le ciel répandait des milliers de flocons sur et autour de lui. Cependant son
crâne chauve n’était pas protégé des intempéries, et pourtant la neige ne s’y déposait pas, comme si
cette zone précise était taboue pour les éléments. Sa robe blanche se fondait dans le paysage
monochrome. L’apparition leva sa main gauche, et déclama :

_L’Esprit rencontre le Feu. L’Esprit comme le Feu réchauffe. Il peut consumer les âmes comme le Feu
consume les chairs. L’Esprit et le Feu sont deux des cinq doigts de la main.

L’homme venant du manoir s’arrêta de marcher. A l’aide de ses deux mains, il rabattit sa capuche en
arrière, dévoilant une atroce brûlure sur tout le coté gauche de son visage. Levant lui aussi sa main, il
dit :
_Le Feu rencontre l’Esprit. Le Feu comme l’Esprit éclaire quand tout est obscur. Le Feu s’élève dans
le ciel pour toucher l’Esprit. Le Feu et l’Esprit sont deux des cinq doigts de la main.

_Content de te revoir, Azrael.

_De même, Mebahia. Je ne t’attendais pas ici (puis, après une courte pause) pas si tôt du moins.

_L’Esprit ne connaît pas de limites. J’ai encore repoussé les miennes. Allons chez toi. Si ce pourquoi
tu nous as appelé est si grave, il n’y a pas de raisons de s’éterniser ici.

_Oui…Et en plus, il fait froid.

_Tu n’as pas changé…

Azrael jeta un regard de coté, les yeux perdus dans le vague.

_Non… Je n’ai pas changé…
*
* *

Mame ne fut pas longue à venir. Elle s’assit à coté de la fillette et lui pris les mains. Elles étaient
encore chaudes d’avoir nettoyé le grand plat et toutes fripées, comme quand on reste trop longtemps
dans le bain. Mais Lou ne savait pas trop si c’était l’eau qui avait fait ça ou pas. Des fois les grandes
personnes plus vieilles elles avaient tout le temps ça sur les mains, même quand elles ne passaient pas
leurs mains dans l’eau chaude. La petite fille trépigna d’impatience :

_Alors, raconte Mame, raconte ! Au départ, papa vivait dans un grand château, avec plein de gens. Il
y avait des fêtes tout le temps.
La femme sourit.

_C’est toi qui raconte l’histoire maintenant ? Ou c’est moi ?

_C’est toi, c’est toi !

_Bien, alors je commence. Dans une contrée lointaine, se dressait un grand château. Dans ce château
vivait un jeune prince. Il était le fils unique du vieux roi et de son épouse, et le seul héritier du trône. Il
était beau, avait fier allure et était très gentil. Il traitait tout le monde poliment et ne supportait pas que
l’on puisse faire du mal aux autres. Toutes les princesses des royaumes voisins en étaient amoureuses.
Il était vraiment très beau ! Et il combattait pour l’honneur et la justice, avec panache et bravoure.
Quand il fut en âge de se marier, et tandis qu’il s’entrainait à l’épée avec le maître d’armes royal, son
père vint le voir. Il lui dit qu’un jour, il devrait monter sur le trône, mais qu’avant cela il se devait de
trouver une épouse qui deviendrait sa reine.

_Et il a dit non ! Il a dit que toutes les autres princesses étaient très belles mais qu’aucune d’entre elles
n’était sa reine !

Le sourire de Mame s’élargit et elle eut un petit rire.
_Tu la connais par coeur cette histoire ! A quoi cela sert-il que je te la raconte ?

_Oh, parce que j’aime trop comment toi tu la racontes ! Dis-moi, dis-moi après !
Lou battit des mains.

_Bon, je continue. Alors le prince déclina très poliment l’offre de son père en lui disant : « Non merci
Père, je ne me sens point encore prêt pour le mariage. Toutes ces princesses sont charmantes, mais
voyez-vous, j’attends celle qui véritablement saura faire chavirer mon coeur. » Le roi, que la réponse
de son fils avait courroucé, ne l’entendit pas de cette oreille. Mais la reine su convaincre le vieux roi
par ses mots : « Du calme, mon ami. Ne laissez pas la colère vous aveugler. Notre fils est jeune, et il
saura faire le bon choix le moment venu. » En réalité, le prince était déjà secrètement amoureux d’une
des servantes du château, qu’il allait retrouver le plus souvent possible en cachette. Elle était elle aussi
très belle, avec de longs cheveux noirs et de grands yeux verts.

_Comme les miens !

_Exactement comme les tiens. Hélas, hélas, un jour le roi découvrit que son fils lui avait mentit. Fou
de rage, il ordonna que l’on tue la servante et voulut forcer le prince à épouser l’une des princesses. Ce
dernier s’enfuit du château en compagnie de sa belle, qui était alors enceinte, pour échapper à la colère
du roi. Pendant un an, ils se cachèrent dans la forêt, osant à peine sortir, car le courroux du roi s’était
alors transformé en haine, et il voulait maintenant les tuer tous deux, ignorant les paroles de la reine
qui essayait désespérément de lui faire entendre raison. Entre-temps était née une petite fille aux
cheveux châtains comme son père, et aux yeux verts de sa mère. Elle posait de grands yeux curieux
sur tout ce qui l’entourait. Le couple banni, qui adorait leur petite fille plus que tout au monde,
décidèrent de la protéger du vieux roi. Ils firent donc appel aux membres d’un Cercle pour qu’elle
puisse grandir en paix, loin d’ici. Ce fut un jeune homme du nom d’Azrael qui fut désigné dans le
Cercle pour s’occuper de la petite Lou. Et elle vit avec lui loin de la colère du roi depuis plusieurs
années déjà

_Et pourquoi papa et maman ne sont pas venus ici aussi, loin ?

_Parce qu’ils sont liés à leur royaume. Venir habiter sur d’autres terres les tueraient. Il y a très
longtemps, lorsque le vieux roi était jeune, une méchante sorcière envoûta le pays. Quiconque y ayant
habité pendant un an et un jour ne peut plus le quitter, sous peine de mourir lentement !

_C’est triste…Moi, plus tard, je reviendrais voir papa et maman et j’irai combattre le méchant roi !

Mame rit.
_Oui, petite princesse. Mais avant, il va falloir que tu grandisses un peu…

*
* *

La porte d’entrée claqua.

_Armand !

Silence. Azrael et son invité se débarrassèrent de la neige accumulée sur leurs vêtements.

_Armand ! Je suis de retour !

Bruits de pas précipités dans le couloir. Un petit homme fit son apparition dans le hall d’entrée. Son
corps maigre était enveloppé dans un costume noir et blanc taillé à la perfection. Ses rares cheveux
étaient rabattus sur son crâne dégarni jusqu’à ses tempes grisonnantes. Avec empressement, il prit les
manteaux des deux hommes.

_Nous ne vous attendions pas si tôt, Maître. Et oh ! Sire Silverdawn est là aussi ! Le visage du
majordome s’illumina d’un sourire franc. Je ne pensais pas vous revoir ici un jour ! C’est un plaisir !
Mebahia fut impassible.

_Moi non plus, je pensais ne jamais plus revenir ici. Mais les Chemins de la Destinée sont
insondables. Impossible de prédire ce que l’on trouvera devant soi avant d’y être confronté.
Armand garda le silence. Se tournant vers lui, son maître dit :

_Va chercher du bois supplémentaire pour la salle de réception. Dit au cuisinier de nous apporter une
petite collation ainsi qu’une boisson chaude.

Emportant les affaires soigneusement pliées, le vieil homme parla :
_Toujours aussi sombre, Sire Silverdawn. Vous faites bien la paire, mon Maître et vous.
Et il s’en fut.

Se tournant vers le maître des lieux, Mebahia constata :
_Il a vieillit.

Azrael haussa les épaules :
_Ce n’est qu’un Homme. Viens, allons nous mettre au sec. Je suis glacé jusqu’à l’os.

*
* *

La mine grave, Armand trottina jusqu’aux cuisines. Il ouvrit la porte à la volée. Toutes les personnes
présentes arrêtèrent leurs mouvements. Mame jeta un regard par-dessus l’épaule de Lou, qui se tordit
le cou pour essayer de voir ce qui se passait.

_Le Maître a un invité ! Ils sont dans la salle de réception. Dora, Ethan, Orlam, préparez-moi un petit
repas et du café bien chaud.

Lou bondit sur ses pieds. Tonton était déjà de retour ! Et avec un invité ! Qui cela pouvait-il bien être ?
Peut-être qu’elle le connaissait ! Sautant du banc, elle dit à Mame :

_Je vais les voir !

_Doucement, Lou, doucement. Tu risques peut-être de les déranger…

Mais déjà la fillette courait vers la lourde porte de la cuisine, dépassa le majordome et se rua vers la
salle de réception. L’écho de ses pas résonna dans les couloirs. Dehors, la nuit commençait à étendre
son voile d’ombre sur la forêt. Quand elle arriva, Azrael et Mebahia était installés dans de larges
fauteuils jaunes et ocres, devant la cheminée. Le feu léchait de grosses bûches qui crépitaient. La
chaleur envahissait la pièce. Les deux hommes se retournèrent à l’arrivée de la petite fille. Mebahia
sourit. Elle, elle resta plantée là, prise entre le désir de repartir en courant et de s’avancer un peu.

Azrael prit la parole :

_Qu’est-ce que tu fais ici, toi ?

_Je voulais voir qui c’était l’invité… Elle se tortilla, mal à l’aise.

Mebahia la regarda.
_Lou… Elle a grandi si vite… Tu ne te rappelles pas de moi ?

La petite fille fit non de la tête. Azrael soupira :
_Et que fais-tu pieds nus en plus ? Ne trouves-tu pas qu’il fasse assez froid comme cela ? Bien sûr
qu’elle ne se souvient pas de toi, Mebahia. Elle n’avait que deux ans, à l’époque.
La fillette s’approcha du fauteuil d’Azrael et entreprit de grimper sur ses genoux. Il la laissa faire. Une
fois installée, elle tourna son visage vers lui.

_A l’époque de quoi, tonton ?

L’invité répondit :
_A l’époque où j’habitais encore dans ce manoir. Je m’appelle Mebahia Silverdawn, et je te salue,
Lou. Tu es une bien jolie petite fille.

Elle rougit, puis enchaîna :
_Vous habitiez vraiment là ?

Il hocha la tête. Le maître de maison pris la parole :
_Bien, maintenant que les présentations sont faites, nous allons pouvoir parler de choses plus
sérieuses. Que fais-tu à présent, Mebahia ?

Ce dernier se cala plus profondément dans son fauteuil et fit jouer ses mains devant le feu pour les
réchauffer.
_J’ai réussi à ériger une tour dans l’Ailleurs. J’y loge à présent (Azrael sursauta, mais Mebahia le
calma d’une main levée). L’Ailleurs est plus facilement accessible depuis quelques années. Nombreux
sont ceux qui y voyagent désormais, mais peu sont ceux qui ont le pouvoir de s’y établir. Et au vu des
dangers que cela représente, encore moins nombreux sont ceux qui se risque à y rester.

_Tu es fou… Je n’ose même pas le concevoir…Imagine ce qui pourrait t’arriver si…

_Je suis au courant de tout cela, Azrael. J’ai aussi un nouveau Compagnon, le savais-tu ?

_Non…

_Il est resté là-bas. Il se prénomme Xyf.

_Ce n’est pas un Compagnon qui te protégera des dangers de l’Ailleurs.

_Peut-être, mais j’ai d’autres protections.

_Je l’espère pour toi… Azrael laissa son regard se perdre dans la contemplation du feu.
Le silence régna un moment dans la salle, uniquement brisé par les crépitements des flammes.

Mebahia pris la parole :
_Parle-moi de la raison pour laquelle tu nous as fait venir. Pourquoi nous convoquer en urgence après
toutes ces années ? Sois conscient que Naïma ne sera pas spécialement heureuse de te revoir…

_Je sais, merci. Mais je ne vous aurais pas appelés si je pensais que ce n’était pas grave. Je ne te
dévoilerais pas la raison pour laquelle tu es là. Pas encore.

Mebahia fronça les sourcils.
_Très bien… Parle-moi de toi, alors ? Qu’as-tu fais depuis tout ce temps ?

Le maître des lieux pris l’air gêné. Il repoussa la fillette de ses genoux.

_Va t’amuser ailleurs, petite princesse. Nous devons parler.

_Mais je vous dérange pas là ! Vous pouvez parler !

_S’il te plaît.

Elle descendit des genoux d’Azrael et s’en fut avec une mine boudeuse, traînant les pieds. Mebahia
constata :
_Petite princesse ? Tu ne lui as toujours pas dit la vérité, pour ses parents ?

Azrael fuit son regard.
_Non.

*
* *

Une dizaine de jours passèrent. La neige retomba, mais se fit de plus en plus rare au fil du temps. La
forêt se réchauffait doucement. Les arbres sortirent leur tête de la blancheur. Azrael se terrait dans son
bureau, tout en haut du manoir, et Mebahia ne sortait presque jamais de sa chambre. Lou ne les
apercevait que de temps en temps, quand Mebahia allait dans le bureau du maître des lieux, ou quand
ils descendaient dîner. Mais la plupart du temps, c’était Mame qui leur apportait leur repas. Le manoir
était plus silencieux que jamais, troublé seulement par le bruit de pas des domestiques. Azrael n’était
pas venue jouer dans la neige avec Lou, et elle n’avait toujours pas le droit de sortir, ni de le déranger.
C’était défendu de venir le voir lorsqu’il était dans son bureau. Même Mame lui avait qu’il ne fallait y
aller sous aucun prétexte.

Du coup, la petite fille s’ennuyait ferme. Elle passait ses journées à regarder par la fenêtre, ou à parler
à ses poupées. Un jour, n’y tenant vraiment plus, elle voulut monter le voir. Que pouvait bien-t-il faire,
là-haut ? Voilà trois jours qu’il n’était pas sortit de son bureau ! Peut-être qu’un monstre était sortit de
dessous son lit et l’obligeait à rester enfermé pour toujours ! Après son petit déjeuner, elle partirait en
expédition. Oui, mais Mame lui avait dit de ne pas le faire… Tant pis ! Elle s’ennuyait vraiment trop.
Elle était une aventurière qui allait sauver tonton. En sortant de la cuisine, elle fourra deux petits pains
beurrés dans les poches de sa robe et trottina jusqu’à sa chambre. Là, elle mit ses grosses chaussettes
de laine pour faire moins de bruit quand elle marchait, et pris une petite cape sombre pour se cacher.
Elle sortit de sa chambre à pas de loup, en faisant très attention de ne pas se faire entendre. Mais la
plupart des domestiques était en bas, et la maison autour d’elle était silencieuse.

Il fallait qu’elle monte encore un étage. Le bureau de tonton était au sommet du manoir, dans une tour.
La seule porte pour y accéder se trouvait dans une salle carrée dont les murs étaient recouverts de
blasons et de tapisseries étranges auxquels la petite fille ne comprenait rien. Le tapis moelleux
absorbait le bruit de ses pas et lui donnait la sensation de marcher dans de l’herbe fraîche. Elle
s’immobilisa devant la porte et l’ouvrit en retenant son souffle. Derrière, un large escalier en
colimaçon, fait de pierres taillées, montait dans les hauteurs. Lou le regarda avec un mélange de
crainte et d’excitation. Elle tendit l’oreille à nouveau, mais n’entendit rien. Après un bref regard en
arrière, elle commença à gravir les premières marches.

*
* *

Mebahia sortit de sa chambre, suivit par Azrael. Les deux hommes traversèrent une des salles
communes, prirent deux couloirs différents avant de descendre les grands escaliers vers le hall
d’entrée. Comme ils arrivaient, Armand déboula d’une pièce latérale avec l’air visiblement très excité.

_Ah, Messires, si je vous le disais, vous ne me croiriez pas ! Dame Variana vient d’arriver ! Elle vous
attend dans la petite bibliothèque.

Les deux hommes restèrent de marbre.

Oh, vous saviez… Hum, désolé, j’aurais dû m’en douter. Je fais tout de suite venir du café.

Ils firent leur entrée dans la petite bibliothèque. Marchant dans la pièce, se frictionnant les mains, une
femme attendait. Elle se retourna à la vue des deux hommes. Elle avait coiffé ses cheveux noirs en une
tresse. Ses yeux de la même couleur se posèrent sur les nouveaux arrivants. Azrael la regardait aussi.
Elle faisait presque une tête de moins que lui. Mais il était plus grand que la plupart des gens.
Mebahia, qui était de grandeur plus commune, avait sensiblement la même taille qu’elle. Ce dernier
prit la parole, après quelques instants :

_L’Esprit rencontre l’Air. L’Esprit…

Elle le coupa net, en enchaînant :
_L’Esprit est faible, car il est incapable de discerner ce qui n’a pas changé de ce qui a changé. L’Air
est fort, car il est le mouvement, et donc le changement.

Azrael eut un mouvement de recul, puis s’interposa brusquement :
_Comment oses-tu, Alana ? Tu bafoues les règles de la Main en agissant ainsi ! Voilà dix années que
nous ne nous sommes pas vus et tu te permets de parler comme cela !

_La Main n’existe plus, Azrael ! Dix ans ont mis définitivement fin à notre alliance.

_Tu te trompes ! C’est en temps que membre de la Main que je vous ai convoqué ! C’est donc en
temps que membre de la Main que tu dois te présenter ici ! Pas en temps qu’une femme désinvolte et
rebelle. Tu as passé l’âge.

_J’ai aussi passé l’âge de subir tes remarques.

Mebahia, jusque là impassible, leva ses mains pour les faire taire.
_Content malgré tout de te revoir, Alana Variana. Nous sommes heureux de constater que ta fougue a
su se prémunir des outrages du temps.

_A ça ! Elle… Elle m’énerve toujours autant. Azrael laissa retomber ses bras le long de son corps.

Alana lança, aguicheuse :
_Disons que je sais toujours aussi bien m’y prendre pour te pousser à bout…

*
* *

Lou progressait marche par marche, toujours plus haut dans la tour. Il lui sembla qu’il y en avait mille,
au moins. Son coeur cognait à toute vitesse contre sa poitrine. Elle tremblait de peur et d’excitation.
Soudain, les marches firent place à un palier, et une porte apparue devant elle. Une grosse porte en fer.
La fillette aspira une grande bouffée d’air glacé. Ca y est, elle était arrivée jusqu’en haut ! Mais elle
n’aurait jamais la force de déplacer le battant. Déjà, elle avait du mal avec la porte des cuisines… Un
instant, elle fut tentée de faire demi-tour, mais la curiosité la poussa de l’avant. En fait, elle ne savait
pas vraiment ce qu’il y avait dans le bureau de tonton. Elle n’était jamais allée plus loin que la porte en
bas des escaliers. Qu’est-ce qui se cachait à l’intérieur de ce bureau, pour que tonton y passe le plus
clair de son temps ? Elle colla son oreille contre le fer froid. Silence. Sa petite main se posa sur le
loquet, et elle poussa la porte de toutes ses forces. Le battant grinça, et un appel d’air glacé s’engouffra
dans l’ouverture ainsi crée. Lou s’y faufila.

La salle n’était pas éclairée, et elle dut attendre un peu que ses yeux veuillent bien s’habituer à la
pénombre. Seule une minuscule lucarne, près du plafond, empêchait que l’obscurité ne soit totale. Petit
à petit, Lou pu entrevoir les contours de la pièce. Elle était circulaire, et très haute. Le plafond était au
moins deux fois plus haut que dans le reste du manoir. Hormis une petite table en bois et une chaise,
elle était vide. Pas s’ornements sur les murs. Pas d’étagères. Pas de tapis. Rien. Seulement la pierre
nue et froide. Le lieu dégageait une sorte d’aura malsaine, et la petite fille se sentit soudain très mal à
l’aise. Elle fit néanmoins quelques pas à l’intérieur de l’étrange pièce, peu rassurée. Un gémissement
la cloua sur place, incapable de faire le moindre mouvement. Son sang battait sourdement à ses
tempes. Devant, contre le mur opposé de la salle, elle aperçu une petite forme prostrée sur le sol. Un
petit garçon était recroquevillé. Ses mains cachaient son visage. Voyant cela, Lou se détendit un peu,
puis osa s’approcher. Le garçon gémit à nouveau puis se tassa sur lui-même. La fillette approcha
encore, et le garçon enleva ses mains de devant son visage. Lou se figea net. Ses yeux s’emplirent de
terreur quand ils croisèrent ceux de l’étrange garçon. Elle ouvrit grand la bouche et poussa un long cri
de frayeur. Le visage de l’enfant était complètement déformé. Une énorme proéminence de chair
saillait de l’une de ses arcades sourcilières et il semblait ne pas avoir de nez, ni de lèvres. La petite
fille fit demi-tour, passa la porte qui se claqua derrière elle, et descendit les escaliers en trombe. Elle
était terrorisée. Prenant le chemin inverse de tout à l’heure, elle regagna sa chambre en courant et se
jeta sur sous ses draps, le corps tremblant. Elle se blottit de toutes ses forces contre ses poupées de
chiffons. Personne ne devait savoir qu’elle était montée là-haut. Personne.

*
* *

Plusieurs jours passèrent. Malgré sa peur, la petite fille avait su tenir sa langue, et personne ne
semblait l’avoir entendue crier dans la tour. Plusieurs fois elle avait voulue se jeter dans les bras de
Mame et tout lui raconter, mais l’occasion ne s’était jamais vraiment présentée. Mame travaillait
beaucoup et ses entrevues avec Lou étaient brèves. De plus, la fillette craignait de se faire disputer…
Quant à en parler à tonton, il n’en était pas question ! Il risquait de se mettre très en colère, et de
l’enfermer dans sa chambre pendant des jours. Ou pire : lui dire qu’il ne viendrait pas jouer sous la
neige avec elle ! Ses seules confidentes avaient été ses poupées. Elles ne disaient pas grand-chose,
mais en revanche elles savaient très bien écouter, et ne lui coupaient jamais la parole. Petit à petit, elle
réussit ainsi à conjurer sa peur.

Un jour qu’elle finissait son repas, Armand entra dans la grande salle à manger. Lou aimait bien
prendre son petit déjeuner ici. Elle avait vraiment l’impression d’être une princesse, assise à cette
immense table rien que pour elle. Et quelqu’un était obligé de venir la servir, vu qu’elle ne pouvait pas
transporter le gros plateau de nourriture jusqu’à la table.

Armand s’éclaircit la gorge, puis dit :
_Bonjour, mademoiselle. Avez-vous fini votre repas ? Votre tuteur vous attend dans la salle de
réception. Son nouvel invité aimerait vous rencontrer.

Lou fit un grand sourire et sauta à bas de sa chaise.
_J’ai pas fini, mais tant pis ! Je viens et j’emporte ma pomme avec moi.

Toute excitée, la petite courra, à son habitude, à travers le manoir jusqu’à la salle de réception. En
entrant, elle y vit tonton, Mebahia, Alana, et une personne comme elle n’en avait jamais vu avant. Sa
peau n’était pas rose, comme tout le monde, mais noire ! Seul le dessous de ses mains était de couleur
‘normale’. Il était un peu moins grand que tonton, mais avait l’air beaucoup plus musclé. Sa robe beige
sans manches dévoilait ses gros bras. Et il avait plein de petites tresses aux cheveux, comme les filles,
mais plaquées contre son crâne. Vraiment bizarre.

Azrael demanda à la fillette de ne pas avoir peur et de s’approcher, mais celle-ci refusa. Alors
l’étrange homme fit quelques pas vers elle, plia les genoux pour arriver à son niveau et fit un sourire.
Il dit qu’il s’appelait Nato Abdelhakim, et qu’elle n’avait pas de raison d’avoir peur de lui. Il était un
ancien ami à tonton. Tout de même pas très rassurée, Lou hocha la tête, regarda Azrael, puis alla
s’asseoir près de la fenêtre. On voyait l’herbe de la prairie, devant la maison, apparaître par endroit
parmi les plaques de neige. Reportant son attention à l’intérieur de la pièce, elle écouta les grandes
personnes parler.

L’homme noir s’était relevé, puis parlait à présent, d’une voix grave et profonde :
_J’ai croisé Naïma il y a deux jours, pas très loin d’ici. Elle…

Alana le coupa :
_Quoi ? Tu l’as croisé et tu ne l’as pas attendu pour finir la route ?

Il haussa les épaules.
_J’étais en tapis. Je suis passé vite, beaucoup plus haut que la cime des arbres. Et puis… Je ne suis pas
tout à fait sûr que ce fût elle.

_Tu ne t’es même pas arrêté ?

Azrael intervint :
_Et tu n’étais même pas sûr que c’était elle, dis-tu ? N’as-tu pas sentit sa présence ?

Mebahia prit la parole à son tour :
_Du calme. Vous savez tous qu’il est difficile de stopper lorsque l’on utilise un tapis, ou ce genre de
moyen de transport. En outre, capter une présence à plusieurs lieux de distance n’est pas chose aisée.

_De toute façon, si c’était bien elle, elle sera là demain ou après-demain, fit remarquer Nato.
Alana baissa la tête et eut un petit mouvement de déception.

Elle sera là demain ou après-demain… Le regard d’Azrael se perdit dans le vague. Il dormirait mal
cette nuit-là.

*
* *

Lou se tourna une nouvelle fois dans son lit. Elle n’arrivait vraiment pas à dormir ! Elle pensait encore
à sa rencontre avec le garçon, dans la tour. Instinctivement, elle remonta ses draps plus haut contre son
visage. Cela lui faisait maintenant moins peur, mais… L’intriguait plutôt. Que faisait le garçon làhaut
? Qu’était-il arrivé à son visage ? Et pourquoi tonton passait tout son temps avec lui ? C’était
vraiment ça, son bureau ?

Lou se remémora sa rencontre avec l’enfant. Sa tête, ses mains. Son visage mutilé… Un détail lui
traversa soudainement l’esprit. Ses yeux. Il avait été difficile de les voir, dans la pénombre, mais ils
avaient semblés comme…briller. Ils étaient d’un bleu vif, ou gris, et avaient transpercés la petite fille.
Elle s’en rappelait mieux à présent. Les yeux lui avaient parlé, comme s’ils… Avaient voulu lui dire
quelque chose. Quelque chose de terrible et secret. Des choses que les mots ne peuvent faire ressentir
uniquement en les disant. Plus elle y pensait, et plus cela l’intriguait. Qu’avaient-ils voulu lui dire ?
Lou se sentait excitée à l’idée de tous ces mystères. Et si… Si elle retournait voir le garçon ? Cette
nuit même? Non, non, pas cette nuit. Elle aurait bien trop peur… Mais… A un moment que tonton ne
serait pas dans sa tour, pourquoi pas ? Peut-être qu’elle en saurait un peu plus…

*
* *

Trois jours plus tard, une silhouette féminine sortit des sapins, sur le chemin qui conduisait au manoir.
En ce début d’après-midi, un vent glacial balayait les montagnes. Emmitouflée dans ses fourrures, la
jeune femme dégagea une mèche de cheveux venue se plaquer devant ses yeux bleus. Elle entreprit de
parcourir à la hâte les derniers pas qui la séparaient de l’édifice. Quand elle eu fait moitié du chemin,
la porte du manoir s’ouvrit. Elle aperçut Azrael qui sortait à sa rencontre. Il marchait d’un pas rapide.
Il la regarda. Enfin, elle était là. Elle était la dernière. Elle n’avait pas trop changée. Il la regarda de
nouveau, plus intensément cette fois. Ses lèvres légèrement entrouvertes laissaient filtrer un filet de
vapeur vers le ciel chargé de nuages. Ses hanches se balançaient doucement au gré de ses pas. Elle se
mouvait avec grâce, sa robe bleue volant autour de ses jambes.

Elle vint se planter soudainement devant lui, raide et immobile. Azrael retient son souffle un instant,
puis parla :
_Le Feu rencontre l’Eau. Le Feu comme l’Eau sont des éléments essentiels à la vie. Unis, ils sont
synonymes de chaleur et de bien-être. Le Feu et l’Eau sont deux des cinq doigts de la Main.

Naïma ne bougea pas. Ses yeux étaient baissés. Elle les leva brusquement, le transperçant de son
regard azur.
_L’Eau rencontre le Feu. L’Eau apaise, le Feu brûle. L’Eau lave et purifie, le Feu souille et consume.
Tous les séparent. Seuls les unis contre leur gré la Main, dont ils sont deux des doigts.

Sa robe claqua au vent quand elle se remit en mouvement en direction de la porte du manoir, yeux
baissés.
_Laisse-moi passer, Azrael. J’ai froid, je veux entrer.

Il s’écarta, sans cesser de la regarder. Ce fut comme si un pic de glace lui entrait dans la poitrine. Il
sentait ses organes faire des noeuds dans son ventre lorsqu’elle passa à proximité. Elle s’éloigna, puis
gagna le seuil du manoir, où Armand l’accueillit. Lui, il resta planté là.

Une nouvelle bourrasque particulièrement froide le ramena à la réalité. Il vit Armand l’attendre, dans
le hall, la porte entrouverte. Il hésita un instant, lâcha un soupir qui s’envola en une spirale de vapeur,
puis se dirigea vers la porte en traînant les pieds.

_Entrez vite au chaud, Maître. Ce n’est vraiment pas le moment de rester dans le froid.
Armand claqua le battant derrière Azrael. Il vit la mine abattue de son Maître, et entendit Naïma parler
avec les autres. Il eut un pauvre sourire, puis disparu dans le manoir avec le manteau de la nouvelle
invitée. Son esprit vagabonda alors qu’il marchait dans les couloirs. Jamais la Main ne pourrait se
reformer…


Auteur : Romain
30 juillet 2008
Azrael
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Nombre de messages : 17
Localisation : Laboratoire de la tour
Date d'inscription : 11/06/2009

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