La rose des vents
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Un thé au clair de lune

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Saber
Kitsune
J Le Fou
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Message  J Le Fou Sam 27 Déc - 18:51

Bon voilà la première partie d'un texte qui servait de journal à un de mes personnage de jeu de rôle (A vous deviner lequel), c'est un texte que j'aime bien, et vu que j'ai recupéré mon ordi je compte enfin le reprendre pour en faire une nouvelle un peu plus dévelloppée. bon voilà.



I Un thé au clair de lune


J’avais passé la journée dans une forêt de l’ouest. Des créatures d’Outre-Monde causaient quelques troubles depuis peu et avaient terrorisé un petit village. L’armée avait du régler le problème des habitants avant qu’ils ne soient trop bavards, le rapport officiel dira Choléra… Un messager en livrée était venu quérir mon aide deux jours auparavant. La conjuration d’un allier suffisamment puissant avait suffi à régler la situation.
Un sort de téléportation m’avait ramené à la capitale où je fis quelques courses, prenant un peu de temps pour flâner dans les avenues bordées de cerisiers en fleur, regardant les zeppelins passer dans le ciel. Le mois de mai avait toujours eu ma préférence. Finalement, je pris le monorail à vapeur et descendis près de ma demeure, rue d’équestre. C’était une petite rue calme, des volées de marches menaient à des habitations à deux étages.
Je montais mon escalier jusqu'à mon perron et regardais la plaque de bronze qui ornait ma porte :

Louis Ambearge,
Investigation, Conseil.


Après avoir travaillé un couple d’heures à mes sortilèges, j’appelais Miss Pearl pour qu’elle me monte une collation et mes habits de soirée. Elle remonta quelques minutes plus tard avec un plateau sur lequel trônaient un verre de vin, deux tranches de cake aux olives et une salade de concombre à la menthe. Elle le déposa sur mon bureau, puis revint déposer mes vêtements, ma redingote et un fourreau vide sur le lit.
« Monsieur désire-t-il autre chose ?
_ Non, Beth, ça ira, merci, je lui souris, vous pouvez prendre votre soirée…
_ Bien Monsieur… Donc, un petit déjeuner pour deux demain matin… » Dit-elle dans un gloussement.
J’allais répondre à l’affirmatif, quand je fus saisi d’un étrange pressentiment.
« Seulement pour moi…Vous pouvez disposer, bonne soirée.
_Bonne soirée, monsieur»
Elle commença à partir puis se retourna.
« Ha, j’oubliais, une jeune femme du nom de lady Fiona est venue voir Monsieur avant-hier après-midi. Ne sachant pas le moment de votre retour, je l’ai fait patienter dans vos appartements. Elle est partie sur les coups de six heures, elle m'a dit qu’elle repasserait… »
Le nom ne me disait rien.
« Merci, Beth, vous avez bien fait »
Elle sortit et ferma la porte.
Je me restaurais rapidement, et commençais à m’habiller. Je mis le fourreau vide à ma ceinture. Répondant à mon ordre mental, Silkies qui n’était jusqu’alors qu’un tatouage tribal de serpent sur mon épaule droite, prit de l’épaisseur et la texture du mercure. Elle coula le long de mon bras dans mon fourreau et se reforma en une belle rapière argentée.
Je m’arrêtais devant ma glace et remis mon nœud papillon en place. Parfait.
Je quittais ma petite maison, et partis en direction de la soirée de Lady Melnac, à quelques pâtés de maison de là. Ce fut une fête des plus charmantes, bien que totalement quelconque et terriblement ennuyeuse. Une certaine Cécile, me raccompagna à mon domicile et monta dans ma chambre. Avant de la rejoindre, je plaçais une barrière psychique sur la pièce pour ne pas être dérangé. Nous fîmes un peu l’amour. Puis le sommeil vint.

Une brusque sensation de froid remontant le long de mon épine dorsale, me réveilla en sursaut. C’était un message Silkies. Mes yeux scrutèrent l’obscurité.
« Je n’arrive peut-être pas au bon moment ? »
C’était une jolie voix féminine qui venait d’un coin sombre de la chambre. Silkies était toujours sous forme de rapière au pied de mon lit. D’un ordre mental de ma part, elle prit la forme d’un serpent métallique d'une très faible épaisseur et se faufila à grande vitesse telle une lame mortellement aiguisée, prête à déchirer sa victime. Mais elle s’arrêta restant immobile sur le parquet de ma chambre. Personne ne lui avait jamais échappée jusqu'à présent.
« C’est un bel artefact, mais ça ne marchera pas sur moi… »
Elle s’avança, me permettant de la distinguer à la lumière de lune. C’était une très belle jeune femme, d’un mètre cinquante cinq au port aristocratique. Son teint était de nacre, ses yeux d’émeraude et sa chevelure rousse flamboyait malgré le manque de lumière.
« Louis, est-ce une façon d’accueillir ta mère... »
Je ne lui aurais donné que quelques années de plus que moi.
« Mais je t’ai surpris, c’est de ma faute, je te pardonne… pour cette fois… »
Dit-elle, en se fendant d’un sourire. Je sus que la menace n’était pas à prendre à la légère.
« Puis-je au moins prendre congé de ma compagnie ? Demandai-je.
_ Fais à ton aise, tu es chez toi après tout, et je ne me suis pas annoncé avant de revenir, murmura-t-elle en se déplaçant gracieusement pour aller s’asseoir à la table qui se trouvait sous la fenêtre, se laissant baigner par le clair de lune. Je réveillais Cécile, lui expliquant qu’il était temps de partir, car une affaire familiale urgente m’appelait. Elle ne me crut pas un instant mais s’habilla. Je mis quelques vêtements et la raccompagnai à la porte. Je du abaisser ma barrière pour qu'elle puisse partir. Ayant dit en revoir à Cécile, je remontais vers mes appartements.

« Lady Fiona, je présume » dis-je en m’assaillant face à elle. Elle fit un signe affirmatif de la tête. Silkies, de nouveau maîtresse de ses mouvements, vint vers moi et grimpa sur mon avant bras droit avant de reprendre son apparence de tatouage.
«  Mais je manque à tous mes devoirs d’hôte, désirez-vous du thé ?
_Volontiers, tu serais un amour… »
Ma conscience se porta vers Silkies, j’avais laissé en elle un sortilège approprié. Je prononçais les clés et un service en porcelaine apparu, ainsi qu’une assiette de petits gâteaux. La théière était pleine d’Earl grey. Je nous servis tous les deux.
« Charmant,, me dit-elle en souriant, et comment nommes-tu ton assistant ?
_Elle se nomme Silkies. Du sucre ?
_Volontiers »
Elle me tendit sa tasse et me regarda avec attention.
« Tu as mes yeux et mon nez, tes cheveux doivent être un héritage de Corwin.
_Qui est, si vous êtes ma mère, mon père certainement ? »
La situation parut l’amuser.
« Tu te trompes cette fois, c’est un de tes ancêtres du coté de ton père, c’est ton arrière-arrière-grand-père. Corwin est aussi mon frère, donc ton oncle….
_Une histoire relativement incestueuse et peu crédible mais passons, je bus un peu de thé, dites-moi, comment êtes vous rentrée, ma barrière était encore en place et elle est sensée arrêter la téléportation ?
_En effet je n’ai pas employé la magie, j’ai utilisé ceci. »
Elle me tendit une carte d’une conception inhabituelle, froide au toucher. Elle représentait l’intérieur de ma chambre, son dos était orné d’une licorne. Je sentais qu’elle recelait un grand pouvoir, au-delà de ceux que je connaissais déjà.
« C’est un Atout, me révéla-t-elle, je l’ai fait tout à l’heure quand ta gouvernante me permit de patienter dans cette pièce.
_Je n’ai jamais rien vu de tel. Ces choses, ces atouts servent donc au transport.
_Pas seulement, ils servent aussi à la communication, mais leur pouvoir est bien plus grand…
_Mais… Attendez, vous dites être venue il y a quelques heures, mais Beth m’a parlé de votre venue il y a deux jours ! »
Elle prit un biscuit, ses grands yeux vert se plissèrent en me regardant.
« Délicieux, il y a du gingembre n’est-ce pas ? La recette est de toi ?
_Oui, à l’occasion Beth me donne des cours de cuisine, je soupirais.
_Tu es impatient, tu brûles de connaître la vérité, je le vois, elle porta sa tasse à ses lèvres, tu t’es toujours senti étranger à ce monde, différent des autres mortels, plus puissant. »
Je fis un signe affirmatif de la tête, me demandant qui était ou qu’était réellement ce petit brin de femme.
«  Je parie que tu as appris la sorcellerie et la conjuration avec une déconcertante facilité pour ton maître »
Un nouveau signe affirmatif de ma part. Le souvenir du vieux Gills manquant d’avaler sa pipe alors que je réussissais mon premier tour quelques mois après mon entrée à son service, me fit sourire.

« C’est une chose qui te vient de moi aussi… De même tu n’as jamais été malade ?
_Tout cela est vrai, gente dame, mais vous ne me dites que des choses que je sais déjà, lui répondis-je.
_ Ne sois donc pas aussi cérémonieux. Je n’attends pas que tu m’appelles maman, je ne le mérite pas. Mais tu peux m’appeler Fiona mon petit Louis. »
En tout cas elle ne se privait pas de familiarité avec moi.
« Je te propose un marché, reprit-elle, tu peux me poser trois questions auxquelles je répondrais au mieux de mes capacités, puis tu me raconteras ton histoire, et enfin je te révélerai le reste sur l’univers, ce qui soit dit en passant prendra plusieurs jours. Qu’en penses-tu ?
_Ai-je vraiment le choix ? »
Elle me souriait, j’avais l’impression que ses grands yeux sondaient tout mon être.
« Bien, Si on commençait par ce petit problème temporel.
_ Pour faire simple, l’ombre dans laquelle nous sommes, ce monde, a un flux temporel plus rapide que celui d’Ambre. Quand un jour passe ici, seulement une heure passe en Ambre.
_Une réponse étrange qui appelle une autre question, dis-je, qu’est-ce qu’Ambre ? »
Elle me sourit et me regarda avec tendresse. Elle finit son thé, je la resservis. Elle prit une inspiration, comme si elle allait partir dans une longue explication.
« Je vais essayer de faire simple. Il existe deux pôles de réalité, de substance, Ambre et les Cours du Chaos. Entre eux une infinité d’univers sont projetés. Ici, nous sommes dans l’un d’eux. Nous appelons ça les Ombres ou simplement l’Ombre. Les Cours sont régies par les lois du Logrus, et Ambre par les lois de la Marelle. Passer l’épreuve de la grande Marelle permet, entre autre, à une princesse d’Ambre comme moi de pouvoir voyager à travers Ombre. »
La tête me tournait. Cela ressemblait à une histoire de fou, mais je la croyais, comme si je l’avais toujours su.
« Des dizaines de questions me brûlent les lèvres. Mais je ne peux en poser plus qu’une, je pris un temps d’arrêt, vous dites être ma mère et que votre frère est mon trisaïeul. Mais pour ce faire, quel âge avez-vous donc ? Je ne vous donne pas la trentaine.
_ Voyons, il est très malpoli de demander à une dame son âge, me dit-elle en riant, je suis beaucoup plus âgé que tu ne le penses. Mais quant à ta descendance avec mon frère, les différences temporelles entres Ambre et Ombre y sont pour quelque chose. J’ai trouvé ton père sur Ombre-terre où le temps, bien que plus lent qu’ici, passe aussi plus vite qu’en Ambre. C’est sur cette ombre que tu es né, il y aura un an en temps d’Ambre dans une semaine. »
Je fis un rapide calcul mental, mes vingt-deux ans fois, en gros, trois cent soixante cinq jours d’une année divisé par vingt quatre heures d’Ambre, j’arrivais à moins de trois cent trente cinq jours. Son histoire marchait.
Elle me fixait. Je sentis aussi chez elle une certaine impatience.
«  C’est donc à mon tour. Par où voulez-vous que je commence ? Lui demandais-.je.
_ Par le début bien sûr, aussi loin que ta mémoire porte… »
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Message  Kitsune Sam 27 Déc - 19:19

j'adore comme histoire vivement la suite ^^'

un peu farfelue la famille Suspect arriver a etre arrière arrière arrière grand père et en mm temps un oncle pour la mm personne faut être douer dans la famille scratch

lol
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Message  J Le Fou Sam 27 Déc - 19:31

Ah les paradoxes temporels des ombres... Pas deux ombres n'ont un temps qui se déroule vraiment identiquement... Du coup ça donne des situations marrantes.... En plus les princes d'ambres sont un peu des dieux, il veillissent trés trés lentement ^^ Comme quoi les trahissons, les complots et les conspirations, si ça ne vous tuent pas rapidement, ça vous conservent.... Twisted Evil
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Message  Saber Sam 27 Déc - 20:30

Le fils de Fiona...
En plus, c'est un descendant de Corwin. Wink

Même s'il ne tient qu'un peu de sa mère, ça peut donner. Twisted Evil
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Message  damB Sam 27 Déc - 20:41

L'histoire est super bien écrite, et donne envie d'en savoir plus.

wham - qui a de plus en plus envie de découvrir l'univers d'Ambre.
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Message  Kiliad Sam 27 Déc - 21:25

oh un fan de Zelazny j'adore ^^

Vivement la suite ^^
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Message  Kanshy Dim 28 Déc - 4:43

Il y'a donc un jdr inspiré des 9 princes d'Ambre?? Incroyable, les possibilités que dois recéler un tel jdr ne dois pas faire tellement marrer le meujeu je pense, enfin la capacité de marcher d'une ombre à une autre, de sauté instantanément dans une autre réalité avec un atout ne dois pas être simple à gérer.

Mais jouer dans un tel univers dois être passionnant...
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Message  Saber Dim 28 Déc - 8:30

Tu trouveras pas mal de détails là :

http://www.sden.org/-Ambre-.html

et là :

http://web.archive.org/web/20070207111239/www.roliste.com/jeu.jsp?id=21
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Message  Kanshy Sam 3 Jan - 14:35

Merci merci saber.^^ j'y cour!!
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Message  J Le Fou Mar 6 Jan - 18:08

Pourquoi c'est devenu un post-it?

Bon... Alors voila la suite que j'avais écrit, c'est un peu moins bien je pense, je n'ai jamais été à l'aise avec le "vas-y que je te raconte ma vie en 5 min et que j'émaille ça d'anecdotes"...

II Zeppelin, piano et créatures d’Outre-Monde



Quel était donc mon plus vieux souvenir ! Je réfléchis un instant en buvant un peu de thé puis je repris lentement.
« Mon plus vieux souvenir… Un tour de zeppelin avec Lady Ambearge, je devais n’avoir que trois ans… Je me rappelle ces gens, cette ville vue de haut… Ils me parurent pour la première fois si insignifiants… Je crois que cette pensée m’a terrifié, je me suis blotti dans les bras de Lady Ambearge. A l’époque, je pensais qu’elle était encore ma mère… »
Mon souvenir d’enfance sembla l’émouvoir. Était-ce un regret que je voyais dans ses yeux. En y réfléchissant, c’était une réaction toute maternelle. Elle secoua légèrement la tête et repris un air plus détaché.
« Quand as-tu appris que tu n’étais pas son fils, me demanda-t-elle.
_ J’avais six ans. Je surpris une conversation entre elle et Sir Ambearge. Cela ne m’a pas vraiment étonné. Ils étaient blonds, ainsi que mon frère et ma sœur, je faisais un peu sombre dans le tableau. Je ne leur ai jamais dit que je savais. On ne se voit plus beaucoup de toute façon…
_ Dommage ce sont des gens charmants. »
Elle avait l’air songeur, je ne savais pas si elle m’écoutait vraiment mais je continuais tout de même.
« J’imagine bien que vous ne m’ayez pas confié à n’importe qui. J’ai d’ailleurs eu une très bonne éducation : Littérature, sciences, équitation, escrime, piano…
_ Oh, tu sais donc en jouer… »
Elle tournait la tête. Je suivis son regard qui se portait sur le piano laqué de noir qui trônait à coté de mon lit.
« Bien sur… Je ne suis pas un virtuose mais je me débrouille. Voulez-vous que j’en joue pendant la suite de mon récit ?
_Avec plaisir… »
Je me levais et me dirigeais vers le piano. Je commençais une petite fugue virevoltante. Je jouais doucement pour ne pas avoir à trop hausser la voix.
Le jour commençait à se lever et à éclairer ma chambre. Elle se leva et tira les rideaux. Puis, d’un petit geste de la main droite, elle alluma quelques bougies.
« Nous serrons plus tranquille sans la distraction du monde extérieur, me dit-elle en se rasseyant, mais poursuis ton histoire. Quand as-tu commencé à douter de ton appartenance à ce monde ? A ton adolescence ? »
Tout en continuant à jouer, je l’observais. Elle en savait beaucoup sur ma personne, plus que ce qu’elle voulait laisser transparaître.
« Vers mes quatorze ans… J’étais déjà plus fort que mes professeurs dans la plupart des domaines. C’est aussi à ce moment que pour la première fois je vis de la peur dans les yeux de Lady Ambearge, alors que je défaisais notre maître d’arme… Peu après j’ai rencontré Gills.
_Gills ? »
Elle feignait la surprise, je le su rien qu’au ton de sa voix. Je continuais à jouer un instant sans lui répondre puis je mis fin à mon morceau. Je fis lentement tourner mon tabouret pour lui faire face.
« Cette comédie est inutile. Votre réaction a été bien trop vive. Vous le connaissez n’est-ce pas ?
_ En effet, le nier serait mentir, me dit-elle d’un air distant.
_ Ma rencontre avec lui était votre œuvre… Si vous connaissez déjà ma vie, pourquoi voulez-vous que je vous la raconte ? »
Ces deux yeux verts me fixaient. J’avais peut-être prononcé ma dernière phrase d’un ton un peu trop brusque. Son air me fit froid dans le dos. Mais après un instant elle se radoucit.
« Je veux que tu me racontes comment tu as vécu tous ça. J’ai les faits mais pas tes impressions… »
Curiosité maternelle ? Je ne saurais le dire… Mais ce qui est sur, c’est que je ne pouvais m’empêcher de combler son désir d’informations. Un sort ? Peut-être. Mais ça devait être autre chose. Le devoir filial ?
«C’était au printemps. Nous étions pour les vacances dans la demeure familiale des forêts de l’Ouest. J’étais parti seul faire une longue chevauchée dans les bois. J’avais pris de quoi pique-niquer et la journée s’était déroulée dans la quiétude. Quand je vis le soleil commencer à décroître, je décidais de rentrer au manoir.
Tout d’un coup j’eus un pressentiment lugubre et je n’eus que le temps de sauter de cheval avant que ce dernier ne s’écroule, consumé. Une sombre créature de trois mètres de haut à l’aspect fantomatique venait de déverser son souffle de flammes noires sur ma monture et l’avait achevée sur le coup. Je n’avais jamais rien vu de tel. J’essayais tant bien que mal d’éviter ses griffes et son souffle mortel. Mon épée ne lui faisait pas grand mal. Je croyais que mon heure avait sonné. Puis je remarquais un vieil homme qui nous observait adossé à un arbre. On aurait dit un vieux loup de mer. Un pantalon de toile solide, un pull à rayure blanc et bleu, un cardigan et une casquette de capitaine. Le tableau était complété par une pipe qu’il fumait tranquillement. Je me rappelle m’être demandé ce qu’il faisait échoué ici alors que la mer la plus proche était à des miles.
Mon attention se reporta vite sur mon adversaire qui commençait à fatiguer. Je réussis à lui planter ma rapière à l’emplacement du cœur chez un homme, lui souhaitant de brûler en enfer et un torrent de feu s’abattit sur lui. Je savais que ça venait de moi mais je ne savais pas comment. Après avoir repris mon souffle je vis que le vieux flibustier avait disparu…
Le retour à pied fut relativement long. C’était déjà le milieu de la nuit, je fis un détour aux cuisines pour un en-cas et l’homme m’y attendait.
A croire que toutes mes rencontres décisives se font de nuit…
Il me regardait de ses yeux bleu azur. « C’était une créature d’Outre-Monde… » me dit-il. Quand je lui ai demandé qui il était, il me répondit en souriant qu’il s’appelait Gills et qu’il était un ami de ma Mère… Je me rends compte maintenant que je m’étais fourvoyé… Il parlait de vous n’est-ce pas, et non pas de Lady Ambearge… _Je la vis sourire, mais je ne pus m’arrêter pour attendre sa réponse_ Il devait avoir une soixantaine d’année et avait l’air de revenir d’un périple sur les sept mers. J’eus du mal à croire qu’il était l’amie de ma supposée mère, mais je lui laissais le bénéfice du doute. Je m’assis à ses cotés et nous avons commencé à bavarder. Il m’expliqua qu’il était sorcier et me fit quelques tours mineurs pour me le prouver. Son langage était des plus orduriers. »
Je repris mon souffle. Ma tirade s’était fait d’un seul jet… Je fixais Fiona, elle me souriait.
« Bien, tu te décides enfin à tout me raconter sans concession…
_J’ai l’impression que vous n’êtes pas étrangère à mon nouvel état d’esprit. »
Elle éclata de rire.
« Tu es très perspicace, c’est une compulsion.
Tu es au courant maintenant, il est inutile de rechigner à me raconter ta vie. Mais tu peux me résumer le reste à partir de maintenant. Tu m’as déjà confirmé que tu avais appris la magie avec une grande facilité. »
Elle dirigeait la valse je ne pouvais que m’incliner.
« En six ans, j’ai appris tout ce que Gills pouvait m’apprendre sur la sorcellerie et la conjuration. Mais aussi dans des domaines plus… terre-à-terre, comme la navigation et la médecine. J’ai créé Silkies à la fin de mon apprentissage. Gills fut très impressionné par mon œuvre. Je ne l’ai pas revu depuis. Il travaillait de temps en temps pour l’armée de la Reine, je fais de même depuis mon emménagement ici il y a trois ans. Cela me laisse beaucoup de temps libre pour fréquenter la société qui gravite autour de monsieur Wilde. »
Elle sourit à l’évocation du nom de mon ami.
« Vous le connaissez ?
_Pas lui exactement, mais des ombres de lui-même. Je connais son œuvre. Elle fait partie des classiques sur ombre-terre… C’est bien tu as comblé ma curiosité, à moi de combler la tienne. Viens t’asseoir prés de moi… »
Je m’écartais donc du piano, et vins m’installer à l’autre bout de mon bureau de frêne.
Son histoire me captiva pendant les deux jours à venir et nos seuls contacts avec le monde extérieur furent les encas de Beth…
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Message  Butcher Mar 6 Jan - 18:34

Parceque c'est bien écrit et que j'avais envie de le mettre en valeur. Smile
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