Mais que sont-ils devenus ?

Des réfugiés à perte de vue, marchant au pas sur la rude route menant à Solace. Ils avançaient la tête basse, le dos courbé, lassés d’avoir marcher toute la nuit. Le lever du soleil avait été un bien maigre réconfort pour ces gens qui avaient tout perdu. Leur habitation, leur travail et pour beaucoup des membres de leur famille.
Bien sûr, pour lui c’était différent. Sa vraie famille, il ne l’avait jamais connue. Abandonné dès son jeune âge, il avait rejoint les bandes de gosses miséreux infestant les faubourgs de Davos. Sa famille était sa bande à lui et par chance cette nuit n’avait pas prélevé son lot de chagrin dans ses rangs. La seule perte notable était la blessure de Tamie. Un gros bourgeois ventripotent l’avait bousculée dans la cohue vers la Porte des Embruns et la fillette s’était foulé la cheville. Elle somnolait actuellement sur le dos du Gros qui l’avait porté durant toute la nuit.
Gabo se tourna vers ses autres frères et sœurs. Ils étaient tous fatigués et beaucoup traînaient des pieds. Solace n’était plus loin. Ils feraient une pause là-bas. Ils se paieraient des chambres dans une auberge avec l’argent qu’ils avaient pu sauver.
Une charrette tenta de les dépasser sur la gauche. Gabo fit ranger les siens sur le côté. Lorsqu’elle les dépassa, il reconnut l’un des passagers. C’était ce vieux gnome qui fabriquait des jouets un peu magiques. Il savait que c’était un vieux filou. Plein de types louches venaient chez lui, surtout tard le soir. Mais les gosses l’aimaient bien. Il leur fabriquait toujours des petits jeux chaque fois qu’ils venaient le voir.
Gabo était content qu’il s’en soit sorti lui aussi.
Par contre, il était inquiet pour un autre de ses amis. Un jeune homme qui avait beaucoup compté pour lui et sa bande. Il était dragon noir et sa fonction l’avait sûrement obligé à combattre jusqu’au bout. Gabo pensait que peu de dragons noirs avaient du s’en sortir vivant de ce cataclysme qui avait rasé Davos.
Pour l’instant, il n’en avait pas parlé aux autres. Il attendrait le bon moment. Il craignait surtout pour les plus petits qui l’aimaient beaucoup, surtout pour les histoires extraordinaires qu’il leur racontait …