par une belle matinée d'orage !!!

6h du matin, Davos, Quartier du Port,

Transi de froid dans son large manteau noir, Corwin attendait que ses hommes sortent le cadavre qui flottait dans les eaux du port. Il se tenait sur un ponton en bois, trempé jusqu’aux os par la pluie torrentielle qui tombait depuis plusieurs heures. Au loin, des éclairs déchiraient le ciel au-dessus de l’océan et rendaient encore plus menaçantes les hautes silhouettes des navires marchands, amarrés au ponton où il se trouvait.
Trois miliciens avaient investi une chaloupe et tentaient d’attraper le corps avec une gaffe. Corwin doutait qu’ils y arrivent. Le quatrième présent au départ dans l’embarcation, était déjà tombé à l’eau et essayait tant bien que mal de regagner le bord du quai. Corwin ne les aiderait pas. Ces imbéciles n’avaient qu’à se débrouiller tous seuls. Il n’allait pas se mouiller pour le cadavre boursouflé d’un marin ivre mort qui était tombé à l’eau après une nuit de beuverie dans les bouges malfamés du Quartier du Port. D’ailleurs, leur sergent semblait d’accord avec lui. Il s’était assis sur un tonneau et observait la manœuvre.
Corwin n’a pas attendu longtemps avant qu’un autre tombe à l’eau. Cet idiot avait perdu l’équilibre et en essayant de se rattraper avait entraîné ses camarades avec lui dans la flotte. Corwin se mis à soupirer bruyamment. Il en avait vraiment marre. Il avait patrouillé toute la nuit. Il était trempé, il avait froid et faim. Il n’avait qu’une seule envie, rentrer au bercail, boire un bon grog et prendre un bain bouillant. Mais il doutait fort que ce soit pour tout de suite. Il en avait sûrement pour plusieurs heures.
Ces imbéciles de miliciens avaient changé de tactiques. Ils avaient décidé que quitte à être mouillés, autant ramener le corps à la nage. Deux d’entre eux revenaient vers le bord, tirant le corps avec une main tandis que le troisième essayait de remonter dans la barque, histoire, peut-être, de la ramener vers le ponton.
Arrivés à bon port avec leur paquet, les miliciens se firent aider de leurs collègues restés au sec et hissèrent le cadavre sur le quai.
Corwin s’approcha du cadavre, suivi de près par le sergent. Le noyé était loin de ressembler à un marin. Il était jeune. Une vingtaine d’années, guère plus. Bien habillé. Les cheveux courts. En plus, il ne séjournait dans l’eau que depuis quelques heures.
L’enquêteur s’accroupit et commençant à le fouiller. Il avait encore sa bourse. Étrange. Il trouva aussi un mouchoir en soie correctement plié. Corwin l’examina de plus près et vit les initiales A.L. brodées dans le tissu. Il le passa au sergent qui se tenait debout derrière lui. Celui-ci le regarda et lui rendit en haussant les épaules.
Corwin continuant ses investigations, trouva un objet dur sous la chemise du jeune homme. Il la déchira et se saisit du médaillon. Reconnaissant l’emblème gravé dessus, il grogna. Ses affaires ne s’arrangeaient pas. Il était sûr maintenant qu’il n’irait pas se coucher avant plusieurs heures.
Il se leva en gardant la main refermer sur le médaillon et se tourna vers son sergent. « Prends quatre gars pour porter le corps. On l’emmène chez le boss. Julian voudra sûrement l’examiner. Et dis aux autres de rentrer chez eux. Et qu’ils ont intérêt à oublier ce qu’ils ont vu aujourd’hui. Ok ?» Le sergent lui fit un petit signe d’assentiment de la tête et partit parler aux miliciens.
Il pleuvait toujours lorsqu’ils quittèrent les quais. Corwin ouvrant la marche, suivi par quatre miliciens poussant une charrette à bras recouverte d’une couverture, cachant leur sinistre passager …