Conséquences

C'était le matin, à la guilde de San Marcos. Amalric Molinaro émergeait péniblement des brumes mêlées du rêve et de l'alcool. Le soleil du début de matinée éclairait la petite chambre qu'il occupait, à la guilde.
Il avait à peine ouvert les yeux qu'on frappa à sa porte.

- Señor Molinaro ? Des gens de la milice veulent vous voir. Voudriez-vous m'ouvrir ?

C'était la voix d'Eduardo Monteveda, dirigeant de la guilde. Il paraissait quelque peu agacé.

Ah, Amalric s'éveillait péniblement d'un rêve très flatteur ou il avait sauvé la ville de l'immonde bête qui la terrorisait. Il avait su grâce à son courage et à sa pugnacité terrasser la chauve souris mangeuse d'hommes et suceuse de sang qui affligeait la ville.

Le combat final c'était passé dans la cathédrale et bondissant de lustre en lustre, il avait réussi à empaler la bête avec l'immense croix vaticine de l'autel. A l'issu du combat la cathédrale avait brulée et ses compagnons étaient morts...mais après tout qui s'en soucie, ce n'était que des seconds rôles.

Émergeant de son lit, il lâcha, avec son éloquence coutumière :

-"Gnein !?"

Enfilant rapidement un masque de rechange taillé dans son ancienne chemise, il allait ouvrir, quand il réalisa qu'il serait de bon ton d'enfiler aussi un pantalon.

Ceci fait, il ouvrit la porte.

-"Messire Monteveda, qu'est ce qu'il me vaux l'honneur ?"

Le petit homme qui dirigeait la guilde de San Marcos sembla prendre sur lui.

- Des-gens-de-la milice, articula-t-il lentement. L'alcade Diego Sanches voudrait vous voir.

Monteveda soupira.

- Qu'avez-vous encore fait ?

-"Vous voulez dire à part sauver l'évêque et la ville en mettant en fuite un puissant sorcier, tout en restant dans l'ombre afin de ne pas causer de panique?"

Amalric s'appuyant sur le chambranle de la porte, marqua un temps mort afin de réfléchir.

-"Maintenant que vous en parlez... Je crois que je me suis peut être fait interpeller par la milice avant d'arriver à la cathédrale."

Devant le regard sombre du maitre de guilde, qui s'assombrissait de plus en plus, Amalric repris plus hésitant.

-"Et il s'est éventuellement avéré que peut être je me sois mis à courir d'une façon qui puisse rappeler une sorte de fuite. Mais c'était définitivement pour arriver à temps chez l'évêque et pas du tout pour les semer".

Un sourire gêné se peignit sur le visage d'Amalric.

-"Et je crois qu'il y a autre chose, vous allez rire, il se trouve que j'étais en train de croiser le fer avec un quidam d'une façon qui pourrait rappeler un duel à mort non autorisé. Mais il s'agissait totalement d'un entrainement nocturne un peu virile."

S'en suivi un petit rire qui mourut vite de solitude. Et Amalric repris.

-"Oh et une dernière chose me revient, il se pourrait que je les ais traités "d'incompétents et d'inutiles miliciens", à moins que j'eusse usé du qualificatif ineptes je ne suis plus très sur. Et par inadvertance il se pourrait bien que je leur ai donné mon nom, avant de me rendre chez l'évêque..."

Amalric ne regardait plus le petit homme dans les yeux et faisait mine d'être très absorbé par les lignes que dessinai le plancher.

-"Mais laissé moi remédier à tout cela, je vais aller discuter avec eux et tirer tout cela au fer... je veux dire au clair. Tout sera oublié à la fin de la journée."

Le petit homme passa la main sur son front. Il resta ainsi quelques instant, avant de lâcher, d'une voix sourde :

- Nous aurons une longue discussion, señor Molinaro. Une très longue discussion.

Il releva la tête et fixa l'homme masqué dans les yeux.

- En attendant, ne faites pas attendre l'alcade Sanches. Il est dans la salle des trophées avec ses hommes.

Une volée d'escaliers et un couloir plus tard, Amalric arrivait dans une salle des trophées vide, à l'exception d'un homme mal habillé et mal rasé aux cheveux blancs noués en catogan et de six hommes d'armes.
Quand il vit le duelliste, ses yeux s'étrécirent et il lâcha :

- Molinaro, je présume ?

Non je suis le Hiérophante inepte imbécile.

Suivi tout de suite de :

J'espère que je n'ai pas dit ça tout haut...

Il regarda un court instant Sanchez pour s'en assurer, une fois rasséréné il répondit en regardant l'alcades droit dans les yeux.

Et vous devez être l'alcade Sanches. Je ne vous propose pas de vous assoir vous devez être pressé. Après tout c'est un travail très prenant que vous avez... Laisser les spadassins faire son propre travail mieux que soi, pour les interpeller ensuite... Je suis sur que c'est le travail de toute une vie?

Bon j'aimerais beaucoup continuer à tailler le bout de gras, mais je suis sur que nous avons tout deux des choses plus importantes à faire... Enfin moi en tout cas j'en ai.

Amalric savait que le señor Monteveda serait fier de lui, il n'avait pas fait attendre l'alcade...

Au fait vous n'auriez pas retrouvé un masque rouge à tout hasard?

L'alcade semblait contenir de moins en moins sa colère.

- Mon "travail", comme vous dites, consiste à mettre sous les verrous les gens comme vous, qui agressent des gens en pleine rue, qui insultent les représentants de la loi et qui s'enfuient, tels des lâches ! s'exclama-t-il.

Il s'interrompit un instant, le temps de retrouver ses mots.

- Cela n'aurait été que des insultes, vous n'auriez eu qu'une amende... Mais ce duel... Je pense que je vais me faire un plaisir de vous balancer dans un trou et de vous y voir pourrir !