La rose des vents
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Message  Zeldorn Ven 19 Déc - 8:01

Quelques notes de Jazz

Jaz a les yeux qui picotent. Il n’a pas compté les heures passées à suivre Kros dans son laboratoire. Autant impatient d’être guéri du mal qui le ronge que passionné par ce qu’il apprend en observant le Maître, il a laissé filé la nuit et voilà que maintenant il tombe de sommeil. Comme souvent dans ces moments de grande fatigue, son esprit s’élève vers ses souvenirs…
Baillant à tout rompre, il se lève de son tabouret d’observation, pour le décaler vers un coin de table dégagé. On aurait pu croire qu’il y poserait ses bras en guise de coussin afin d’y cacher son visage et dormir du sommeil du juste, mais non, il fouille sa besace et en sort son matériel de calligraphie. Choisissant avec soin un parchemin vierge, le voilà les yeux vagues, préparant ses mots alors qu’il taille machinalement sa plume. En passant derrière lui, voilà ce qu’un curieux pourrait lire :

Madone,

Il ne se passe pas un jour depuis mon départ ou je ne pense à vous. Vous êtes l’inspiration de mon voyage, le but de mon initiation. De ce jour ou sans un mot vous me révélâmes ma destiné, je garde un souvenir ému. Sachez que mes études restent assidues, malgré les longues heures de voyages et la fatigue de la marche. Vous me fîtes comprendre, en inspirant mes pensées à quel point mon apprentissage devait rester secret, et je me suis efforcé de garder par de vers moi mes progrès dans l’Art. Je dois vous avouer Madone qu’il me fallut pourtant rompre ma discrétion… Laissez moi vous en narrer la raison.

Il y a quelques jours je fit escale dans la ville très cosmopolite de Krugenheim. Quel ne fut pas mon désarroi quand on me recruta manu militari pour en défendre les murs ! La cohue fut telle que je ne compris que bien tard la raison de cette mobilisation. Une horde gobeline s’abattait sur la ville et nous devions la repousser ! Oh, Madone ! Pardonnez ma couardise, mais je ne suis pas un combattant. Je restais donc en retrait autant que faire ce peut, évitant par là-même d’être contraint à utiliser notre Art…
Victorieuse, la ville festoya et j’en restais à l’écart, car j’en ai honte, Madone, mais nombreuses étaient les donzelles et celles-ci me mettaient mal à l’aise. Depuis ma dernière lettre, ce point n’a pas évolué, j’en suis fort ennuyé.

Toujours est-il que mes malheurs ne se finirent pas là ! Dans la nuit de fête, alors que je me reposais de l’éprouvante journée, un étrange agresseur vint m’entailler le bras, laissant s’insinuer un poison des plus malsain dans mon être. Dès lors mon repos était troublé de rêves horribles, de visions de cauchemars ! Et mon corps, meurtri aussi par l’immondice en mon sang, devait se retrouver affaibli par la même occasion. C’est dans ce piètre état que j’en vint à quémander l’aide d’un puissant mage, Maître Kros. Il m’informa, à ma grande surprise que je n’étais pas le seul maudit par le poison et qu’il était en mesure de nous soigner tous !
Mais pour ce faire, il lui faillait un ingrédient des plus étranges, peut être la source même de l’infection et c’est dans ce but qu’il réunit tous les infectés.
Vous effrayerez vous, Madone si je vous confesse l’objet exact de notre quête ? J’en tremble encore de par l’horreur que nous fûmes obligés de combattre pour accomplir notre aventure.

Une malepierre !! Oui, Madone, un objet de pur Chaos, la corruption même. Je ne doute pas que vous sauriez en combattre les effets, j’ai le fol espoir qu’un jour, moi-même je saurais en user des effets. Mais ce jour, Madone, c’est la peur au ventre que je m’engageai dans la forêt avec mes compagnons de fortune : un guerrier nain, une forestière elfe, un jeune adolescent, habile au fleuret, un humain, vaillant combattant et habile guérisseur et pour finir un prêtre de Rhya. Nous fûmes bientôt rejoint par une seconde Elfe, résidente de la forêt, inquiète de la perversion que la malepierre pouvait faire subir aux arbres. Saviez vous que les Elfes se déplacent de branche en branche ? Parlent-ils vraiment aux arbres ? En tout cas, elles sont d’une rare beauté, j’en suis encore troublé dans mes songes.

Je ne vous cache pas que je fut rassuré de voyager accompagné au travers de cette sombre forêt. Car, non sans peine, nous arrivâmes à la source du mal, dans une grotte vouée à l’odieux culte de Tzeench. Je pus ressentir toute la puissance perverse du Chaos qui imprégnait les lieux. J’ai beaucoup pensé à vous, Madone, qui m’avez fait découvrir le goût subtil de la tentation. Car tout n’est que tentation ! Tzeench, malgré ses rituels sanglants et horrifiant, a tenté chacun d’entre nous. Malgré l’effroi, chacun a pénétré l’antre, armé de sa seule foi en sa propre existence. Mais avouons le à nos cœurs, une sombre fascination exerçait sur nous son emprise.
Toujours est-il qu’après nombre embûches, mes compagnons et moi-même accédèrent à la pierre convoitée, gardée au cou d’un guerrier du Chaos. C’était l’homme le plus grand et le plus fort que j’ai jamais vu. Son armure et son arme semblaient des extensions de lui-même ! Au moment ou je vous écris, je n’ose m’assoupir de peur qu’il revienne hanter mes cauchemars. Nous voyant, il nous défia et, appellent deux terribles sbires du Chaos, entrepris de nous occire propre et bien.
Je devine un sourire à la lecture de mes mots, car je n’en doute pas, vous vous souvenez de notre nombre conséquent ! Pourtant, je vous l’assure, le combat fût âpre et mortel… certains de mes compagnons et moi-même furent blessés au combat. Je sais que je ne suis pas l’homme le plus courageux que l’Empire ait connu, je vous confesse ma couardise, vous qui lisez en mon cœur et à qui je ne cache aucune de mes faiblesses. La blessure me procura une atroce douleur, heurtant ma chaire et faisant vaciller mon esprit. Je vis la mort, m’appeler de son sourire narquois et j’ai bien cru mouiller mes chausses tant la terreur était à son comble dans mon esprit tourmenté. Mais, encouragé par la force morale de mes compagnons, je fit front, usant de mes pouvoirs pour vaincre le terrible ennemi.
J’ai beaucoup appris en ces quelques minutes de folie combative. Assurément le danger et la mort imminente sont de bons enseignants… Je maîtrise mieux aujourd’hui mes pouvoirs et surtout en connaît leurs limites. Ma plus grande peur était de provoquer l’inquiétude de mes compagnons, voir pire. Mais ceux-ci ne semblèrent pas s’émouvoir de me voir user d’arcanes. Madone, est-ce là un signe que mon destin de magicien est tracé et que je peux alors me révéler au monde ? Ou bien, j’ai à faire à de solides aventuriers, qui ne s’émeuvent pas de l’incroyable ? Je le concède, mes piètres pouvoirs durent passer inaperçus en comparaison des immondices que nous croisâmes dans la grotte du culte de Tzeench…

Merci Madone de continuer à me guider. De vous écrire ainsi, je ne doute pas que vous me visiterez en songe et saurez me guider vers la voie qui est la mienne.

Eternellement Votre,

Jason.



Epuisé, le jeune apprenti plia soigneusement la lettre et la cacheta avant de la remettre dans sa besace. Qui sait s’il la postera un jour…
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Message  Zeldorn Ven 30 Jan - 9:21

en partant de Karak Kadrin

Malgré le cahot de la route, Jaz a sorti sa plume et un parchemin. Il prend appuie sur ses genoux et entreprend de rédiger sa lettre. Drôle de manie me direz-vous… Qui serait curieux pourrait peut être lire par-dessus son épaule ou pire, fouiller son sac pour s’informer de sa mystérieuse correspondance….

Madone,

Trop de temps se sont passé depuis ma dernière lettre et je souffrais de ne pouvoir m’épancher à vous écrire. Il me tarde d’ailleurs de pouvoir vous revoir, même si je sais que seule vous décidez de me visiter.

Sachez que mon exploration des Vents de magie progresse, je sens que je perçois de mieux en mieux le vent qui s’est offert à moi… Plus j’avance en pratique et plus je distingue sa couleur grise
Mes compagnons de route m’ont accepté tel que je suis, un mage en devenir. Je suis surpris et perplexe Madone, car j’avais le sentiment profond que je devais garder par de vers moi ma pratique de l’Art, mais mes compagnons semblent eux ravi de me voir utiliser mes pouvoirs !
Que faire alors, Madone, rester discret ou m’affirmer ? Nul doute que dans ce cas je devrais rejoindre un collège de magie et j’ai peur que faire cela vous vexe, vous qui êtes mon inspiration, mon mentor depuis de nombreux mois déjà !

Et puis a qui confirais-je mes doutes, mes instincts qui me déroutent ? Permettez-moi, Madone, de vous en conter un qui me perturbe… Lors de mon périple avec mes compagnons de route, nous nous sommes retrouvés en mauvaise posture face à une créature des plus magnifique et terrible : un griffon !
Surmontant ma peur, j’ai pu aider les combattants grâce à l’Art de Aethyr. Tant et si bien que la créature s’est tourné vers moi pour me prendre à parti ! Il en a résulté une belle estafilade, qui, il y a quelques semaines encore m’aurait sûrement fait tourner de l’œil… Mais au contraire, la douleur ressentie fut comme une vague de plaisir étrange et pervers qui s’empara de moi ! Galvanisé par la chaleur du sang coulant de ma plaie, j’ai ressenti plus que jamais la puissance de ma magie se concentrer sur mon objectif : tuer, annihiler le griffon ! Jamais fléchette magique ne fut plus puissante que celle que je tirai à ce moment là. La déflagration eut raison de la bête et je me suis senti gorgé de puissance et de force !
Ce sentiment est si fort que même à l’instant ou je vous écris, je tremble du désir de recommencer… J’ai des visons de banquets et de plaisirs de chaire, tout ce pouvoir me trouble et m’enivre !

Je ne sais, Madone, je me perds, je me noie… Peut être qu’une formation collégiale permettrait à mon esprit de contrôler mes pulsions… Et me permettrais de ne pas être un hors la loi ? Je vous ai confié mon âme, Madone, guidez-moi…

Votre servant,
Jason.



Jaz redresse vivement la tête et cache sa lettre, comme si ces aveux à sa mystérieuse Madone le rendaient coupable aux yeux de ses compagnons…
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Message  Zeldorn Mar 10 Mar - 10:02

A peine arrivé à destination, Jaz s’était enfermé dans sa chambre, refusant de voir quiconque, prétextant une indisposition. A vrai dire, il était vraiment indisposé, sa vision changeait et il sentait affluer en lui de nouvelles ondes, des flux de magie qu’il ne saisissait pas. Tremblant, maîtrisant encore peu ses nouveautés, il prend sa plume pour écrire, comme un naufragé s’accrochant au rondin de bois qui lui maintient la tête hors de l’eau

« Madone,

J’ai peur, je ne sais pas ce qui m’arrive ! Je tremble, mes mains se crispent sur des vents de magie que je n’arrive pas à saisir. Je crois que ma vision du monde change, Madone, que je suis à l’orée d’un nouveau monde ! C’est ce que j’ai toujours voulu, et pourtant j’ai peur de ce qui va se passer… »


Il repousse un instant la lettre pour aller s’aliter, gémissant de douleur. S’il reste le plus souvent les yeux fermés à s’en fendre les paupières, il les ouvre par moment, pour suivre le courant d’une rivière invisible qui flotte devant lui. Fébrile, il se lève à nouveau se précipite sur sa plume.

« Je le vois ! Je le vois enfin, j’ai compris ce qu’il était !! Il m’offre tant de possibilités, tant de pouvoir à portée de main !! Par les Dieux et les puissants, Madone ! Je peux toucher ce pouvoir, l’utiliser et le plier à ma volonté ! Je sens ce vent né des ombres, j’entrevois les possibles, comme c’est grisant ! Comme vous avez eu raison de me guider vers cette voie… Je vais m’accomplir complètement en m’investissant dans cette magie grise, Madone, je vous en fais le serment. »

Il s’affale soudain la tête la première sur le parchemin encore inachevé et s’endors comme foudroyé par le sommeil.
On le retrouvera quelques heurs plus tard, peigné, lavé, en tenue de ville, un pourpoint d’un mauve sombre des chausses noires, assis à nouveau à la table, mains à plat sur le bois. Yeux fermés, il ne dort pas pourtant. Il médite, il réfléchit.
Puis, après une longue inspiration, il reprend sa plume et se penche à nouveau sur sa lettre.

« Le chemin, je l’ai vu, sera difficile, peut être mortel. L’euphorie est passée et déjà je vois qu’il me faut faire un choix. Jamais je ne pourrais maîtriser le vent gris dans son ensemble ! J’ai besoin de réfléchir, de peser les choix qui s’offrent à moi. J’ai compris aussi pourquoi malgré votre silence, je sais que je dois suivre votre voix plutôt que celle d’un collège officiel. J’en connais les dangers et je suis près à les assumer, pour votre gloire, Madone.
Je navigue dans les ombres, mais ne suis plus aveugle, grâce à vous.

Votre dévoué,
Jason »


Sur ces mots, il plie et cachette la lettre, la laissant sur la table alors qu’il se redresse, entendant des bruits dans l’auberge. Calme, il se dirige vers la porte pour s’enquérir de ses compagnons.
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