Promenade nocturne

Penelope allait répondre, quand on frappa à la porte.

- Doña Penelope ? Tout va bien ?

La jeune fille écarquilla les yeux.

- C'est ma duègne ! souffla-t-elle. Vite ! Sauvez-vous, monsieur de la Motte !

Mais, en-dessous du balcon, on pouvait entendre les gardes passer...

- Doña Penelope ? répéta-t-on derrière la porte. Je vais rentrer, ne vous effrayez pas.

La poignée de la porte tourna lentement.

Antoine paniqua. Il devait se trouver une cachette.
Le spadassin attrapa promptement son chapeau et ouvrit la fenêtre du balcon, prenant le risque de se faire repérer par les gardes. Puis une fois à l'extérieur, la referma comme il pu.
Plaqué comme il était contre le mur il pouvait aussi bien voir le jardin qu'entendre de manière diffuse la conversation à l'intérieur.

Les chances qu'il soit aperçu du jardin étaient faibles mais pas inexistantes... Antoine pestait intérieurement contre cette apparition importune mais il devait rester; un dernier détaille devait être demandé à la jeune noble.

En-bas, les gardes semblaient s'être arrêtés sous le balcon.

- Alors, ça va ta femme, Guillermo ?

- Toujours enceinte, tu sais bien.

- Ca t'en fait combien ?

- Cinq, je crois. Et j'en ai pas perdu un seul. C'est à croire que Theus les aime !

- Par les couilles du roi ! Quand je pense qu'on essaye toujours d'en faire un, avec Ximena...

La conversation ne semblait pas devoir se terminer de sitôt.

Antoine perçut un mouvement derrière lui.

- Et sur le balcon ? entendit-il dire la duègne.

Des pas venant de la chambre se firent plus proches.

Antoine n'avait que peu de solutions. Il se lança donc dans l'escalade du mur en espérant atteindre le balcon supérieur assez rapidement... et assez discrètement.
Autant dire que ce n'était pas gagné d'avance! Si il avait eu quelque chose à lancer il aurait au moins pu distraire les gardes...

"Théus ne va pas m'abandonner...", pensa intérieurement le jeune homme pour se redonner du courage.

Le jeune montaginois arriva bientôt sur le toit. Un toit en pente dont l'autre versant donnait sur la sortie du jardin. Apparemment, aucune patrouille n'y était présent à ce moment.

Par contre, on pouvait y voir deux chiens de grande taille endormis près de la grille de la propriété.

Sortir était un premier problème... avant de partir il se devait de poser une dernière question à la jeune noble. Ce n'était pas d'une importance cruciale mais Antoine détestait ne pas pouvoir terminer ce qui avait commencé. Il se mit donc à surveiller le balcon, prêt à revenir dès qu'elle serait à nouveau seule.

En se penchant vers le balcon, Antoine put entendre :

- Je me sentirais plus rassurée en dormant dans votre chambre, ce soir. Allez, au lit !

Apparemment, la duègne n'allait pas partir tout de suite...

C'est bien dommage, pensa Antoine, j'aurais préféré qu'elle choisisse elle-même son nom pour l'inscription à l'université...

Il ne lui restait plus qu'à ressortir.
Le spadassin inspecta donc les alentours de son poste d'observation histoire de savoir où en étaient les gardes dans leur ronde.

Apparemment, ils semblaient s'être déplacés vers les jardins, loin de l'entrée. Restait le problème des chiens...

Passer par les chiens est exclu... même le plus mal dressé des cabots reste vigilant...
La garde, depuis la disparition de leur chef, semble totalement anarchique, ce qui n'arrange rien. Mais n'ayant aucun supérieur actuellement, le laisser-aller ambiant rend plus simple toute infiltration.

Suite à cette analyse de la situation, Antoine se dirigea le plus près possible d'un des murs extérieurs, passant de toit en toit.

Antoine descendit précautionneusement du toit du manoir. Arrivé sur le rebord, il regarda à l'opposé du portail principal. Le grand jardin de la famille Ontiveros s'étendait loin devant lui, seulement limité par un mur épais de la hauteur de deux hommes.
Mais, plus près de lui, se dressait un arbre de taille respectable. Sans y réfléchir à deux fois, le jeune montaginois se lança dans sa direction. S'accrochant aux branches, il réussit à se hisser à la hauteur du mur du jardin. Perché au-dessus des gardes, il n'eut qu'à attendre que ces derniers s'éloignent pour s'enfoncer dans le jardin, escalader le mur et sortir de la propriété.

Tournant le dos au mur, il ne vit pas un visage blanc et grimaçant apparaître dans un des buissons qui le longeaient.

HRP : Ca te va comme conclusion ?