Hopital San Ramon

Bastien Sardois avançait silencieusement, les mains jointes couvertes par les amples manches blanches de sa tunique dans le couloir, baigné d'une douce lumière matinale.

Père Cecilio Vasquez de Soldano avait accepté de le rencontrer pour lui parler des personnages influents d'Altamira et discuter théologie, en appréciant le gout d'un thé parfumé. Bastien appréciait la sagesse du vieil homme et sa simplicité.

Ses pas résonnait dans le hall, quand il entendit des éclats de voix masculine et des insultes :
- "Catin, ne peux-tu donc faire attention !"
Arrivé près de la chambre d'où provenait la voix, Bastien s'arrêta devant la porte ouverte.
Un grand type barbu portant les couleurs de la ville, un bandage autour de l'épaule, secouait de son autre bras une jeune infirmière. Sous l'aggressivité de la brute, elle avait laissé tomber son plateau de matériel médical.

Remarquant l'ombre de Bastien sur le sol, le soldat blessé s'arrêta pour dévisager l'intrus. Un air de défi s'installa sur la face du garde.
- "Hé ben quoi ? Qu'est-ce que tu veux ? Cette garce incompétente me soigne pire qu'un chien." rugit-il en secouant de plus belle la jeune femme en sanglots. Elle tentait de s'excuser, mais ses pleurs rendaient ses excuses inaudibles.
- "Excuse toi veux-tu ! ALLEZ ! On entend rien !" beugla-t-il en approchant son oreille de l'infirmière effrayée.

- Je m'excuse ! Je m'excuse ! cria la jeune nonne.

L'homme se rapprocha d'elle, lui soufflant son haleine avinée au visage. Il était torse nu et son épaule bandée semblait suggérer qu'il avait été blessé lors d'une rixe de taverne.

- J'ai peut-être une idée pour te faire pardonner...

Soudain l'ombre sur le seuil disparut et, ébloui par la vive lumière provenant du couloir, la brute ne put réagir à l'assaut rapide et félin de l'ancien prêtre, maintenant revenu à sa place sur le seuil de la chambre.

Le soldat ivre cligna des yeux. Il n'était même pas sûr que Bastien ait bougé. Ayant soudainement du mal à déglutir, il porta sa main à son cou et remarqua qu'un flot de sang en jaillissait. Le garde se sentait plus léger, sa vision se troubla et il vacilla contre le mur. L'air ne venait plus.

L'infirmière poussa un hurlement et s'enfuit, libérée de l'étreinte de l'ivrogne. Elle se heurta à Bastien, qui se poussa pour la laisser passer. A contre jour, le brute ne parvint pas à distinguer les traits du visage encapuchonné de son meurtrier. Il n'entendit que des paroles lointaines, alors que sa vie quittait son corps, venant du mortel personnage :
"Quand le chien s'attaque au troupeau, le berger se doit d'agir."
Se tournant, et en fermant la porte, Bastien ajouta comme à lui-même: "Repose en paix et que Theus ait pitié de ton âme."

Il sortit calmement par l'entrée principale se mêlant à la foule des miséreux venus réclamer l'aumone. Il était déjà loin quand la garde arriva en renfort sur les lieux.

[HRP : C'était juste un petit RP de présentation, donc ?]

- Quoi ? hurla le père Cecilio. Il a tué un homme dans l'hôpital ?

La nonne tenta timidement de parler.

- Il... il allait me violenter... je crois.

- C'est pour cela qu'il y a des gardes de l'Eglise ! tonna l'ecclésiastique. Il va m'entendre quand il reviendra !

[HRP: ouais en quelque sorte, c'était pour préciser le personnage, et puis Bastien n'allait pas laisser cet ivrogne abuser de cette nonne. Il protège les gens croyants et sincères, méprisant les grands pontes qui s'éloignent de la foi pour s'adonner aux jeux du pouvoir. Ces méthodes expéditives sont des restes de son enfance dans les bas-fond de Charousse.]

En marchant, pensivement, Bastien se glissa dans une étroite ruelle et, escaladant une façade décrépie, se hissa sur les toits. Observant la cité de son perchoir, il repensa à l'événement et se rappella les sermons de son ancien tuteur : "Ne sois pas trop prompt à dispenser la mort lorsqu'elle peut être évitée." Mais il n'aurait pas pu faire celui qui n'avait rien vu. Ce type n'avait pas de respect pour cette femme dévouée.

Les gardes viendront probablement fouiner à la Guilde, mais il n'avait donné ni son vrai nom, ni d'où il venait, ni montré entièrement son visage au Père Cecillio ou à la nonne. De toutes manières, il avait l'habitude d'échapper à la garde, et avait obtenus du Père Cecillio les renseignements qu'il lui fallait.